Les biocarburants critiqués pour leur impact sur la sécurité alimentaire et le climat
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Les biocarburants critiqués pour leur impact sur la sécurité alimentaire et le climat

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Dans un champ de colza utilisé pour l'huile et le biocarburant, à Saint-Philbert-sur-Risle (Eure), le 7 août 2023. Joël SAGET / AFP

Faire le plein de carburant « vert » à la pompe est de plus en plus une mauvaise idée. Les carburants à base de plantes, longtemps présentés comme un moyen de décarboner le secteur des transports, ont de nombreux impacts désormais bien documentés sur la sécurité alimentaire, l’environnement et les droits de l’homme. Tout d’abord, en détournant les cultures de leur utilisation alimentaire, puis en convertissant les terres qui servaient auparavant de puits de carbone, et enfin en augmentant le risque d’accaparement des terres dans les pays en développement.

Dans un rapport publié mercredi 11 septembre, l'ONG Oxfam appelle l'Union européenne (UE) à mettre fin aux politiques de soutien aux agrocarburants, et demande aux États membres de prendre des mesures pour abandonner l'utilisation d'agrocarburants issus de cultures agricoles.

En 2021, les pays européens ont utilisé 26 millions de tonnes de cultures vivrières et fourragères comme biocarburants, ce qui représente la production de 5,3 millions d’hectares de terres agricoles. À l’échelle mondiale, la demande est en hausse : 15 % des huiles végétales produites dans le monde sont aujourd’hui utilisées comme carburant. Selon les estimations d’Oxfam, la production mondiale de biocarburants, si elle était utilisée directement pour la consommation humaine, pourrait répondre aux besoins caloriques minimaux de 1,6 milliard de personnes.

Une estimation plutôt rhétorique puisque la plupart des cultures utilisées pour faire fonctionner les moteurs (soja, tournesol, etc.) servent avant tout à nourrir les animaux, mais qui donne une idée de l'ampleur des volumes en jeu alors que l'industrie des biocarburants se défend de concurrencer les besoins alimentaires. Alors que plus de 733 millions de personnes souffrent de la faim – soit plus de 9 % de la population mondiale – et que 2,3 milliards sont en situation d'insécurité alimentaire, l'impact des biocarburants doit être davantage pris en compte, estime l'ONG.

Volatilité des prix

Pour ce rapport, Oxfam s'est appuyé sur les travaux du statisticien Chris Malins, qui a étudié l'impact de la demande en biocarburants sur les prix alimentaires mondiaux et la volatilité des prix. L'association cite notamment l'exemple du doublement du prix de l'huile végétale entre fin 2020 et 2021, en partie lié à la croissance de la demande en huiles végétales hydrotraitées, un biodiesel de synthèse. Bien avant l'invasion de l'Ukraine par la Russie, qui a déstabilisé les marchés en 2022, les prix des matières premières alimentaires suivaient la même courbe que les prix de l'énergie.

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