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En Afrique, la résistance aux antimicrobiens dépasse désormais le paludisme, le VIH et la tuberculose comme principale cause de décès

En Afrique, la résistance aux antimicrobiens (RAM) est devenue une cause de mortalité plus importante que le paludisme, le VIH ou la tuberculose, qui étaient auparavant les trois principales causes de décès sur le continent. En 2019, la RAM a été associée à environ 55 000 décès dus au VIH et 30 000 décès dus au paludisme. Selon une étude publiée dans La Lancetteon estime qu’en 2019, la résistance bactérienne aux antimicrobiens a été responsable de 1,05 million de décès, dont 250 000 directement liés à cette résistance dans la région africaine de l’OMS.

Bien que la RAM soit une crise mondiale, c’est en Afrique subsaharienne que le fardeau est le plus lourd, avec 23,7 décès pour 100 000 habitants, contre 5 pour 100 000 en Amérique du Nord, par exemple. On observe également que les décès liés à la RAM continuent d’augmenter en Afrique subsaharienne, tandis que ceux liés au VIH/sida et au paludisme diminuent.

Bien que la RAM touche aussi bien les pays à revenu élevé que les pays à faible revenu, ces derniers sont ceux qui supportent le plus lourd fardeau.

Les réalités brutales de cette crise sont exposées dans un rapport historique publié en août 2024 par le CDC Afrique, une agence de santé publique de l’Union africaine (UA). L’UA a consulté un éventail d’experts en santé publique, en microbiologie et en médecine vétérinaire pour proposer une analyse africaine de cette menace.

Le rapport arrive à un moment stratégique : la semaine prochaine, l’Assemblée générale des Nations Unies (AGNU) tiendra sa deuxième réunion de haut niveau sur la RAM, dans le but de galvaniser une action urgente contre cette menace. La Lancette Ils plaident en faveur d’objectifs ambitieux à atteindre d’ici 2030 : ils exhortent les dirigeants mondiaux à réduire de 10 % la mortalité liée à la RAM, de 20 % l’utilisation inappropriée des antibiotiques chez l’homme et de 30 % leur utilisation chez les animaux.

L’urgence de la situation est indéniable, car le rapport prédit que la situation en Afrique pourrait s’aggraver de manière spectaculaire. D’ici 2050, la population africaine pourrait doubler et les décès liés à la RAM pourraient quadrupler, atteignant jusqu’à 4,1 millions par an.

En outre, les tendances macroéconomiques sur le continent, telles que le changement climatique, l’urbanisation (croissance de 3,5% par an d’ici 2050), l’économie largement agricole (17% du PIB de l’Afrique subsaharienne, avec une augmentation de 13% de la productivité agricole sur cinq ans), ainsi que la propagation des maladies zoonotiques (en hausse de 63% sur dix ans) contribueront à l’aggravation de la RAM.

Le rapport souligne la gravité de la situation en Afrique, où le fardeau de la RAM est particulièrement lourd en raison de la surutilisation des antibiotiques dans les soins de santé et l’agriculture, de mesures de prévention des infections inadéquates et d’un manque de systèmes de surveillance robustes. Le rapport de l’UA révèle des données alarmantes sur les schémas de résistance et met en évidence l’impact disproportionné sur les populations vulnérables, notamment les enfants et les personnes âgées.

La lutte contre la RAM nécessite des financements qui sont actuellement très insuffisants. On estime qu’une réponse efficace à la RAM en Afrique nécessiterait entre 2 et 6 milliards de dollars par an. Or, les financements actuels sont dix fois inférieurs à ceux consacrés à la lutte contre d’autres grandes maladies.

Le budget annuel estimé pour les plans d’action nationaux de lutte contre la RAM n’est que de 100 millions de dollars, soit entre 1 et 5 % des besoins.

Les investissements dans ce domaine auraient des effets positifs considérables. Par exemple, les efforts déployés dans les domaines de l’eau, de l’assainissement, de l’hygiène et de la prévention des infections pourraient réduire considérablement les infections et les décès dus aux maladies, tout en évitant potentiellement jusqu’à 20 % des décès liés à la RAM chaque année en Afrique.

En 2019, l’Afrique subsaharienne a été la région la plus touchée par la RAM, avec 23,7 décès pour 100 000 habitants et 255 000 décès attribués à la RAM.

L’un des points clés du rapport 2024 est l’appel à une réponse unifiée des nations africaines. Il appelle à renforcer les plans d’action nationaux, en les alignant sur la stratégie continentale de l’UA contre la RAM. Cela comprend l’amélioration des capacités des laboratoires, une meilleure collecte et un meilleur partage des données, et la promotion de programmes de gestion pour garantir l’utilisation rationnelle des antimicrobiens. Le rapport souligne également l’importance des campagnes d’éducation du public pour sensibiliser à la RAM et à ses conséquences.

Le rapport met également en avant des exemples de pays africains, comme le Malawi et le Kenya, qui ont déjà réalisé des progrès significatifs dans la lutte contre la RAM. Ces succès montrent que le continent peut s’appuyer sur les modèles existants et fournir des enseignements précieux aux autres pays qui doivent encore intensifier leurs efforts. Même s’il reste encore beaucoup à faire, ces exemples montrent que les pays africains ne partent pas de zéro.

Le rapport du CDC Afrique est un appel à l’action collective et souligne la nécessité d’une approche robuste et multidimensionnelle pour préserver l’efficacité des antimicrobiens pour les générations futures. « Si rien n’est fait pour y remédier », prévient le rapport, « la RAM plongera une grande partie de l’Afrique dans l’extrême pauvreté et entraînera des pertes annuelles massives du produit intérieur brut. »

 
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