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Un tas de neuvièmes

C’est le mal-aimé Justin Trudeau qui doit rire dans sa barbe. Alors que ses adversaires – et même certains membres discrets de son entourage – rêvent de le voir quitter la vie publique, laissant à quelqu’un d’autre le privilège de diriger les troupes libérales lors des prochaines élections fédérales, les Québécois s’arrachent les cheveux sur son avenir immédiat.

Le Bloc, le Parti québécois et la CAQ ont en effet des opinions divergentes sur le sujet.

D’abord, nous savons que depuis que le NPD a mis fin à l’entente avec les libéraux fédéraux qui lui permettait de rester au pouvoir, le gouvernement Trudeau flotte sur une mer incertaine. Il est minoritaire.

Les conservateurs, en tête des intentions de vote, veulent en profiter et déposeront une motion de censure contre le gouvernement la semaine prochaine. Mais pour « tirer la prise » du gouvernement Trudeau, ils ont besoin de l’appui de l’opposition.

Le chef du Bloc québécois a affirmé dès le départ qu’il n’appuierait pas cette motion. Mais dans une déclaration sensationnelle jeudi, François Legault a demandé au chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, de faire entendre raison à Yves-François Blanchet, afin qu’il n’appuie pas le gouvernement Trudeau la semaine prochaine.

Il a déclaré aux journalistes (à qui il ne parle pas souvent, à la manière de Poilievre) qu’il s’agissait de « défendre les intérêts des Québécois et ensuite de la nation québécoise ». Mais si les élections donnent le pouvoir aux conservateurs, rien n’est garanti pour les revendications du Québec, notamment en matière d’immigration, si chère à M. Legault. Qui sait, ce pourrait être pire !

En réalité, on ne sait pas grand-chose des positions de Pierre Poilievre sur autre chose que la taxe carbone.

Le Bloc, d’ailleurs, persiste et signe. Pour Blanchet, faire tomber le gouvernement équivaudrait à appuyer les conservateurs, un service qu’il refuse de leur rendre. Il espère aussi obtenir, en échange de son appui à Justin Trudeau, une prolongation de la hausse de la Sécurité de la vieillesse aux aînés de 65 à 74 ans, même si cela n’arrivera pas parce que le gouvernement n’en a pas les moyens.

Le premier ministre du Québec, François Legault, répond à l’opposition lors de la période des questions à l’Assemblée législative du Québec, le mardi 10 septembre 2024. (Jacques Boissinot/Canadian Press Archives)

De son côté, Paul St-Pierre Plamondon, du PQ, estime que la CAQ envoie le message aux conservateurs que le parti de François Legault est de leur côté. Rappelons qu’aux élections fédérales de 2021, François Legault avait donné son appui aux conservateurs fédéraux, au grand dam de la classe politique québécoise et à la stupéfaction des bénéficiaires de ces largesses.

Je suis convaincu qu’il y aura des élections avant l’échéance du 20 octobre 2025, ce n’est qu’une question de temps, et qu’elles seront gagnées par les conservateurs. Cette petite crise entre la CAQ, le PQ et le Bloc va se régler bientôt, mais d’ici là, ce que nous voyons n’est pas très beau à voir.

Qui parle au nom des Québécois à Ottawa? Le premier ministre du Québec ou le chef du Bloc québécois? Ou le premier ministre du Canada lorsqu’il est Québécois? C’est la question fondamentale.

Si on répond au premier ministre du Québec, on nous dira qu’il n’a rien à apporter à la politique fédérale. C’est de l’ingérence. Si on répond au chef du Bloc québécois, on ne peut que constater les limites de ses interventions, car le parti n’arrivera jamais au pouvoir. (Je suis de ceux qui croient que le Bloc n’a qu’une utilité limitée.)

Finalement, très peu oseraient dire que Justin Trudeau parle au nom des Québécois à Ottawa.

Le plus simple serait que Trudeau se retire rapidement dans l’intérêt supérieur du pays, ce qui permettrait au Parti libéral de choisir un nouveau chef et de faire campagne avant octobre 2025. Nous tournons la page et fermons la porte sur l’ère Trudeau, ce que souhaite une majorité de Canadiens.

Justin Trudeau a perdu son panache (même la BBC parle de ses déboires électoraux), a enseveli le pays sous un déficit et une dette extraordinaires, a perdu le contrôle de l’immigration et n’a pas été en mesure, malgré les milliards « investis », de résoudre la crise du logement au pays. Sans parler de toutes les autres. (Demandez aux Premières Nations si Justin Trudeau a tenu ses promesses.)

Oui, l’inflation est en baisse, tout comme les taux d’intérêt, mais ce n’est pas la seule chose à laquelle on peut attribuer la baisse. Ce sont les mesures judicieuses prises par la Banque du Canada qui ont fait la différence.

Dix ans au pouvoir, c’est long. Trop long peut-être, mais c’est notre système. Justin Trudeau est le problème numéro un des libéraux. Tout le monde le voit, le sait, sauf lui. Il ne tient bon pour rien. Son numéro est tiré au sort. Au suivant.

Soit les souverainistes le laissent rester en selle quelques mois – ce qui ne changerait rien –, soit ils lui coupent l’herbe sous les pieds tout de suite s’ils écoutent François Legault.

Rien de tout cela n’a beaucoup d’importance puisque la fin du film est connue de tous mais pour l’instant, nous avons l’air d’une bande d’idiots.

 
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