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Une écrivaine féministe met en garde contre les conséquences d’une victoire de Donald Trump

(Washington) En 2022, après la levée de la protection fédérale de l’avortement aux États-Unis, l’écrivaine féministe Jessica Valenti a commencé à répertorier le torrent d’interdictions et d’histoires douloureuses qui affluaient. Initialement une entreprise personnelle, cet effort s’est rapidement transformé en une mission beaucoup plus vaste.

Issam AHMED

Agence France-Presse

Sa newsletter quotidienne, L’avortement, tous les joursest rapidement devenu bien plus qu’un moyen « d’organiser le chaos de son cerveau », selon ses propres termes. C’est une chronique de la lutte des femmes américaines pour le droit de contrôler leur corps.

Jessica Valenti a accordé une interview à l’AFP avant la publication de son dernier livre, Avortement : nos corps, leurs mensonges et les vérités que nous utilisons pour gagner (qui peut être traduit par Avortement : nos corps, leurs mensonges et les vérités que nous utilisons pour gagner).

Le New-Yorkais de 45 ans exhorte les démocrates à passer à l’offensive face aux enjeux de l’élection présidentielle de novembre.

Si Kamala Harris « perd, ce à quoi nous assistons, c’est à une interdiction nationale » de l’avortement, « même si cela ne prend pas la forme d’une loi au Congrès », estime-t-elle.

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PHOTO CHARLIE NEIBERGALL, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Kamala Harris

L’une des premières mesures de Donald Trump, a-t-elle déclaré, pourrait être de remplacer le directeur de la Food and Drug Administration (FDA) américaine et de restreindre l’accès à la pilule abortive en révoquant l’autorisation de l’envoyer par courrier.

Certains suggèrent même qu’une loi de 19et siècle, sur la réglementation de ce qui est considéré comme « obscène », pourrait être utilisé pour interdire l’envoi de tout matériel utilisé lors d’avortements.

Cela vous paraît-il absurde ? Jessica Valenti se souvient de l’époque où les féministes étaient qualifiées d’hystériques lorsqu’elles mettaient en garde contre une possible décision de la Cour suprême d’annuler l’arrêt Roe v. Wade, qui garantissait un droit fédéral à l’avortement.

« On nous dit que cela n’arrivera jamais », a-t-elle déclaré à propos d’une interdiction nationale. « Les mêmes experts refusent d’admettre que nous aurons probablement raison à nouveau. »

Depuis la décision de la Cour suprême de 2022, une vingtaine d’États ont interdit ou sévèrement restreint l’accès à l’avortement.

Malgré quelques exceptions en cas de viol, d’inceste ou de danger pour la vie de la femme, les médecins ont souvent peur d’intervenir. Et les histoires de femmes ne recevant pas les soins adéquats en cas de complications se multiplient.

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PHOTO EVAN VUCCI, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Donald Trump

Les médias ProPublica Cette semaine, le département américain de la Santé a rapporté le décès de deux femmes en Géorgie qui n’ont pas été traitées malgré des complications après avoir pris une pilule abortive en raison des lois de l’État.

« Histoires d’horreur »

Pour Jessica Valenti, le mouvement anti-avortement est un projet misogyne mené par un mouvement suprémaciste blanc et chrétien.

« Il leur est impossible de dire de manière crédible qu’il s’agit de sauver des vies », dit-elle.

Pour cette militante, comme pour beaucoup de femmes, le combat est aussi politique que personnel.

Elle-même a avorté, trois mois avant de rencontrer son mari, avec qui elle a eu une fille deux ans plus tard.

Elle voulait un autre enfant, mais des complications lors d’une grossesse ultérieure lui font courir 50 % de risques de développer une maladie mortelle. « J’ai pris une décision en tant que parent », a-t-elle expliqué, expliquant pourquoi elle a choisi d’avorter pour ne pas risquer que sa fille devienne orpheline.

Alors que les médias se concentrent souvent sur les « histoires d’horreur » de femmes qui perdent leur fertilité à cause des nouvelles interdictions, Valenti souligne que « tous les avortements refusés sont des tragédies ».

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PHOTOGRAPHIE TIMOTHY A. CLARY, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Jessica Valenti

« Parfois, les femmes ne veulent tout simplement pas être enceintes », explique-t-elle. « Il est essentiel pour votre liberté d’avoir le contrôle de votre corps, de votre vie et de votre avenir. »

Elle a exhorté les démocrates à se concentrer sur le renforcement des protections juridiques à un moment où les sondages montrent un large soutien au droit à l’avortement parmi les Américains.

Au cours des deux dernières années, qu’il s’agisse des élections de mi-mandat ou des référendums, « à chaque élection où l’avortement a joué un rôle, le droit à l’avortement a gagné », se souvient-elle.

Elle est plus optimiste avec Kamala Harris, qui s’exprime presque quotidiennement sur la question, qu’avec Joe Biden, qui s’est montré plus prudent sur le sujet.

Mais Donald Trump « a fait preuve de stratégie » en se présentant comme modéré, « en brouillant délibérément sa position », a-t-elle dit. « Je suis toujours inquiète. »

 
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