Renault fait revivre son coupé 17

Remettre au goût du jour une Renault 17 ? Ce qui n'était, à l'arrivée d'Arnaud Belloni à la tête du marketing de l'entreprise au losange, rien d'autre qu'une aspiration, voire un défi, lancé lors d'une discussion nocturne, s'est finalement concrétisé. À partir d'un coupé R17 appartenant à son musée, Renault s'est associé au designer Ora Ïto, qui n'est autre que le fils du joaillier Pascal Morabito, pour créer un restomod. Cet anglicisme cache une voiture du passé modernisée et dotée de technologies modernes. Renault est devenu un adepte de ce type d'exercice. En 2022, le concept R5 Turbo 3E avait ravivé la flamme de la célèbre R5 Turbo qui avait marqué les années 1980. Comme elle, la R17 Ora Ïto fera ses débuts publics au Concours d'élégance de Chantilly, dimanche 15 septembre, avant de devenir l'une des attractions du Mondial de l'automobile, organisé du 14 au 20 octobre à Paris. Cinquante-trois ans plus tôt, Renault était déjà l'attraction du Salon de Paris avec son nouveau coupé produit en grande série. A l'époque, l'entreprise avait à cœur de véhiculer une image plus dynamique. En face, Peugeot pouvait compter sur ses coupés et cabriolets 304 et 504.

C’est ainsi qu’à partir de la berline R12, Renault développe les coupés R15 et R17. La gamme se compose de trois carrosseries – un coach avec vitres de custode, un coupé et un coupé avec toit ouvrant en vinyle – et de trois moteurs, le 4 cylindres 1,2 litre de 60 ch de la R12, le 1,5 litre de 90 ch de la R16 et le 1,5 litre de 108 ch à injection de la R12 Gordini. Produit jusqu’en 1979 à un peu plus de 300 000 exemplaires, dont près de 95 000 R17, ces coupés sont remplacés par la Fuego. Aujourd’hui, ils font fureur auprès des amateurs de youngtimer lorsqu’on trouve un modèle en bon état, car il est vrai que les R15 et R17 ont disparu de la circulation.
Lancée début 2024, la collaboration entre Ora Ïto et l'équipe design du Renault Technocentre a ainsi donné naissance à une super R17.
Les formes évoquent quelque chose de familier, mais les courbes et les volumes attestent que nous évoluons dans une autre dimension.

Du châssis monocoque de la R12, les designers ont conservé les portes, les vitres et la cellule centrale mais la carrosserie élargie de 17 centimètres semble gonflée aux amphétamines. A côté, l’originale avec sa longueur de 4,25 m et sa largeur de 1,63 m, fait presque figure de jouet. Ailes gonflées, grosses jantes pleines, jupes latérales et phares rectangulaires à la place des feux ronds, bandeau lumineux à l’arrière, peinture marron Galactique : la R17 du XXIe siècle semble sortir tout droit d’un film de science-fiction. Selon le designer quadragénaire qui s’est fait connaître en revisitant le style des objets design ou de la maroquinerie, le travail mené avec Gilles Vidal, directeur du design de Renault, et Sandeep Bhambra, responsable du design conceptuel de Renault, avait « pour mission le thème rétrofuturiste, presque cinématographique. J'ai voulu draper la Renault 17 dans une seconde peau pour la magnifier et la ramener dans notre époque avec ma propre grammaire : fluidité, dynamisme, rationalité et ma signature : la simplexité. J'ai voulu simplifier les éléments complexes.

A l’intérieur, place également au modernisme. Bien entendu, Ora Ïto s’est néanmoins attaché à conserver l’esprit d’origine. Au lieu d’une instrumentation reposant sur quatre compteurs individuels ronds logés sous une casquette, on retrouve quatre blocs rectangulaires à affichages digitaux sur fond rouge. Le volant à branche horizontale rappelle lui aussi celui de la R17 de 1971. La modernité transparaît également dans le traitement de la sellerie. Reflet de notre époque, les sièges en skaï laissent place à un revêtement inspiré de l’univers du meuble : de la laine Mérinos très fine en satin chiné pour la partie marron et un bouclé de laine clair pour le tissu beige.

Sous sa peau de carbone, qui permet de maîtriser la masse à moins de 1,5 tonne, le moteur essence est remplacé par une chaîne de traction électrique. Placée à l'arrière, la batterie de 50 kWh alimente une machine électrique de 270 chevaux entraînant les roues arrière. Chez Renault, on a tenu à préciser que ce concept ne préfigurait pas un véhicule de série. Toutefois, les idées qu'il véhicule alimenteront l'inspiration des designers de la marque au losange.