Artisane textile Zélia Smith, l'art de réparer l'existant
News Day FR

Artisane textile Zélia Smith, l'art de réparer l'existant

>

Zélia Smith dans son atelier, à Lyon, en février 2024.

A Lyon, l'artisane textile Zélia Smith a pignon sur rue. A travers les vitrines, on aperçoit parfois la trentenaire à l'œuvre, cousant, brodant ou tissant un costume d'artiste, un élément de décoration pour une maison de luxe ou un projet personnel. « J’aime l’idée que les passants puissent être sensibilisés à ces pratiques ancestrales abandonnées, elle prétend. Je n'ai pas eu moi-même l'exemple de grands-mères fans de travaux d'aiguille et les jeunes générations manqueront de modèles.

Diplômée en arts et métiers et textile de l'Ecole Duperré (Paris 3et), cette Parisienne d'origine est venue se former comme costumière dans la cité de la soie, puis a travaillé huit ans à l'opéra national de la ville avant d'ouvrir son propre atelier en 2021.

L’espace lumineux est situé dans l’ancien quartier de la soie, sur le plateau de la Croix-Rousse, et la transmission y joue un grand rôle. La jeune femme, aujourd’hui formatrice certifiée, propose des cours pour apprendre la broderie au point de croix, le crochet de Lunéville, le tufting (au pistolet) et le sashiko. Cet art traditionnel japonais consiste à rapiécer des textiles (généralement bleus) brodés de motifs composés de petits points de la taille d’un grain de riz – sashiko signifie « petits bâtons ».

Dans le mouvement de « réparation visible »

« J’ai une passion pour les tissus et les tissages du monde entier, pour les costumes d’Asie du Sud-Est, où j’ai beaucoup voyagé, notamment au Vietnam, pour apprendre la teinture à l’indigo. En me replongeant dans des livres sur le sujet, je suis revenue au Japon. Et entre la broderie et l’indigo, je suis tombée sur le sashiko. » Un savoir-faire d'origine modeste, qui a acquis une dimension esthétique et artistique grâce au développement d'une grande variété de motifs, dont certains sont chargés de signification : protection, prospérité, etc.

>

Gilet réalisé en toile de chanvre recyclé, teint à la main à l'indigo et brodé selon l'art du sashiko. MATHIEU RICHER MAMOUSSE POUR LE MAGAZINE M THE WORLD
>

Ouvrage de broderie d'or à la canetille. MATHIEU RICHER MAMOUSSE POUR LE MAGAZINE M THE WORLD

Sur une toile de chanvre indigo trouvée sur un marché au Vietnam, tissée et teinte à la main, Zélia Smith a minutieusement répertorié les différentes figures géométriques. Ce livre d'échantillons constitue une base précieuse pour son travail et figure dans son livre sashiko (éditions Marabout, 2022), un recueil de vingt projets simples à réaliser.

Dans le sillage de la réparation visible (« réparation apparente »), l’engouement pour le sashiko ne cesse de croître. « Passer du temps sur un vêtement pour le réparer ou le transformer, redonner de la valeur aux choses existantes, c'est ce que les gens recherchent de plus en plus »note Zélia Smith, drapée dans son vieux tablier bleu chiné aux puces du canal de Lyon, sur lequel elle a brodé chaque trace laissée par le passage du temps.

zeliasmith.com

Litza Georgopoulos

Réutiliser ce contenu
 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

Related News :