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L’industrie cinématographique indienne prise dans la vague #metoo

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Des manifestants en soutien au mouvement #metoo dans l’industrie cinématographique de Mollywood portent des masques de célébrités ciblées, à Kochi, en Inde, le 30 août 2024. ARUN CHANDRABOSE / AFP

L’Inde est prise dans une nouvelle vague #metoo au cinéma. Cette fois, elle touche l’industrie cinématographique du Kerala, surnommée Mollywood, qui produit près de deux cents films par an, en langue malayalam. Son concurrent Bollywood, basé à Bombay, avait été secoué en 2018 par un premier scandale.

Le 19 août, un rapport explosif a été publié, révélant des cas de harcèlement et d’abus sexuels généralisés. Il émane de la Commission Hema, du nom du juge qui la préside, créée en 2017 sous la pression d’un groupe d’actrices par le gouvernement communiste local, suite à l’enlèvement et à l’agression sexuelle par plusieurs hommes d’une star, Karthika Menon.

Fait rare, la victime a déposé plainte et les enquêteurs ont découvert que l’acteur et producteur Gopalakrishnan Padmanabhan, une superstar aux 130 films, était le cerveau de l’enlèvement, une « opération punitive » qui équivalait à une vengeance personnelle. Il a été inculpé en 2017, arrêté et libéré sous caution après avoir passé 85 jours en prison. L’affaire est toujours en cours.

« Mafia des hommes puissants »

Pendant deux ans, la commission Hema a mené des entretiens confidentiels avec toutes les parties prenantes, acteurs, actrices, mais aussi toutes les petites mains, des costumières aux maquilleurs. Elle a remis ses conclusions en décembre 2019 au gouvernement du Kerala, mais ce dernier a balayé sous le tapis l’épais document de 290 pages. Il vient seulement d’être publié, avec cinq ans de retard, sur ordre de la commission d’information de l’État, le 6 juillet 2024. Un recours d’un acteur a encore retardé sa publication, mais la Haute Cour du Kerala l’a rejeté.

Le rapport, expurgé d’une soixantaine de pages pour cacher l’identité des témoins et des accusés, est édifiant concernant cette industrie, décrite comme étant sous l’influence et le contrôle d’un « mafia des hommes puissants », un groupe d’une quinzaine de personnes, et au sein duquel « Le harcèlement sexuel envers les femmes est endémique ».

Les victimes témoignent du chantage à l’embauche exercé par les acteurs, les producteurs et les réalisateurs, obligeant les actrices, notamment les débutantes, à accepter ” compromis “ ou quelque chose « ajustements »c’est-à-dire du sexe en échange de rôles ou d’avancement de carrière. « Les hommes de l’industrie exigent ouvertement des relations sexuelles sans aucun scrupule, comme s’il s’agissait d’un droit acquis »les auteurs écrivent.

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La commission a constaté des conditions de travail dangereuses sur les plateaux de tournage, avec un manque d’équipements de base tels que des toilettes ou des vestiaires, obligeant les femmes à se soulager dans des zones isolées ou à s’abstenir de boire de l’eau, les caravanes étant réservées aux actrices principales. Les tournages en extérieur sont particulièrement exposés aux agressions. Une actrice a raconté comment un réalisateur ivre frappait si violemment à la porte de sa chambre d’hôtel la nuit qu’elle craignait qu’elle ne s’effondre. La seule façon pour les acteurs de se protéger est de se faire accompagner sur le plateau par un parent ou un ami proche.

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