News Day FR

À Pokrovsk, dans le Donbass, la ville se transforme en camp militaire

Alors que les missiles russes survolent la ville, à l’hôpital de Pokrovsk, dans la région de Donetsk, les couloirs et les chambres sont vides. Des patients ont été transférés à Dnipro ou ailleurs en Ukraine, et le dernier chirurgien, désœuvré, est si triste qu’il refuse de parler. Devant l’entrée des urgences, deux infirmières confirment, ce dimanche, 1est Septembre, que « C’est fini, c’est le dernier jour de l’évacuation » de l’hôpital central régional. Le soir, eux aussi seront partis.

Des civils et des militaires se croisent sur le marché de Pokrovsk, en Ukraine, le 1er septembre 2024. ADRIEN VAUTIER/LE PICTORIUM FOR “LE MONDE”

Dans le centre-ville, devant l’hôtel déprimant Druzhba et les immeubles résidentiels bombardés la veille, après avoir déjà été pilonnés il y a un an, les secouristes fouillent les décombres à la recherche d’éventuelles personnes disparues qui n’ont pas été signalées.

Au marché de Pokrovsk, étonnamment animé étant donné que l’armée russe n’est qu’à quelques kilomètres de la ville, les commerçants vendent du pain, des fruits et des conserves aux soldats qui, contrairement aux civils, ne peuvent évacuer la ville, et qui profitent du fait qu’il y a encore des étals ouverts pour s’approvisionner en vivres.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Dans le Donbass, un fossé invisible se creuse entre les soldats ukrainiens et les civils accusés d’« attendre les Russes »

Ajoutez à vos sélections

« Je reviendrai après la guerre »

La police de Pokrovsk patrouille dans les rues, rappelant l’ordre d’évacuation annoncé le 19 août par le gouverneur de la région de Donetsk. L’annonce est diffusée par haut-parleurs, tandis que les policiers font du porte-à-porte. Dans la pratique, comme dans d’autres villes du Donbass précédemment conquises par l’armée russe, les autorités n’obligent personne à partir. Seules les familles avec enfants sont incitées par des visites quotidiennes de la police à mettre leurs enfants en sécurité. Les autres font ce qu’ils veulent, au péril de leur vie.

Alexeï et sa femme, à Myrnohrad, sur la ligne de front à l’est de Pokrovsk (Ukraine), le 1er septembre 2024. Ils ont décidé de fuir vers Mezhova, à 60 kilomètres. ADRIEN VAUTIER/LE PICTORIUM FOR “LE MONDE”
À Pokrovsk, le 1er septembre 2024, des hommes déménagent un magasin pour enfants que le propriétaire souhaite rouvrir à Kharkiv. ADRIEN VAUTIER/LE PICTORIUM FOR “LE MONDE”

Au centre d’évacuation installé dans une école de la ville, Svetlana (les personnes interrogées n’ont pas souhaité donner leur nom) vient de s’inscrire pour prendre le train d’évacuation quotidien. Elle part « à Lviv, puis en Allemagne »avec le cœur lourd. « C’est chez moi, c’est l’Ukraine, mais il est impossible de vivre sous l’occupation russe. Je reviendrai après la guerre. »

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Dans le Donbass, les derniers jours de la maternité de Pokrovsk en zone libre

Ajoutez à vos sélections

Svetlana confirme que, comme dans d’autres villes conquises du Donbass, certains resteront. Des gens trop vieux pour déménager, ou sans famille ailleurs, ou ceux que les Ukrainiens appellent « ceux qui attendent… »c’est-à-dire qu’une partie d’entre eux espère l’arrivée de l’armée russe. Ils sont, comme toujours, estimés à environ 10% de la population. Ce sont souvent de vieux nostalgiques de l’Union soviétique. « Un collègue de la municipalité, dit Svetlana, « L’autre jour, alors que nous nettoyions la rue près de la Droujba, on m’a dit : « Alors, toi aussi, tu pars ? Tu es un traître à la Russie ! » Il y en a peu… »

Il vous reste 55.89% de cet article à lire. Le reste est réservé aux abonnés.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

Related News :