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A Beslan, la douleur intacte des mères, l’indifférence persistante de Poutine

Svetlana, c’est un sourire figé dans une photographie, des dessins accrochés au mur, une robe accrochée dans une armoire, un animal en peluche perché sur une étagère. « Chaque matin, je prie pour elle, ma fille. Chaque jour, je lui parle. Au début, il y avait de la colère, du désespoir. Seule cette douleur demeure au fond de moi. Nous devons survivre. »confie Marina Pak, 59 ans, à la veille des cérémonies commémoratives à Beslan, cette petite ville d’Ossétie du Nord, dans le Caucase russe, traumatisée par la prise d’otages de son école entre 1991 et 1995.est et le 3 septembre 2004. Parmi les 334 morts civils, 186 étaient des enfants, dont Svetlana, sa fille unique, âgée de 13 ans. Vingt ans plus tard, le pire carnage survenu lors d’une prise d’otages en Russie continue de hanter les esprits.

C’était la rentrée scolaire. Un rendez-vous professionnel avait empêché Marina Pak de s’y rendre. Depuis, les regrets la rongent. Mais, dynamique et déterminée, cette mère célibataire s’accroche à la vie. Elle s’est d’abord mariée, avec un père qui avait perdu femme et enfant dans la tragédie. Puis, de nouveau seule, elle a adopté l’allemand, un petit orphelin est devenu un grand adolescent.

« Je m’inquiète tout le temps pour lui. Svetlana, je sais qu’elle est en sécurité au paradis. Dieu prend soin d’elle. J’attends juste le jour où, là-haut, je la retrouverai. »Marina respire, dans la solitude et le silence de la cuisine de sa maison de Beslan. Elle partage son temps entre l’hébergement dans un monastère dans les montagnes environnantes et l’entretien du cimetière de Beslan. « Je voudrais que ces lieux soient toujours pleins de fleurs et de couleurs »Marina murmure à nouveau, rencontrée fin août, par un après-midi chaud plongé dans la même canicule qui avait étouffé les enfants privés d’eau par les terroristes pendant les trois jours de détention.

« Nous devons connaître la vérité »

Vingt ans plus tard, les mères combatives de Beslan restent d’autant plus seules et perdues dans leur douleur qu’elles doutent de connaître un jour la vérité sur la prise d’otages. Une trentaine d’hommes et de femmes tchétchènes, cagoulés et ceinturés d’explosifs, ont retenu 1 300 enfants et adultes. Après avoir tué une vingtaine d’adultes, ils ont rassemblé les otages dans le gymnase, miné les autres bâtiments et menacé de faire sauter l’école. Sans eau, les enfants en ont été réduits à boire leur propre urine. Le troisième jour, à 13 heures, une explosion encore inexpliquée a provoqué la panique et, au milieu des flammes, une intervention armée. Les enfants se sont retrouvés sous le feu croisé des preneurs d’otages et de l’assaut des forces de sécurité russes.

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