“ C’est possible, je ne m’en souviens pas », « je n’ai pas d’explication », « je conteste ». Thomas Peneaud alterne inlassablement entre ces trois réponses, sur un ton monocorde. La deuxième et dernière journée de son procès, ce mercredi 13 mars à Saintes, a été marquée par l’interrogatoire de l’accusé, qui est jugé pour viols, tortures et harcèlement contre trois de ses anciennes compagnes, entre 2016 et 2020 en Charente-Maritime. et Deux-Sèvres. Machinalement, calmement, Thomas Peneaud répond aux questions.
Eh oui, l’homme carré au teint foncé, rasé en marron sur les côtés, avoue avoir voulu contrôler la vie de ses désormais ex, Émilie, Margot et Claire (1), « par peur de l’abandon. Je cherchais une famille, un foyer mais je n’y arrivais pas. Sa consommation d’alcool, de médicaments et de substances toxiques de toutes sortes ne l’a pas aidé. Pour les tortures et actes barbares comme l’étranglement d’Emilie, les menaces avec un couteau, la tête dans les toilettes… Réponse A : « C’est possible, je ne m’en souviens pas. »
SMS violents
L’accusé reste sur sa ligne, inébranlable. Quant aux violences, il dit les regretter. Sans un regard, ni des excuses adressées aux victimes. Un point que Soraya Ahras soulignera dans ses réquisitions avant de demander 20 ans de réclusion criminelle avec une période de sûreté aux deux tiers (13 ans et demi). Pour elle, il a choisi ses victimes au « profil symétrique », fragiles, vulnérables. Aucune réaction de l’intéressé au relevé des réquisitions.
Il ne bronche pas non plus à la lecture de certains SMS envoyés à Émilie, sa dernière compagne, entre juin et octobre 2020. « Si tu me fais la moindre saleté, je te tue, je ne plaisante pas » ; “Quand je rentrerai à la maison ce soir, je vais te frapper si fort que tu vas saigner, crois-moi !” » Le président tente de faire réagir : « C’était plus fort que moi. ” Indiquer. Idem pour les deux autres victimes, plus ou moins.
Et à propos du viol ? C’est clairement non, il n’est plus question d’amnésie. “S’ils me disent non, c’est non, je vais me coucher”, avoue-t-il, avant que l’une des victimes ne rigole nerveusement dans la pièce. Pour Émilie, on lui reproche d’avoir forcé trois signalements sans consentement. C’est absurde pour lui.
Quant à Margot, elle ne lui a jamais dit non. « Comment le saviez-vous ? », demande le président. « Nous n’allons pas faire signer une renonciation pour chaque rapport. » Elle décrit la violence s’il n’atteint pas ses objectifs. Il aura toujours cette idée que ses copines le trompaient constamment.
Le poing serré d’un père
Le soir du 25 décembre 2017, le calvaire s’intensifie pour la jeune femme lorsqu’il la viole avec une bouteille de bière pour ne pas avoir dit ce qu’il voulait entendre. « Chaque fois qu’elle racontait cette scène, elle avait une émotion très forte, comment l’expliquez-vous ? Ou est-elle une actrice de premier ordre ? » Réponse de l’accusé : « Je n’ai aucune explication. C’est pour que je reste en prison plus longtemps. Je ne pense pas que ça vienne d’elle, elle a été influencée. »
Dans la pièce, le père de la victime écoute attentivement, le poing fermé. En 2014, cette dernière reçoit des menaces par téléphone de Thomas Peneaud : « Je vais égorger votre fille devant vous. » Quant à sa relation avec Claire, absente au procès car traumatisée, même position : « Je n’avais pas réalisé qu’elle ne voulait pas. »
“Mémoire sélective”
Des expertises psychologiques et psychiatriques ont permis d’éclairer son fonctionnement. Il apparaît que le départ de sa mère – « une harpie psychorigide » – du foyer alors qu’il avait 12 ans, l’a conduit à avoir une construction fragile, avec un réel manque de confiance envers les femmes. « Les toxines n’ont pas aidé les choses. »
Les trois avocats de la défense et le tribunal regrettent la « mémoire sélective » de l’accusé, qui ne change pas d’un iota sa ligne de défense. Me Julien Lainé, son conseil, insiste sur « l’absence d’élément intentionnel » concernant les viols reprochés à son client dont il demande l’acquittement sur ce point.
Le tribunal ne l’a pas compris dans ce sens. En annonçant la peine de 18 ans de prison à son encontre, les parties civiles ont poussé un ouf de soulagement mercredi peu après 20h30. A cela s’ajoute une période de sûreté des deux tiers, soit 12 ans pendant lesquels il sera impossible de s’ajuster. la phrase. Il risque six ans supplémentaires s’il ne respecte pas les obligations de son contrôle socio-judiciaire.
Émilie, Margot et Claire voulaient que leur bourreau ne fasse pas d’autres victimes, leur souhait est exaucé.
(1) Les prénoms ont été modifiés.
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