Globalement, l’état de santé de la population québécoise s’est amélioré au cours des dernières années. Jusqu’en 2019, l’espérance de vie à la naissance augmentait et l’écart de vie entre hommes et femmes diminuait. La pandémie de COVID-19 a cependant ralenti cet élan et les défis à venir sont nombreux : le vieillissement de la population, l’effet des inégalités sociales et du changement climatique sur la santé et l’émergence de nouvelles maladies.
C’est le portrait d’ensemble dressé par des dizaines de spécialistes de différents domaines dans le rapport 2024 du Directeur National de la Santé publique qui réalise cette description par tranche d’âge.
Adolescence
Moins de la moitié des adultes québécois âgés de 18 à 34 ans ont fait suffisamment d’activité physique en 2020-2021 et ce fut le cas de seulement 31 % des élèves du secondaire en 2022-2023. A la même période, un quart de ces mêmes étudiants passaient 4 heures ou plus par jour face à un écran.
En 2022-2023, seulement un élève sur quatre consommait au moins quatre portions de fruits et légumes comme recommandé, une bonne habitude en déclin.
Avant la pandémie de COVID-19, la proportion d’élèves du secondaire connaissant des niveaux élevés de détresse psychologique augmentait. En 2022-2023, il atteint 57 % chez les filles (contre 28 % en 2010-2011) et 25 % chez les garçons (contre 14 % il y a 15 ans). En 2010-2011, 51 % des filles étaient satisfaites de leur apparence ; ce nombre était passé à 42% en 2022-2023, soit une baisse de 19%.
« L’évolution de la santé mentale chez les jeunes reste sans aucun doute un élément à suivre au cours des prochaines années », commentent les experts.
Il existe cependant des indicateurs encourageants. En 2022-2023, à peine la moitié des lycéens avaient consommé de l’alcool, une proportion moindre qu’en 2010-2011. Les jeunes meurent aujourd’hui moins souvent des suites d’accidents de la route qu’il y a 30 ans.
Concernant le tabagisme, de moins en moins de lycéens fument des cigarettes classiques.
Adulte
Même phénomène chez l’adulte. La proportion de fumeurs au Québec est en diminution depuis plusieurs années et n’atteint que 16 % en 2020-2021.
La même année, un quart des adultes âgés de 50 à 63 ans souffraient d’hypertension et seulement 45 % pratiquaient suffisamment d’activité physique, soit moins qu’en 2014-2015 (48 %).
Toujours en 2020-2021, le surpoids touchait davantage les hommes (66 %) que les femmes (52 %). Chez les 25 à 44 ans, la proportion d’obésité atteint 22,9% et 27,4% chez les 45 à 64 ans.
Les conditions de travail entraînent des troubles musculo-squelettiques (TMS). Environ un actif salarié sur trois souffre de TMS, soit 1,4 million d’individus en 2020-2021, soit plus qu’en 2014-2015. Pas moins de 40 % des femmes sont touchées par des TMS contre 27 % des hommes.
En raison de l’exposition au bruit, le nombre de travailleurs souffrant de perte auditive professionnelle dans la province est en augmentation, touchant 316 000 adultes en 2020-2021.
-Santé mentale
Depuis 2014-2015, un nombre croissant de personnes vivent des niveaux élevés de détresse psychologique liée au travail. En 2020-2021, la proportion atteint 27 % chez les femmes (soit une hausse de 5 % depuis 2014-2015), et 23 % chez les hommes (soit une hausse de 4 %).
Les dernières années ont été difficiles avec la pandémie, l’inflation, les préoccupations environnementales et les catastrophes naturelles. Résultat : moins de Québécois s’estimaient en excellente santé mentale en 2021 (66 %) qu’en 2015 (75 %).
Au Québec, un adulte sur dix a reçu un diagnostic de trouble de santé mentale. En 2019-2020, le stress quotidien était plus fréquent chez les 35 à 49 ans que dans les autres groupes d’âge.
Entre 2017 et 2022, en moyenne, 1 078 personnes se sont suicidées chaque année au Québec et la proportion était trois fois plus élevée chez les hommes que chez les femmes.
La pandémie de COVID-19 a eu des effets très négatifs sur la santé. Les autorités constatent que 44 % des adultes pratiquent moins souvent une activité physique que par le passé.
« Même s’il est trop tôt pour quantifier les répercussions globales à long terme de la pandémie sur la santé de la population, elles pourraient être dévastatrices si la détérioration des habitudes de vie persiste », anticipent les experts.
Effets du changement climatique sur la santé.
De leur côté, le changement climatique provoque déjà diverses répercussions sur la santé de la population lors d’épisodes météorologiques extrêmes. Les effets du changement climatique sur la santé sont déjà connus :
- Maladies infectieuses liées à l’eau ou à la nourriture
- Détresse psychologique, santé mentale dégradée
- Blessures et décès dus à des traumatismes intentionnels et non intentionnels
Personnes âgées
D’ici 2032, une personne sur quatre sera âgée de 65 ans et plus. Promouvoir un vieillissement en bonne santé est donc essentiel. Les maladies chroniques étaient à l’origine de plus de la moitié des décès chez les personnes âgées de 65 ans et plus en 2019-2021.
La multimorbidité, c’est-à-dire avoir au moins deux maladies chroniques, touche un quart des 50-63 ans et la moitié des 65 ans et plus en 2021-2022. En 2029-2030, 1 179 000 personnes souffriront de multimorbidité.
En matière de cancer, même si la mortalité a diminué d’un peu plus de 20 % au Québec au cours des 20 dernières années, plus de 78 000 nouveaux cas seront diagnostiqués en 2030 et le quart devraient survenir chez des personnes de moins de 65 ans.
Près de 6,8 % des Québécois âgés de 65 ans et plus souffrent d’un trouble neurocognitif majeur comme la maladie d’Alzheimer. Le nombre de personnes atteintes de ce trouble s’élevait à 121 790 en 2020-2021 et devrait atteindre 161 000 en 2029-2030.