L’ESSENTIEL
- En France, la prévalence globale de l’épisiotomie a diminué significativement, passant de 25,8 % en 2010 à 20,1 % en 2016 et à 8,3 % en 2021.
- Cette diminution n’a pas nécessairement entraîné une augmentation des lésions obstétricales du sphincter anal.
- Selon les chercheurs, des études supplémentaires avec un niveau de preuve élevé devraient être menées pour prédire le taux optimal d’épisiotomie chez les femmes nullipares ayant accouché avec des instruments.
Au début des années 2000, les professionnels de santé incisent presque systématiquement le périnée des femmes enceintes lors d’accouchements par voie basse. Elle a un nom : l’épisiotomie. Le but de cette intervention ? Aider le bébé à sortir plus rapidement et plus facilement, en particulier dans les situations d’urgence mettant sa vie en danger, et prévenir les lésions obstétricales du sphincter anal, résultant de l’effort de poussée, qui ont un impact sur la santé et le bien-être des patientes à court et à long terme. Problème : ceci « pratique courante »selon Thomas Desplanches, professeur à la Haute Ecole de santé de Genève (HEdS) et chercheur associé en épidémiologie pédiatrique et périnatale à l’Université Paris Cité, n’a pas fait ses preuves scientifiquement et « peut être vécu comme un geste violent. » C’est pourquoi, depuis 2005, les autorités sanitaires françaises recommandent de restreindre la pratique de l’épisiotomie.
Épisiotomie : les dossiers médicaux de 29 750 femmes ayant accouché par voie basse ont été analysés
Dans une étude récente, publiée dans la revue Médecine PlosThomas Desplanches et une équipe de chercheurs français ont souhaité évaluer les variations de prévalence des épisiotomies et des lésions obstétricales du sphincter anal. Pour ce faire, ils ont utilisé les données des Enquêtes nationales périnatales de 2010, 2016 et 2021. Plus précisément, ils ont examiné les dossiers médicaux de 29 750 femmes ayant donné naissance à un enfant vivant par voie vaginale afin d’identifier des épisiotomies. et des blessures obstétricales au sphincter anal. « Nous avons décrit la prévalence globale des résultats, puis les contextes cliniques obstétricaux en utilisant une classification obstétricale des femmes en sept groupes. Les variations entre les années ont été analysées en testant et en utilisant des modèles ajustés à l’âge de la mère, à l’IMC, au pays de naissance, aux cours prénatals, à la suspicion de macrosomie fœtale et à l’analgésie neuraxiale pendant le travail, au professionnel ayant assisté à l’accouchement, au nombre annuel d’accouchements et à l’état de la maternité.
Les épisiotomies ne concernent que 8,3% des accouchements en 2021
La recherche a révélé que la prévalence globale de l’épisiotomie avait diminué de manière significative, passant de 25,8 % en 2010 à 20,1 % en 2016 et 8,3 % en 2021. Cette réduction a été observée dans tous les groupes de classification. Selon les auteurs, cette baisse du taux d’épisiotomies n’est pas nécessairement suivie d’une augmentation des lésions obstétricales du sphincter anal. Dans le détail, la prévalence des déchirures périnéales n’a augmenté significativement que dans le groupe composé des femmes nullipares ayant accouché d’un seul enfant à terme et ayant eu besoin de forceps ou de spatules, passant de 2,6 % en 2010 à 9,6 % en 2021.
« Nos résultats doivent être interprétés avec prudence étant donné les lésions obstétricales du sphincter anal dans certains sous-groupes. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour prédire le taux d’épisiotomie optimal pour les accouchements instrumentaux. Dans les hôpitaux où les taux d’épisiotomie sont élevés, nos données suggèrent que l’épisiotomie pourrait être réduite en toute sécurité pour les accouchements par voie vaginale afin de se conformer aux recommandations internationales et aux demandes des femmes. peut-on lire dans les ouvrages.