comment les déclarations de François Bayrou ont ébranlé le Parti socialiste, qui menace désormais de voter la censure

comment les déclarations de François Bayrou ont ébranlé le Parti socialiste, qui menace désormais de voter la censure
comment les déclarations de François Bayrou ont ébranlé le Parti socialiste, qui menace désormais de voter la censure

Dès le début de son interview sur TF1, peu après 20 heures, mardi 14 janvier, Olivier Faure donne le ton : “Le compte n’est pas là”a lâché le premier secrétaire du Parti socialiste. A ses yeux, les déclarations de François Bayrou sur l’avenir de la réforme des retraites ne sont pas, en l’état, satisfaisantes. Maugréé par La insoumise, le patron du PS reprend, au moins pour un temps, ses habits de cadre d’opposition. “À ce stade, nous censurerons à moins d’avoir une réponse claire” d’ici 48 heures sur le sujet, assure-t-il.

Pourtant, douze heures plus tôt, l’ambiance était complètement différente. “Nous sommes peut-être à quelques heures d’un éventuel accord”avance prudemment le même Olivier Faure, vers 8h40, sur RMC, après de longues et difficiles négociations entre son parti et le gouvernement. Le PS entend ainsi obtenir certaines avancées dans la politique menée par François Bayrou, en échange d’un accord de non-censure qui verrait les socialistes ne pas joindre leurs voix à celles de leurs alliés de gauche qui souhaitent, dès cette semaine, faire tomber le successeur de Michel Barnier.

Les revendications portent avant tout sur la réforme des retraites. Les socialistes souhaitent sa suspension dès le début de la renégociation de la réforme, prévue pour six mois, et pas seulement en cas de succès. Les 65 députés du groupe ont déchanté dans l’après-midi. Dans son discours, François Bayrou annonce certainement « remettre ce sujet au travail, avec les partenaires sociaux, pour une durée courte et dans des conditions transparentes »sur la base des chiffres fournis prochainement par la Cour des comptes. Mais le chef du gouvernement ne dit pas les mots “gel”, “suspension” ou “pause”.

Le PS ne trouve pas non plus dans cette déclaration de politique générale d’autres mesures qu’il croyait avoir obtenues. Les versions précédentes du projet de loi de finances visaient à supprimer 4 000 postes dans l’Éducation nationale en 2025, mais le Premier ministre n’en a pas parlé. « Il y a un écart entre les mesures promises et celles annoncées. Oui, toutes les hypothèses sont sur la table. »estime un cadre PS à la fin du discours de François Bayrou.

“On se pose la question de la censure, pas unanimement, mais quand même”ajoute un député. Les élus socialistes décident de se réunir après la prise de parole de Boris Vallaud, en tant que président du groupe. A la tribune, l’élu landais affiche son mécontentement. « Où sont vos engagements ?dit-il au Premier ministre, évoquant, outre les principaux enjeux, la contribution des fortunés, la taxe sur les transactions financières ou encore les dépenses de l’hôpital public. Le socialiste ne donne aucune indication sur la décision finale de ses troupes et décide de renvoyer la balle dans le camp du Premier ministre. « On attend de voir ce que François Bayrou répondra à Boris Vallaud. Nous nous reverrons ensuite pour décider de la suite”on explique au PS.

Déclaration de politique générale : “Où sont vos engagements ?”, dit le socialiste Boris Vallaud à François Bayrou

Dans sa réponse, François Bayrou apporte plusieurs précisions sur ses intentions. Non, il n’y a pas “tabou”selon lui, sur la renégociation prévue entre les partenaires sociaux en matière de retraites. Il n’y aura pas non plus 4 000 suppressions de postes d’enseignants dans l’Éducation nationale, promet le Béarnais, tout en soulignant les difficultés de recrutement. Les dépenses d’assurance maladie seront révisées à la hausse, de 3,3% cette année (contre 2,8% initialement prévus), ajoute-t-il, alors qu’un « taxe anti-optimisation pour les fortunés » est en projet.

Quelques minutes plus tard, lors d’un énième échange, Olivier Faure joue l’attaque et renvoie la balle dans le camp du Premier ministre avant le début prévu des consultations vendredi. La journée a cependant laissé un goût amer aux socialistes qui ont affiché leur volonté de trouver un accord. “Je suis ennuyé”breathes Jérôme Guedj, PS deputy. “François Bayrou a 48 heures pour être vraiment rassurant, pour nous donner des garanties.”

Cette longue journée à l’Assemblée nationale montre aussi la grande fragilité de l’union de la gauche. Le PS a mis le Nouveau Front Populaire “par terre” en négociant avec le gouvernement sur les retraites, accuse Jean-Luc Mélenchon devant les journalistes. Le leader de La France insoumise se moque aussi des concessions “grotesques” accordée, selon lui, par François Bayrou.

« Cela risque de coincer chez les partenaires du NFP. Nous craignons moins les rebelles que le PCF ou les écologistes.»expliquait un cadre PS avant le discours de François Bayrou. « Nous avons mené les négociations, nous avons obtenu des choses, mais les écologistes n’ont rien obtenu sur l’écologie, et c’est un problème. C’est là toute la difficulté du point de vue du syndicat de GAUCHE.» Une déclaration de politique générale plus tard, la gauche pourrait finalement rester unie : « La stabilité pour la stabilité ne veut rien dire. Si on vous marche dessus, vous devez le dire. »explique un député favorable à la censure.

 
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