En novembre 1980, les Américains élisent le républicain Ronald Reagan comme président. Une nouvelle ère commençait, socialement et fiscalement conservatrice. En septembre 1984, les Canadiens élisent Brian Mulroney à la tête d’un gouvernement conservateur majoritaire, comptant 211 députés, dont 58 québécois, soit le meilleur résultat de toute leur histoire.
Mulroney avait des liens évidents avec son voisin du Sud. Les deux hommes s’entendent très bien et mettent fin à une décennie de querelles épiques et de conflits protectionnistes qui couvaient depuis les années 1970, lorsque nos dirigeants, Nixon et Trudeau père, étaient aux antipodes.
On se souvient du Sommet Shamrock tenu en mars 1985 à Québec où Reagan et Mulroney chantaient Quand les yeux irlandais sourient sur la scène du Grand Théâtre à l’aube des négociations historiques qui aboutiront à l’accord de libre-échange entre nos deux pays. Le traité a été signé en octobre 1987 et il modifierait favorablement nos échanges économiques au sein de la première alliance économique mondiale.
Atout
Puis vint l’élection de Donald Trump en novembre dernier. Qu’on le veuille ou non, le géant américain force le respect et il va falloir apprendre à danser à son rythme et vite. Nous avons beau gonfler le torse et faire preuve de toute la bravade, mais notre poids démographique qui dépasse à peine celui de la Californie, notre économie peu performante et nos déficits récurrents et croissants n’ébranleront pas la puissance planétaire qui règne au sud. L’élection du président Trump exige un réalignement immédiat de nos politiques budgétaires, tarifaires et migratoires.
En accumulant les gaffes, Justin Trudeau a perdu toute crédibilité, tel un républicain banane. Il faut suivre l’actualité des grands réseaux américains pour se rendre compte à quel point le « Petit Justin » est ridiculisé, entraînant le Canada dans son sillage.
L’Ontario diffuse actuellement une publicité sur Fox News qui rappelle sa position de premier partenaire économique de 17 États américains, où il fait bon faire des affaires. Le Canada est absent, à l’image de Justin Trudeau à la cérémonie de lancement de la nouvelle cathédrale Notre-Dame de Paris, où François Legault a pu s’entretenir directement avec Donald Trump.
Prends ta place
On a rapidement besoin d’un interlocuteur crédible et charismatique et Pierre Poilievre a le profil idéal. Excellent communicateur, déterminé à remettre de l’ordre dans les finances publiques et à stopper la prolifération d’un gouvernement obèse et tentaculaire, il arrive à point nommé pour discuter de politique tarifaire, de croissance économique et de sécurité des frontières avec le président américain.
Les Québécois, qui craignent à juste titre l’imposition de mesures protectionnistes américaines qui les plongeraient dans une grave récession, ne doivent pas rater le coche. Ils doivent voter majoritairement conservateur pour que le Québec occupe le plus de sièges possible dans le gouvernement Poilievre. Le Québec doit mettre tout son poids derrière lui et exercer son influence aux plus hauts niveaux du pouvoir.
Même les souverainistes et ceux qui seraient tentés d’appuyer le Bloc québécois doivent appuyer Pierre Poilievre. Premièrement, s’assurer que nous portons le coup final aux libéraux, qui pourraient surprendre malgré des sondages désastreux. Deuxièmement, ne pas laisser l’espace politique qui leur revient de droit aux élus des autres provinces qui prendront les décisions à notre place. Troisièmement, quel que soit le sort du Québec, il devra supporter sa part de la dette astronomique du Canada (1 352 milliards de dollars, soit 41 917 $ par contribuable, selon l’Institut économique de Montréal) et de ses déficits annuels croissants (61,9 milliards de dollars pour l’exercice 2023- 2024 seulement).
Autant appuyer Pierre Poilievre, qui a fait de la consolidation des finances publiques une priorité absolue.
Photo d’archive, Agence QMI
Marc Bellemare
Avocat
Québec