L’IA générative à la recherche d’un modèle – Deux ans après le lancement spectaculaire de ChatGPT, l’intelligence artificielle générative continue de progresser. Cependant, la technologie a encore du mal à trouver son modèle économique, tandis que son déploiement dans les entreprises est bien plus lent qu’espéré. Certes, certains cas d’usage ont fait leurs preuves, notamment dans le service client. Mais de nombreux projets ne dépassent pas le stade du PoC (proof of concept). Et les assistants IA, comme le Copilot de Microsoft, ne justifient pas leur prix élevé. Sans oublier que la majeure partie du marché est captée par les versions payantes de ChatGPT. Dans ce contexte, les acteurs du secteur misent désormais sur des agents IA, capables d’automatiser certaines tâches complexes sans intervention humaine. Et donc apporter des gains de productivité plus importants aux entreprises. En attendant ces opportunités commerciales, les coûts de développement s’accumulent. De nombreuses start-up connaissent des difficultés financières, les obligeant à accepter des rachats déguisés par des géants de la technologie ou à revoir à la baisse leurs ambitions.
L’hégémonie de Google menacée Au lancement de ChatGPT, certains observateurs prédisaient déjà la mort de Google. Deux ans plus tard, le géant américain de la recherche en ligne souffre encore peu. Mais la menace s’est clairement accrue avec les avancées de la start-up Perplexity AI. Et surtout avec l’intégration d’une véritable fonctionnalité de recherche au sein de ChatGPT. Cela permet au robot conversationnel d’OpenAI de trouver des informations sur Internet et de les combiner avec la puissance de l’intelligence artificielle générative. Et ainsi de remplacer les traditionnels liens ou petits extraits de sites internet par des réponses plus complexes et détaillées. Une nouvelle expérience utilisateur qui pourrait remettre en cause la domination écrasante de Google, qui monopolise plus de 90 % des recherches traditionnelles, selon StatCounter. Le groupe Mountain View a bien compris le danger : il a ajouté, non sans rebondissements, les réponses générées par son modèle Gemini sur la page de résultats. Ce module devrait offrir le meilleur des deux mondes : des réponses classiques et des réponses basées sur l’IA.
Intel à la croisée des chemins – Moins de quatre ans après le lancement d’un ambitieux plan de relance, Intel va repartir de zéro. En décembre, son PDG Pat Gelsinger a été poussé à la retraite anticipée par le conseil d’administration. Un départ brutal qui a concrétisé l’échec de la feuille de route du géant américain des semi-conducteurs. Celui-ci s’était construit autour d’investissements importants pour rattraper le retard technologique et devenir un rival crédible du fondateur taïwanais TSMC. Mais les résultats ont mis du temps à se concrétiser. La situation financière était ainsi devenue critique, obligeant notamment Intel à reporter la construction d’une méga-usine à Magdebourg en Allemagne. L’entreprise est toujours à la recherche d’un nouveau patron. Sa mission sera de contrer l’arrivée des processeurs ARM sur les PC, encouragée par Microsoft, partenaire historique d’Intel. Et aussi de réussir le virage vers des cartes graphiques dédiées à l’IA générative. Une scission dans la branche fonderie, réclamée par certains investisseurs mais toujours rejetée par Pat Gelsinger, pourrait être relancée.
La Chine face aux sanctions américaines Visée depuis deux ans par d’importantes restrictions à l’exportation sur les puces les plus avancées et les équipements nécessaires à leur production, la Chine a enregistré des progrès inattendus. Les progrès les plus spectaculaires ont été réalisés par Huawei et le fondateur SMIC, qui ont réussi à concevoir et graver une puce 5G à grande échelle. Depuis, le groupe de Shenzhen et son partenaire marquent le pas, pénalisés par les limites de leurs équipements. Ils ne disposent en effet pas des machines de lithographie EUV nécessaires pour obtenir des gravures plus fines, dont l’exportation vers la Chine est interdite. Dans ce domaine, le pays a encore des années de retard. Mais plusieurs équipementiers, soutenus par l’État, ont réalisé des progrès notables. Pour tenter de ralentir la progression chinoise, l’administration américaine a renforcé ses sanctions en décembre. Dans la foulée, Pékin a ouvert une enquête contre Nvidia, comme il l’a fait en 2023 contre le concepteur américain de puces mémoire Micron. Le retour au pouvoir de Donald Trump pourrait encore envenimer le conflit.
TikTok interdit aux Etats-Unis ? – Menacé d’interdiction aux Etats-Unis, TikTok va rapidement être déterminé sur son sort. Vendredi, la Cour suprême étudiera en effet son appel contre une loi votée l’année dernière par le Congrès. Celui-ci prévoit d’obliger la plateforme de vidéos courtes, filiale du groupe chinois ByteDance, à se séparer de ses activités américaines avant le 19 janvier. A défaut, elle sera bannie des magasins d’applications. TikTok estime que cette injonction est contrainte par le premier amendement de la Constitution américaine, qui garantit la liberté d’expression. En décembre, la justice a toutefois jugé que des impératifs de sécurité nationale pouvaient justifier une telle mesure. En cas de défaite devant la Cour suprême, TikTok ne pourra compter que sur le soutien de Donald Trump, qui reviendra au pouvoir le 20 janvier. Et qui pourrait demander au ministère de la Justice de ne pas appliquer la loi. Une vente ou une introduction en bourse des activités américaines – ou potentiellement de l’ensemble de TikTok – apparaît impossible dans les délais impartis.
L’essor des lunettes connectées – Succès commercial inattendu, les Ray-Ban Meta ne seront bientôt plus seules sur le segment des lunettes connectées. Le moteur de recherche chinois Baidu a déjà présenté un modèle similaire. La marque de smartphone Xiaomi devrait rapidement suivre. Selon l’agence BloombergApple envisage également de se lancer sur ce marché plus rapidement que prévu. Cet intérêt représente un changement stratégique majeur. Jusqu’à présent, les grands groupes technologiques se concentraient sur le développement de lunettes de réalité augmentée bien plus ambitieuses. Mais les progrès technologiques sont encore insuffisants pour proposer des modèles commerciaux. En attendant, les lunettes connectées profitent de l’essor de l’IA générative, qui décuple leurs fonctionnalités. Ils ne permettent plus seulement de prendre des photos et des vidéos, ils permettent également de poser des questions sur ce que capture l’appareil photo. Et d’autres services, comme la traduction automatique, sont annoncés. Avant même l’arrivée de la réalité augmentée, ces lunettes pourraient accélérer la transition vers l’ère post-smartphone.
Vers un rebond des levées de fonds et des introductions en bourse ? – Espéré l’année dernière, le rebond des levées de fonds pour les start-up ne s’est pas encore concrétisé. Mais les plus optimistes sont confiants pour 2025, alors que l’intérêt des investisseurs pour l’intelligence artificielle produit déjà des effets positifs aux Etats-Unis. Cette tendance pourrait être renforcée par une reprise des sorties, souligne le cabinet Pitchbook. Et notamment les introductions en bourse (IPO), qui tardent depuis trois ans. Le contexte semble désormais plus favorable, avec la baisse des taux directeurs et la solide performance des indices boursiers, notamment le Nasdaq. Par ailleurs, les start-up ayant levé des fonds en 2020 ou 2021 doivent désormais proposer une sortie à leurs investisseurs. Le « pipeline » de candidats boursiers est important, tant aux Etats-Unis qu’en Europe. Une reprise des introductions en bourse permettrait aux fonds de capital-risque de redistribuer enfin les plus-values à leurs investisseurs – le commanditaires. Et ainsi donner un coup de pouce à leurs levées de fonds, ce qui leur permettrait d’accompagner de nouvelles start-up.
La pression antitrust augmente – Déjà forte, la pression antitrust ne devrait pas faiblir en 2025. Elle devrait même s’accentuer. En Europe, les géants du numérique doivent désormais se conformer au Digital Markets Act, une légalisation qui vise à renforcer la concurrence. La Commission a déjà ouvert des procédures contre Apple, Google et Meta. Le groupe Apple pourrait être le premier sanctionné pour ne pas avoir respecté l’interdiction de la pratique de l’anti-volage. Elle est également au cœur d’un dossier encore plus explosif : les magasins d’applications tiers. Au Royaume-Uni, la Competition & Markets Authority a obtenu de nouveaux pouvoirs. Et il cible les pratiques commerciales de Microsoft et d’Amazon dans le cloud. Aux Etats-Unis, Google peine à éviter une vente forcée de Chrome. Et risque le démantèlement de sa machine publicitaire. En avril, un procès déterminera si Meta doit se séparer d’Instagram et de WhatsApp. Apple et Amazon espèrent que les procédures antitrust lancées par les autorités américaines seront abandonnées. Nouveau géant de la tech, Nvidia n’est pas épargné : des enquêtes sont en cours en France, en Europe et aux Etats-Unis.
Le DSA ignifuge – Le vote aurait presque pu passer inaperçu. Au contraire, cela pourrait marquer un tournant majeur dans la lutte contre la désinformation. Et constituent un test majeur pour le Digital Services Act, nouvelle législation européenne qui impose notamment aux réseaux sociaux de prendre les mesures nécessaires pour lutter contre ce phénomène. En décembre, le résultat du premier tour de l’élection présidentielle en Roumanie a été invalidé par la justice, après la première place obtenue par un candidat d’extrême droite, pro-russe et jusqu’alors peu connu. Selon les autorités roumaines, il aurait bénéficié d’une vaste campagne d’influence menée sur TikTok par Moscou. La plateforme de vidéos courtes est désormais visée par une procédure de la Commission européenne. Elle risque une lourde amende. Bruxelles enquête également sur X, l’ex-Twitter, également accusé de ne pas en faire assez pour respecter le DSA. Et ce n’est pas le déploiement à grande échelle de son Grok AI, qui permet notamment de créer des images réalistes de personnalités publiques, qui va arranger la situation du réseau racheté par Elon Musk.
Meta face à l’équation RGPD – Huit ans plus tard, Meta espère avoir enfin trouvé le moyen de se conformer au Règlement général sur la protection des données (RGPD), qui lui impose de recueillir le consentement des internautes avant d’utiliser leurs données à des fins publicitaires. En novembre, la société mère de Facebook et Instagram a lancé des versions contenant des publicités « moins personnalisé ». Celles-ci s’adressent aux utilisateurs qui ne souhaitent pas de publicités ciblées, mais qui refusent de souscrire à un abonnement payant – dont le prix a été réduit par la société américaine. Meta répond ainsi aux critiques de la Cnils européenne, qui avait remis en cause ce principe du « payer ou consentir ». Ses services juridiques vont désormais devoir convaincre les régulateurs. Jusqu’à présent, toutes les solutions proposées ont été rejetées. Un avis défavorable de la Cnils compliquerait grandement la tâche du réseau social, qui ne souhaite pas mettre en œuvre une demande de consentement classique. Elle craint un rejet massif de la part de ses utilisateurs, ce qui limiterait ses capacités de monétisation.