Au prix d’une nouvelle pandémie, cinq ans après l’apparition du Covid ? “Cela pourrait commencer comme ça”, prévient Mme Koopmans, tout en soulignant qu’il ne faut pas paniquer l’opinion publique dans l’état actuel des choses.
Pour l’instant, l’épidémie de grippe aviaire se limite aux animaux. La soixantaine de cas humains recensés aux Etats-Unis, dont celui décédé ces derniers jours, ont été provoqués par une exposition directe à un animal et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) précise qu’aucune transmission entre humains n’a été signalée. été enregistré.
Mais les évolutions récentes concernant le virus H5N1, à l’origine de cette maladie, inquiètent les chercheurs. Identifié en 1996, il n’a longtemps menacé que les oiseaux, dont des millions sont morts depuis le début de l’épidémie actuelle en 2020.
Ce n’est plus le cas. Le virus circule désormais parmi les mammifères et notamment, depuis mars 2024, dans les élevages de bovins aux États-Unis.
Certes, le patient décédé aux Etats-Unis, un homme relativement âgé et hospitalisé depuis décembre, n’avait pas été en contact avec du bétail mais avec des oiseaux. Or, la capacité du virus à muter pour atteindre les mammifères apparaît potentiellement dangereuse, dans le but d’une éventuelle contamination un jour d’un humain à un autre.
– Communication opaque –
Selon une étude rendue publique lundi – mais qui n’a pas été publiée par une revue scientifique et révisée de manière indépendante – les mutations du virus chez les bovins sont en effet susceptibles de favoriser l’infection chez l’homme.
Pour l’un de ses auteurs, Tom Peacock, virologue à l’Imperial College de Londres, « la plus grande erreur des États-Unis a été leur réponse lente et faible à l’épidémie bovine ».
La raison pour laquelle la grippe aviaire affecte les élevages de bovins du pays semble être une combinaison de cette faible réponse initiale, d’une mauvaise biosécurité et de « l’intensification de l’élevage laitier américain, qui implique beaucoup plus de mouvements d’animaux que dans le système européen », a-t-il déclaré. AFP.
De nombreux experts reprochent également aux États-Unis de ne pas assurer une surveillance sanitaire suffisante des élevages et de communiquer de manière opaque sur l’épidémie actuelle.
“Il y a des tonnes de données que le gouvernement actuel n’a pas rendues publiques”, a regretté lundi auprès du Washington Post le virologue Rick Bright, qui a occupé des responsabilités au sein des autorités sanitaires américaines.
L’expert appelle à autoriser le déploiement des vaccins anti-H5N1, actuellement stockés par millions aux États-Unis, auprès des travailleurs agricoles et d’autres populations à risque.
Les appels à l’action sont d’autant plus pressants que l’administration du président Joe Biden s’en va avant l’entrée en fonction de Donald Trump, qui doit revenir à la Maison Blanche le 20 janvier.
Cependant, M. Trump a choisi comme secrétaire à la Santé Robert F. Kennedy Jr. qui détient des positions à la fois anti-vaccin et favorables à la consommation de lait cru, dont on sait qu’il est facilement contaminé par le virus. grippe aviaire.
Le gouvernement actuel semble avoir récemment agi plus rapidement. La semaine dernière, il a débloqué plus de 300 millions de dollars pour soutenir la surveillance et la recherche sur l’épidémie de grippe aviaire.
Et certains experts refusent de lui jeter la pierre : les Etats-Unis « mènent une surveillance importante », estime auprès de l’AFP Margaret Harris, porte-parole de l’OMS. “C’est pourquoi nous en entendons parler.”