“C’est un féminicide” clame un collectif

“C’est un féminicide” clame un collectif
“C’est un féminicide” clame un collectif

Femme tuée à Sion

“C’est un féminicide” clame un collectif féministe

Le profil de l’homme qui a tué lundi deux personnes – dont une jeune femme – démontre un comportement problématique à l’égard du genre féminin.

Publié aujourd’hui à 10h00

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Cet article du 14 décembre 2023 a été importé de Femina.ch et republié sur notre site le 7 janvier 2025.

“C’est un féminicide.” Tels sont les mots du Collectif Femmes* Valais mardi 12 décembre 2023 sur Instagram. Le groupe féministe a exprimé son désaccord avec le refus de la justice valaisanne de qualifier de féminicide l’assassinat lundi 11 décembre de la première victime du tireur de Sion. Pour rappel, un homme a tiré sur une femme de 34 ans dans un parking non loin de son domicile, avant de déménager dans un ancien lieu de travail où il a ensuite tiré sur le réalisateur et blessé sa secrétaire. L’homme – un Valaisan de 36 ans – connaissait ses victimes.

Tout au long de la semaine, de nombreux éléments parus dans la presse ont mis en lumière l’obsession du meurtrier présumé pour sa première victime, le harcèlement subi par d’autres femmes, ainsi que des comportements menaçants et instables depuis de nombreuses années. . Certaines poursuites judiciaires ont également été découvertes, impliquant notamment la femme tuée.

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L’incompréhension, la tristesse et la colère se font sentir parmi les associations et organisations de défense des droits des femmes, ainsi que parmi les proches de la victime. Et les questions se posent : cette tragédie n’aurait-elle pas pu être évitée ? La dangerosité de l’agresseur n’a-t-elle pas été suffisamment prise au sérieux par la police et la justice ? N’est-il pas temps d’agir concrètement contre le fémicide en Suisse ?

Comportement problématique

«C’est clairement un féminicide», assure Pauline (nom connu de la rédaction), membre du Collectif Femmes* Valais. « Il est dangereux d’exclure ce mot, car on le rend invisible. Cela nous empêche de comprendre et d’étudier ce phénomène inquiétant, qui prend également plusieurs formes, et de le prévenir. »

Selon la militante, « quand on observe les agissements du tireur, on est clairement dans une situation qui précède le féminicide, avec des menaces, du harcèlement et une posture de domination ».

Plusieurs médias francophones ont en effet attesté que les accusés avaient l’habitude de répéter des comportements problématiques essentiellement envers les femmes. Dans The Nouvellisteplusieurs victimes ont ainsi témoigné du harcèlement qu’elles subissaient, recevant des messages incessants, étant suivies et menacées. Certains craignaient pour leur sécurité mais ont été découragés de porter plainte par la police, estimant que les actes n’étaient pas suffisamment graves. La RTS a relayé des témoignages de comportements problématiques du tireur avec ses collègues féminines, comme l’envoi de nombreux messages non sollicités, qui ont conduit à la fin de la collaboration professionnelle.

The Nouvelliste a également reçu une vidéo d’1h20 du meurtrier présumé, tournée avant qu’il n’agisse, qui évoque en grande partie la femme tuée. Nous trouvons également plus d’informations sur les procédures juridiques existantes. Ainsi, la jeune femme aurait porté plainte contre l’homme pour contrainte au printemps 2021, une procédure qui “a abouti à une condamnation pénale par voie d’ordonnance”, assure le média. L’agresseur a alors fait appel et la victime a finalement retiré sa plainte, ce qui a conduit au classement sans suite de l’affaire. La victime s’est alors tournée vers la justice civile, qui a prononcé des mesures d’éloignement au début de l’année.

Vide juridique

Le Collectif Femme* Valais explique également avoir été contacté lundi 11 décembre 2023 par des proches de la victime qui souhaitaient les informer qu’il s’agissait bien d’un fémicide. La stupéfaction fut totale lorsque le procureur du Valais, Olivier Elsig, affirma lors d’une conférence de presse que le meurtre ne pouvait être qualifié de féminicide, justifiant la décision par le fait que les deux personnes n’entretenaient pas de relation intime. . Quelques jours plus tard, Olivier Elsig donne des explications complémentaires : « La notion de féminicide n’est pas une notion juridique qui correspond à une infraction au Code pénal. En l’état, l’enquête a été ouverte pour assassinats (art. 112 CP), seul nom pertinent d’un point de vue pénal », indique-t-il par écrit. Pour le procureur, la situation est claire :

« Il n’appartient pas au procureur de la République de qualifier ou non cet acte de fémicide. Les enquêtes en cours visent à établir les faits, afin de déterminer s’il s’agit d’assassinats (indistinctement pour les victimes femmes et hommes), ou bien d’un meurtre.

Pour Pauline, du Collectif Femme* Valais, parler du féminicide au niveau pénal permettrait de « mettre en place de vrais moyens pour protéger les femmes et sauver des vies ». Elle rappelle ainsi la définition du féminicide, reconnue par l’OMS, « qui n’exige pas nécessairement que les deux personnes soient intimes » : un féminicide est un cas d’homicide dans lequel une personne est tuée parce qu’elle est une femme.

“Le tireur avait menacé de tuer la victime avec une arme, c’est vraiment grave que rien n’ait été fait pour la protéger lorsqu’elle l’a signalé à la police, même si on a appris qu’il avait deux armes enregistrées”, déplore encore Pauline. Elle assure que la démarche du collectif n’est en aucun cas une récupération. « Reconnaître qu’il s’agit d’un fémicide n’est pas politique. C’est un crime qui existe, il doit être nommé, étudié et prévenu.

Violence normalisée

Cette tuerie qui a fait deux morts et un blessé a profondément choqué le canton et toute la Suisse romande. L’Office pour la promotion de l’égalité et la prévention des violences du canton de Genève a été surpris par le discours de la justice valaisanne. « D’après les éléments parus dans les articles de presse, nous sommes clairement dans une affaire de fémicide. L’homme voulait entretenir une relation avec cette femme, elle ne l’a pas fait, et dans une logique de possession, il l’a tuée parce qu’elle refusait de lui appartenir”, commente Emilie Flamand, directrice de l’Office.

Elle convient qu’un tel cas démontre bien l’importance de ne pas négliger certaines formes de violences faites aux femmes : « Nous mettons en avant ce qu’on appelle le continuum des violences (ndlr : prendre en compte le vécu des femmes et toutes les violences basées sur le genre sans prioriser eux). Dans un premier temps, on retrouve des insultes, des menaces, du harcèlement, trop souvent considérés comme quelque chose de anodin, mais, comme dans ce cas précis, ces comportements s’inscrivent dans la même logique que des actes plus graves, et peuvent conduire au meurtre. Pour elle, il est donc important de « condamner tout acte du continuum car, en banalisant certaines violences sexistes et sexuelles, on ouvre la porte à des choses plus graves ».

Emilie Flamand note également que le délit de harcèlement obsessionnel ne figure pas actuellement dans le Code pénal, « on ne peut porter plainte que sous l’angle de la menace, ou de la contrainte (ndlr : motif pour lequel la victime avait porté plainte au pénal) ». Selon elle, “créer un délit spécifique pour le harcèlement permettrait de mieux lutter contre de tels agissements et d’éviter une escalade, comme à Sion”. Un projet allant dans ce sens est également en cours à Parlement: « Il est intéressant de constater qu’un certain débat s’est élevé autour du terme fémicide et qu’on en parle. Il y a quelques années, nous n’aurions jamais évoqué cet aspect. Les choses changent.

Une marche blanche aura lieu le samedi 16 décembre 2023 à 11 heures à Sion pour rendre hommage à la première victime.

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Sonia Imseng est journaliste à la rédaction numérique. Il couvre des thèmes sociaux et culturels ainsi que l’actualité. Elle a également travaillé pour Femina, la RTS, Le Temps, Le Courrier.Plus d’informations @SoniaImseng

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