Deux fresques d’un village d’Auvergne, Aurec-sur-Loire, sont en lice pour remporter le titre de plus belle fresque de l’année 2024. Ce concours international est organisé par le site Street Art Cities.
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Deux fresques réalisées sur les murs d’un village de Haute-Loire concourent lors d’un concours international, organisé par le site Street Art Cities. Il s’agit de la fresque « Voyages immobiles » de Rémi Tournier, qui concourt dans la catégorie meilleure fresque de l’année 2024. Celui de Wild Drawing, réalisé sur le bâtiment des Tulipes, entre dans une nouvelle catégorie : « Les artistes de choix ».
Un bel coup de projecteur pour la ville d’Aurec-sur-Loire qui met chaque année à l’honneur le Street Art lors de la Fête de la Teinture. Le maire Claude Vial (SE) se félicite de cette reconnaissance pour la culture de sa ville : « Ces dernières années, il y avait une sélection française sur laquelle nous étions présents. L’année dernière, nous avions 2 fresques sélectionnées parmi les 50 meilleures. Cette fois, il n’y a pas que la France, je pense qu’il y a 29 pays participants. La sélection nous échappe totalement, c’est sans doute un autre niveau, c’est une confrontation avec des artistes internationaux. Aucune candidature déposée, mais des années de travail pour faire venir des artistes ont permis à la commune de se démarquer : « Cela fait maintenant des années que nous existons grâce à notre festival. Nous avons encore des artistes reconnus et talentueux donc il y a sans doute une attention particulière portée à la ville d’Aurec, mais nous ne postulons pas du tout.
« La culture nous aide à vivre et à respirer »se félicite Claude Vial. « Il y a aussi le fait d’embellir la ville, puis de proposer une manière de voir les choses, de faire réfléchir à travers les techniques, les domaines artistiques, la peinture, la sculpture, le street art… » Et les murs se parent de mille couleurs : « Chaque année, nous créons 6 nouvelles fresques, mais il y en avait déjà avant. Il y en a peut-être entre 20 et 30. On renouvelle, donc il y en a qui disparaissent au bout d’un an, 2 ans, 3 ans. On les efface, on fait autre chose par dessus. Il y a aussi des fresques de muralistes, ce qui est une technique différente, ce n’est pas du street art. Dans la salle appelée Salle des Teintures, il y a déjà une vingtaine de fresques en plus de celles dont je parle.
Si ces fresques font désormais partie intégrante du patrimoine d’Aurec-sur-Loire, les habitants n’ont pas été si facilement convaincus : «Au début, c’était mitigé. Certains opposants ont protesté et ont même déclaré : « On va peindre à la bombe les murs d’Aurec ! » Dans la pratique, les habitants ont d’abord vu qu’il s’agissait d’artistes qui avaient vraiment de la technique. il ne s’agissait pas de gouttes jetées sur un mur. Nous faisons appel à des artistes qui ont des techniques de travail différentes. Il y a une vraie qualité graphique aussi, voire des messages auxquels on peut être plus ou moins sensible sur l’environnement. sur la différence… On est passé au départ de personnes intriguées voire hostiles à l’adhésion. Je crois que la grande majorité des citoyens se voient dans le travail qui se fait. Aujourd’hui, les gens en parlent comme de leur street art, comme s’ils en étaient à l’initiative. et montrez-le à leurs proches qui viennent leur rendre visite.
Une réputation également synonyme de fréquentation touristique : «Ça apporte de la notoriété à la ville, on voit des visiteurs de partout. Nous rencontrons des gens qui viennent de loin. Il y a des gens qui, évidemment, pratiquent un tourisme lié à cela. Ils viennent tous deux découvrir les gorges de la Loire et passent une journée ou deux avec nous pour photographier les fresques au bon moment avec le bon soleil ou les voir plusieurs fois. Quand on recherche sur les réseaux ou sur Internet, on voit que cela contribue à une image positive de la ville », se félicite Claude Vial.
Rémi Tournier is the artist behind the “Voyages Immobiles” fresco.
Il a été contacté par la mairie pour la Fête de la Teinture. « En tant qu’artiste, nous disposons d’une grande liberté d’action dans le cadre d’un festival de street art, rien à voir avec une commande. Je leur ai demandé ce qu’il y avait aux alentours et c’est proche du collège, d’une école, donc il y a des familles de passage. Je travaille pas mal depuis quelques temps sur la notion d’accumulation dans mes visuels. Pendant un moment, j’ai eu en tête l’image d’un adolescent assis au milieu d’une pile de livres, avec un contraste assez fort entre le côté contemporain de l’enfant en jogging synthétique et les livres qui semblent sortir d’un grenier. . On peut regarder cette fresque de n’importe où, la petite fille nous regardera. Rémi a consacré une dizaine de jours à la création de cette œuvre. « Avec la météo, c’était un peu complexe. L’arrière-plan de la scène du livre est encore assez chargé. Cela m’a pris un certain temps. C’est une peinture qui se fait au pinceau. Pas de bombe ! »
Mais alors, pourquoi « Voyages Immobiles » ? « J’avais presque en tête le titre avant l’image, cette notion de voyage immobile. Ce qui me frappe un peu dans la société, c’est le fait qu’on a le sentiment que si on ne va pas loin, si on ne s’échappe pas en transports, on est un peu « plus lâche ». Parfois, il est beaucoup plus riche d’aller chez son voisin. Nous avons aussi une mine d’or autour de nous. Avec le livre, on a aussi la notion d’un rapport à l’objet qui tend à se perdre à l’ère du tout numérique. »explique l’artiste. Il est fier de cette sélection inattendue : « C’est encore un média spécialisé dans le street art et je ne m’attendais pas forcément à être sélectionné. C’est plutôt agréable. J’ai été nominé pour les peintures murales d’octobre via ce site. Je n’ai absolument rien envoyé et j’ai été classé 6ème. Seuls les 3 premiers de chaque mois sont automatiquement sélectionnés dans le top 50 de l’année. Il manque donc 14 fresques, ils m’ont choisi pour les maquiller, disons.
Rémi Tournier a débuté sa carrière d’artiste avec le lettrage graffiti en 2007. « Avant cela, j’étais ingénieur qualité. J’ai fait beaucoup de graffitis à Toulouse et petit à petit, avec un ami d’enfance, nous avons formé un duo qui s’appelle SISMIKAZOT. Cela a duré 12 ans. Nous étions bien mieux connus que moi seul. ». Il relance sa carrière solo en 2021 : « J’ai réalisé un peu plus de 150 murs grand format avec ma compagne puis je suis reparti avec une identité qui n’est pas forcément très lointaine mais qui est quand même un peu plus personnelle, notamment dans les sujets que j’aborde. J’adore peindre les murs, c’est vraiment mon terrain de jeu.» Ces deux œuvres ont été créées lors du dernier Dyeing Festival, en septembre 2024. Les votes sont ouverts jusqu’au 25 janvier. Pour voter, rendez-vous sur le site Street Art Cities.