Le secteur des assurances va connaître une transformation grâce à un projet de décret qui permettra aux intermédiaires d’assurance d’élargir leurs services. Dans un entretien accordé au Maroc Diplomatique, l’Autorité de contrôle des assurances et de la sécurité sociale précise que cette réforme vise à diversifier leurs revenus et à favoriser l’inclusion financière à travers des services complémentaires.
Actuellement en phase finale de validation, le décret est soutenu par l’Autorité de contrôle des assurances et de la sécurité sociale (ACAPS) ainsi que par le ministère de l’Économie et des Finances. Cette évolution vise à diversifier les sources de revenus des intermédiaires tout en soutenant l’inclusion financière au Maroc. L’extension des services proposés par les intermédiaires d’assurance comprendra notamment la gestion administrative pour le compte de tiers, la gestion des sinistres et les services de paiement.
Un amendement majeur à ce décret a été présenté par l’ACAPS en 2023, modifiant l’article 14 du décret n° 2-18-1009 du 29 avril 2019 relatif au Code des assurances. Ce projet a été approuvé par le Conseil de Gouvernement le 14 décembre 2023 et devrait être prochainement publié au Bulletin Officiel. L’objectif de cette réforme est d’élargir le champ d’action des intermédiaires d’assurance en leur permettant de proposer des services annexes tels que la gestion des sinistres, les solutions de paiement et la gestion administrative pour le compte de tiers, en soutien aux compagnies d’assurance.
Une réforme pour stimuler la croissance et l’inclusion financière
Dans une interview accordée à Maroc DiplomatiqueL’ACAPS explique que l’expansion des services intermédiaires fait partie des recommandations d’une étude sur la répartition de l’assurance à l’ère numérique. Cette étude, initiée par l’Autorité, a abouti à une série de recommandations visant à aider les acteurs du marché à s’adapter à la digitalisation croissante du secteur et à diversifier leurs sources de revenus. Selon l’ACAPS, « L’objectif est également de réduire la vulnérabilité des intermédiaires, tout en renforçant leur rôle dans la transformation du modèle économique du secteur. ».
Lire aussi : Le secteur des assurances continue de démontrer sa force et sa résilience
La réforme répond également aux besoins spécifiques des compagnies d’assurance, qui souhaitent déléguer certaines missions à des intermédiaires qualifiés, comme la gestion des sinistres sur des contrats spécifiques. ” On constate qu’il existe un besoin croissant pour les compagnies d’assurance de confier la mission de gestion des sinistres de certains types de contrats à des intermédiaires. », précise l’ACAPS. Elle note également la demande croissante de certains organismes publics qui cherchent à sous-traiter certaines activités administratives et à fournir des services de proximité à leurs usagers. ” Cette évolution positionne les intermédiaires d’assurance comme des acteurs clés pour répondre à ces besoins croissants. », souligne l’ACAPS.
L’expansion des services offerts par les intermédiaires d’assurance aura un impact considérable sur leurs activités. ” Cette extension des compétences permettra aux intermédiaires de diversifier leurs activités et de créer de nouvelles sources de revenus. », explique l’ACAPS. En élargissant leur champ d’action, ces acteurs augmenteront non seulement leurs bénéfices mais renforceront également leur position sur le marché. ” Cette diversification favorisera des relations plus solides avec les clients et stimulera leur implication dans les grands projets nationaux. », précise l’Autorité.
Par ailleurs, cette réforme devrait contribuer à une meilleure reconnaissance des intermédiaires d’assurance et à la valorisation de leur savoir-faire. L’Autorité anticipe ainsi un renforcement de la pénétration de l’assurance au Maroc, ce qui pourrait se traduire par une augmentation du taux d’équipement des ménages en produits d’assurance.
L’impact de la réforme sur la microassurance
L’un des principaux objectifs de la réforme du secteur des assurances au Maroc est de promouvoir la micro-assurance, notamment auprès des populations vulnérables. L’ACAPS met en avant cet aspect en soulignant que « la promotion de la micro-assurance ou assurance inclusive constitue un axe majeur de notre stratégie « . Cette initiative s’inscrit pleinement dans la stratégie nationale d’inclusion financière, un projet visant à faciliter l’accès des Marocains aux services financiers de base, notamment ceux relatifs à la couverture des risques.
Pour répondre aux besoins spécifiques des populations vulnérables, plusieurs actions ont déjà été mises en place pour proposer des produits d’assurance adaptés et souvent peu coûteux. L’ACAPS précise avoir collaboré avec les compagnies d’assurance pour élargir l’offre destinée à ces groupes souvent exclus des systèmes traditionnels. Par ailleurs, un autre aspect important de cette réforme est la possibilité offerte aux établissements de paiement de distribuer des produits de micro-assurance, ce qui permet de toucher un public plus large, y compris ceux situés dans des zones géographiques reculées.
Dans cette dynamique, les intermédiaires d’assurance jouent un rôle clé en devenant des acteurs majeurs de la distribution de ces produits. Grâce à leur expertise et leur réseau étendu, ils seront chargés de promouvoir et d’accompagner la micro-assurance auprès des populations cibles. L’ACAPS souligne que leur rôle d’agent principal des établissements de paiement sera essentiel, notamment grâce à leur maîtrise des produits d’assurance.
Cette réforme devrait également compenser le manque d’intérêt du réseau de distribution traditionnel, qui considère la micro-assurance comme peu rentable en raison du faible niveau des primes. Avec la nouvelle législation, le secteur marocain de l’assurance se transforme, marquant un tournant stratégique pour l’inclusion financière tout en offrant de nouvelles opportunités aux intermédiaires d’assurance.