L’Allemagne s’est couchée la nuit dernière le cœur très lourd et se réveille ce matin en deuil. Parmi les deux victimes décédées dans l’attaque à la voiture-bélier sur un marché de Noël à Magdebourg figuraient un jeune enfant et un adulte. Et plus de 60 blessés, certains dans un état grave. Cependant, l’afflux des ambulances, dans cette petite capitale régionale habituellement calme, ne s’était pas encore arrêté, alors que l’ampleur des conséquences politiques possibles de cette tragédie se faisait déjà sentir.
Les premiers détails sur le profil inhabituel de l’agresseur présumé avaient à peine été dévoilés – un médecin saoudien arrivé en Allemagne en 2006, en situation légale, et arrêté très rapidement après l’attentat – qu’une avalanche de commentaires haineux envers les immigrés et les musulmans ont éclaté. balayant les médias sociaux dans toutes les directions. Si c’était le cas », d’autres membres de son parti bombardaient des messages exigeant « une poigne de fer contre les terroristes et un non clair aux migrants violents, pour la plupart illégaux ». Même le magnat américain Elon Musk s’en est mêlé, appelant à la démission du chancelier Olaf Scholz, « un idiot incapable ». Quelques heures plus tôt, il avait qualifié l’AfD de « seul sauveur de l’Allemagne ».
Pas de répit politique
Face à la douleur des familles et des proches, à quatre jours de Noël, il n’y aura pas eu de répit politique. Au contraire, cette attaque pourrait perturber la très courte campagne électorale en cours, alors que les Allemands renouvellent leur chambre basse, le Bundestag, dans seulement deux mois. Il y a fort à parier que ce drame remettra au cœur des débats les thèmes de l’immigration et de la lutte contre le terrorisme, qui avaient perdu de leur intensité ces dernières semaines. Avec un air de déjà vu. En août dernier, une attaque au couteau, perpétrée par un réfugié syrien à Solingen, a recentré les débats nationaux sur la lutte contre l’immigration clandestine et contribué au succès de l’extrême droite aux élections régionales en Saxe, en Thuringe et dans le Brandebourg. .
Sauf que cette fois, ce drame pourrait revenir comme un boomerang face à l’AfD, si prompte à réagir hier soir. On a appris dans la nuit que l’agresseur, non musulman et opposant au régime saoudien, est partisan de l’extrême droite allemande et d’une politique d’exclusion des musulmans… Les débats politiques s’annoncent plus complexes que prévu.