Ce n’était peut-être pas une bonne idée d’aller manger du pain de viande avec Trump à Mar-a-Lago. Cela semble avoir réactivé d’anciennes inimitiés envers Trudeau en particulier et envers le Canada en général. En 2018, le porte-parole du président américain déclarait qu’il y avait « une place spéciale en enfer pour Justin Trudeau » !
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Le président élu se réveille littéralement la nuit pour détester Trudeau (formule d’Emmanuelle Latraverse) et fantasmer sur l’annexion de notre domination. Il semble que nous représentions, à ses yeux, ce qu’est l’Ukraine pour Poutine : un territoire qui ne mérite pas sa souveraineté.
Normand Lester l’a rappelé hier : en 2019, Trump confirmait vouloir acheter le Groenland. L’île arctique coûte cher au Danemark, a-t-il soutenu : des pertes « d’environ 700 millions de dollars par an ». Mais pour les États-Unis, l’acquérir serait « stratégique », a-t-il soutenu.
Expansionnisme
Trump n’est pas un impérialiste comme Bush père et fils, pour qui les États-Unis devraient prendre les armes afin de propager la démocratie. En s’opposant aux guerres en Afghanistan et en Irak, Trump a réorganisé l’ancienne tradition américaine d’isolationnisme.
Cependant, le 47e président sera un expansionniste territorial, au sein de la sphère d’influence des États-Unis. Sans doute faible. Et plus homme d’affaires qu’envahisseur. Il y aura des guerres, mais elles resteront commerciales.
Apaisement
Comment réagir face à cela ? Il n’y a pas 20 possibilités : l’apaisement ou la fermeté (ce qui pourrait impliquer des représailles).
Apaisement : stratégie diplomatique consistant à offrir certaines concessions à une puissance étrangère agressive, dans le but d’éviter un conflit.
Notre réponse à Trump, pour l’instant en rangs dispersés, vient principalement de cette approche.
Sauf qu’on a beau annoncer, comme les ministres fédéraux Miller et LeBlanc mardi, qu’on dépensera 1,3 milliard de dollars sur six ans (en hélicoptères, drones, etc.), à la frontière, on ne sait pas si cela satisfera l’imprévisible président. Pour qui le principal problème semble en tout cas être le déficit de la balance commerciale des Etats-Unis.
Fermeté
L’autre camp, celui de la fermeté, ne semble pas très prometteur, du moins pour l’instant. La menace impétueuse de Doug Ford de priver d’électricité les habitants des États du Minnesota, de New York et du Michigan a apporté un certain soulagement. Mais ses homologues comme François Legault ont refusé de le suivre. Mardi sur CNN, Ford semblait réticent à défendre sa position.
D’autres réactions du camp ferme furent encore moins convaincantes : l’ancien premier ministre Jean Charest rappelant, avec un sourire narquois, l’incendie de la Maison Blanche en 1812…
Eddie Goldenberg a présenté mardi une idée qui plaira à de nombreuses personnes dans le camp des durs. Ancien conseiller de Jean Chrétien, Goldenberg demande à Justin Trudeau de céder rapidement son poste à… Chrystia Freeland, qu’il décrit comme une sorte de pitbull qui s’est dressé lors de la renégociation de l’ALENA, en 2018 : « Ce que Trump a dit en s’attaquant à Mme. Freeland est exactement la raison pour laquelle les Canadiens voudraient qu’elle soit première ministre. Tout comme le fait que l’autre dirigeant qui la déteste le plus est Vladimir Poutine.»
Et vous, apaisement ou fermeté ?