Des milliers de Syriens en liesse continuent de converger dans les rues du pays pour célébrer l’événement. « victoire de la révolution » après la chute du président Bachar al-Assad.
“Je félicite le peuple syrien pour la victoire de la révolution et l’invite à descendre dans la rue pour exprimer sa joie”, a déclaré Abu Mohammad al-Jolani, chef du groupe islamique radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS) qui a dirigé la coalition armée qui a renversé Assad.
La Turquie, voisine de la Syrie, qui s’est félicitée de la chute du président syrien, a annoncé samedi la réouverture de son ambassade à Damas. De son côté, une délégation qatarie se rendra dimanche en Syrie pour préparer la réouverture de l’ambassade, a indiqué un diplomate.
Au terme d’une offensive de 11 jours, une coalition de groupes rebelles dominée par le HTS s’est emparée de la capitale Damas le 8 décembre, mettant ainsi fin à un demi-siècle de règne de la famille Assad.
Des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants ont convergé vers les centres des principales villes, Damas, Homs et Alep au nord, et Soueida au sud.
Beaucoup ont brandi le drapeau trois étoiles adopté par les nouvelles autorités dans une ambiance festive qui n’est pas sans rappeler les grandes manifestations du début de la guerre en 2011, avant que la répression sanglante ne dégénère en un conflit dévastateur.
« Le père et le fils d’Assad nous ont opprimés mais nous avons libéré notre pays de l’injustice. » » s’enthousiasme un policier de 47 ans à Alep, tandis qu’une sonorisation diffuse des slogans et des chansons.
Il est parti
« Unis, unis, unis, le peuple syrien est uni » » scandaient les fidèles de la mosquée des Omeyyades de Damas, où le Premier ministre en charge de la transition, Mohammad al-Bashir, se rendait pour la première prière hebdomadaire du vendredi depuis la fuite d’Assad vers la Russie.
« Nous avons été séparés pendant plus de 40 ans. Aujourd’hui, nous sommes venus à Damas pour faire la fête, car celui qui nous séparait est parti”, » dit Susan Soliman, de Tartous (Ouest).
Mais la jubilation est aussi teintée de sérieux.
Des dizaines de photos de personnes disparues aux mains des anciens services de sécurité sont accrochées aux murs de la mosquée, témoignant de la recherche douloureuse de leurs proches rappelés par de nombreux Syriens après des décennies de répression féroce.
Le pays, tourmenté par près de 14 ans de guerre, est confronté à de nombreux défis, face à de nouvelles autorités qui tentent de rassurer et la communauté internationale se mobilise.
Les dirigeants du G7 l’ont demandé, réunis par vidéoconférence « une transition pacifique et ordonnée ».
La Syrie sera également à l’ordre du jour d’une réunion de ministres et de hauts diplomates américains, européens, arabes et turcs en Jordanie samedi.
Préparé il y a un an
Lors d’une tournée régionale, le secrétaire d’État Antony Blinken a réitéré en Irak et en Turquie que les États-Unis œuvreraient pour empêcher toute résurgence du groupe jihadiste État islamique (EI).
HTS, dont le chef Jolani porte désormais son vrai nom, Ahmad al-Chareh, a capturé une grande partie du pays au cours de l’offensive. Il affirme avoir rompu avec le djihadisme mais reste secret “terroriste” de plusieurs capitales occidentales, dont Washington.
Un commandant du HTS, Abu Hassan al-Hamwi, a déclaré au journal Guardian que l’offensive avait été planifiée il y a un an mais que le groupe avait décidé fin novembre quand la lancer.
Différents acteurs soutenus par différentes puissances ont été impliqués dans la guerre en Syrie, qui a fait plus d’un demi-million de morts et contraint environ six millions de Syriens, soit un quart de la population, à fuir.
Dans le nord-est de la Syrie, les États-Unis maintiennent environ 900 soldats et soutiennent les Forces démocratiques syriennes (FDS), à majorité kurde, qui ont fui l’EI pendant la guerre.
ça n’a plus de sens
La Turquie soutient les groupes rebelles syriens qui combattent les FDS, qu’elle qualifie d’organisation terroriste. Les FDS, qui ont mis en place une administration autonome dans le nord-est du pays, se sont félicités de la chute d’Assad.
Le chef de la diplomatie turque Hakan Fidan a déclaré que son pays avait convaincu la Russie et l’Iran, les proches alliés d’Assad, de ne pas intervenir lors de l’offensive rebelle. “Les Russes et les Iraniens ont compris que cela n’avait plus de sens (d’intervenir)”dit-il.
À la frontière sud de la Syrie, le ministre israélien de la Défense, Israel Katz, a ordonné à l’armée de le faire « préparez-vous à rester » tout au long de l’hiver dans la zone tampon avec la Syrie, située à la limite du plateau du Golan syrien occupé par Israël. Les troupes israéliennes sont intervenues après la chute de Bachar al-Assad.
Ces derniers jours, Israël a mené des centaines de frappes en Syrie contre des sites militaires stratégiques pour empêcher que du matériel de l’armée syrienne n’y tombe, selon Blinken. “mauvaises mains”.
Sur le plan humanitaire, l’UE a annoncé le lancement d’un pont aérien vers la Syrie, via la Turquie, pour transporter des dizaines de tonnes d’aide.