(Québec) Marwah Rizqy est saluée par ses pairs, qui ne sont pas refroidis par son départ annoncé de la vie politique. Elle partage son trône avec son collègue libéral Monsef Derraji, également lauréat dans trois catégories, et le ministre caquiste Simon Jolin-Barrette.
Parlementaire de l’année (femme)
Gagnante : Marwah Rizqy
- 2. Christine Fréchette
- 3. Cadet Madwa-Nika
- 4. Ruba Ghazal
“J’ai accepté que rien ne soit parfait”
En octobre, Marwah Rizqy avait créé la surprise en annonçant qu’elle quitterait la politique à la fin de son mandat. « Je ne veux pas être mère à - partiel », a-t-elle déclaré. Aujourd’hui, pour la deuxième année consécutive, elle est élue parlementaire de l’année, une victoire douce-amère. « C’est le plus grand vote de confiance que vous puissiez obtenir. J’aime ce que je fais. Et c’est ce qui rend encore plus difficile pour moi de partir », dit-elle. M.moi Rizqy est « perfectionniste » et réaliste : elle ne parviendra pas à trouver « son point d’équilibre » d’ici la fin du mandat. Cependant, elle est passée à autre chose. « J’ai accepté que rien ne soit parfait », dit-elle. Son défi : maintenir le rythme jusqu’à son départ. « Je dois tout combiner, mon rôle de mère, mon rôle de députée, le travail de circonscription. » Et quand elle voit les autres lauréats, et leurs origines, elle ne peut s’empêcher d’être « fière de notre Parlement ». « J’invite les gens à croire en notre institution, et tous les Québécois, quelle que soit leur origine, ont leur place au Parlement. Les faits parlent d’eux-mêmes», dit-elle.
Parlementaire de l’année (homme)
Gagnants : ex aequo, Monsef Derraji et Simon Jolin-Barrette
- 2. Guillaume Cliche-Rivard
- 3. André Fortin
- 4. Pascal Paradis
Des leaders en ou
En tant que leaders parlementaires de leur parti politique, Simon Jolin-Barrette et Monsef Derraji planifient les travaux du Parlement et, parfois, élèvent la voix en faisant grimacer la présidente de l’Assemblée nationale, Nathalie Roy. Mais en privé, les deux gagnants n’hésitent pas à se lancer des fleurs. M. Derraji félicite M. Jolin-Barrette pour la « meilleure séance » de sa carrière. Le ministre de la Justice a déposé cette année cinq projets de loi qui ont « changé la vie du monde », dont une réforme du droit de la famille, une loi pour contrer le partage sans consentement d’images intimes, et une autre pour protéger les consommateurs contre les pratiques commerciales abusives. «Nous essayons d’amener de l’humanisme dans le système de justice», se félicite M. Jolin-Barrette. Quant à Monsef Derraji, le ministre salue un « gentleman » qui réussit à faire avancer ses dossiers « dans le bon sens ». «Il est toujours pertinent, c’est un grand travailleur», a déclaré M. Jolin-Barrette. Face à la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, il s’est battu pour abaisser le taux d’alcoolémie au volant. «Toute la question du .05 qu’il a portée à l’actualité, il a pris l’initiative, c’est une question de société», a déclaré M. Jolin-Barrette.
La reine du clip
Gagnante : Marwah Rizqy
- 2. Monsef Derraj
- 3. Geneviève Guilbault
La spontanéité avant tout
Le clip est cette phrase courte et picturale qui est susceptible de circuler dans les bulletins d’information et dans les programmes analysant la compétition politique. Marwah Rizqy règne en maître dans cette catégorie depuis qu’elle a été ajoutée à la liste en 2021. Les grands crus Rizqy 2024, selon elle ? Quand elle a agité le livre Comment les grandes choses sont accompliesbrandi allègrement par les ministres caquistes au cours de l’année, pour le renommer Comment les grandes choses sont bâclées. Ou lorsqu’elle rétorquait à M. Legault que la CAQ n’était pas un « gouvernement de comptables, mais de conteurs ». M.moi Rizqy se dit « spontanée ». Un exemple concret : en « vacances », elle lit un article de Soleil qui cite le ministre Jonatan Julien, où il affirme que « la preuve est dans le pudding ». Interrogée par le sujet, elle a appelé le journaliste pour lui demander le droit de réponse. En marchant avec son nouveau-né, elle improvise trois « clips » alimentaires « en 45 secondes » : « le troisième maillon est pris dans le CAQ Jell-O », « les gens ont fini de boire le CAQ Kool-Aid sur le troisième maillon » et « c’est un gâchis de fausses promesses ».
Critique de l’opposition la plus tenace
Gagnante : Marwah Rizqy
- 2. Monsef Derraj
- 3. André Fortin
L’affaire Bedford
Un député de l’opposition se veut pugnace, critique, mais aussi constructif. C’est l’approche qu’a mise de l’avant Marwah Rizqy dans l’affaire Bedford, sur le climat toxique qui régnait dans une école montréalaise en raison des agissements d’un groupe d’enseignants. Elle a soulevé la question à l’Assemblée nationale après les révélations du 98,5 FM. Lors d’une réunion, elle a convaincu le leader libéral Monsef Derraji qu’il s’agissait d’un sujet national. Elle a ensuite contacté en privé le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, pour le convaincre de pousser plus loin les vérifications, après avoir obtenu des réponses insatisfaisantes du centre de services scolaire. «J’ai eu avec Bernard un allié extraordinaire», dit M.moi Rizqy, qui a su nouer une relation de confiance avec la personne qu’elle critique semaine après semaine. Il lui a présenté les résultats de l’enquête en privé avant qu’ils ne soient rendus publics, ce qui est extrêmement rare. De son côté, elle ne lui a pas reproché d’avoir pris son - lorsqu’il a reçu le rapport d’enquête. « Bernard a voulu être porte-jarretelles, tant les faits sont désobligeants. Je voulais, et Bernard aussi, que les brevets d’instituteurs soient retirés. Si nous voulons révoquer, ce doit être [béton]. J’aurais fait la même chose”, a-t-elle déclaré.
Meilleur orateur
Gagnant : Monsef Derraji
- 2. Gabriel Nadeau-Dubois
- 3. Pascal Paradis
Le joueur d’échecs
Monsef Derraji se décrit comme un « bon joueur d’échecs ». Lorsqu’il argumente, avance des faits et place ses pions, il sait où il veut aller et attirer son adversaire. « J’ai un style, au sein du Parlement. J’essaie d’avoir un ton qui m’est propre. Mais surtout, l’important c’est d’être structuré », précise-t-il. Il est « touché » par ceux qui ont voté pour lui, et souligne que parfois, des députés d’autres partis politiques viennent le voir pour le féliciter, notamment pour un discours d’une heure qu’il a prononcé sur la réforme de la carte électorale, puis sur la conduite en état d’ébriété. « On m’a dit : nous ne partageons pas toujours la même vision, mais la façon dont vous avez prononcé votre discours nous a touchés et interpellés. J’essaie de ne pas être uniquement négatif, il ne faut pas se contenter de critiquer », souligne-t-il. Cette année, il détrône le leader parlementaire de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, qui occupait la première place en 2023. « Gabriel Nadeau-Dubois, il est juste à côté de moi. Il est toujours très organisé. Il a le sens du punch et utilise les bonnes questions pour capter l’imagination et sensibiliser la population », dit-il. Il félicite également Pascal Paradis, qui a surpris au Salon rouge en rendant un vibrant hommage au club de baseball des Capitales de Québec.
L’élu le plus incarnant un esprit transpartisan
Gagnant : Monsef Derraji
- 2. Christine Labrie
- 3. Ian Lafrenière
- 4. Pascal Paradis
La recette secrète du chef Derraji
Monsef Derraji remporte ici la première place dans cette catégorie nouvellement créée par La presse pour récompenser un élu qui incarne le mieux un esprit transpartisan, et qui cherche donc à dépasser les clivages entre partis politiques. Et même s’il doit parfois adopter un ton incisif en tant que leader parlementaire, c’est ainsi que M. Derraji conçoit son métier. « Le Parlement n’est pas seulement un jeu où l’on se frappe les uns les autres. Non, tous nos collègues sont là pour les bonnes raisons. Si je peux aider les citoyens à gagner quelque chose en parlant, je le ferai », assure-t-il. Exemple concret : cet automne, il a réussi à obtenir de la présidence de l’Assemblée nationale un débat d’urgence sur la situation difficile au DPJ. Quelques semaines plus tôt, Nathalie Roy avait refusé au Parti québécois un débat d’urgence sur Northvolt. « Des collègues d’autres partis sont venus me dire : qu’avez-vous fait pour la convaincre ? Je leur ai dit : j’ai une recette secrète », dit-il en riant. Et a-t-il révélé cette recette ? « Bien sûr, je suis très généreux », répond-il.