Le premier ministre François Legault s’est érigé vendredi en rempart contre deux menaces qui menacent selon lui le Québec : Donald Trump et « l’islamisme ».
Au terme d’une saison politique marquée par des écarts par rapport à la laïcité dans les écoles québécoises, il a dit envisager de légiférer pour interdire la prière dans l’espace public. « En voyant des gens à genoux dans la rue dire des prières, je pense qu’il faut se poser la question. Je ne pense pas que ce soit quelque chose que nous devrions voir », a-t-il déclaré à la clôture des travaux parlementaires pour les vacances.
« Nous étudions toutes les possibilités, y compris le recours à la clause dérogatoire. Nous ne voulons pas voir de prières dans les rues », a-t-il ajouté. Selon lui, la prière doit être faite « dans une église, dans une mosquée, mais pas dans les lieux publics ». «Voir des gens prier dans les rues, dans les parcs publics, ce n’est pas quelque chose qu’on veut au Québec», a-t-il déclaré.
Le Premier ministre s’est présenté devant les médias derrière un pupitre où ses équipes avaient écrit les phrases « Protégez notre économie. Protégez notre identité. « . Dans son discours, il semblait vouloir « protéger notre économie » contre le président élu des États-Unis, Donald Trump, et « protéger notre identité » contre ceux qu’il qualifiait d’« islamistes ».
« Les exemples que nous avons vus étaient l’islamisme, pas d’autres religions », a-t-il déclaré à propos des cas médiatisés d’écoles publiques dans lesquelles des enseignants avaient transgressé les principes de la loi sur la laïcité de l’État.
À un journaliste qui lui demandait de faire la différence entre l’islam (une religion) et l’islamisme (un mouvement politique et religieux), M. Legault a offert une réponse au sujet des valeurs québécoises. « Écoutez, je ne suis pas dans l’esprit de ces gens-là pour voir quelle est leur volonté, mais ce que je sais, c’est que lorsqu’on empêche une petite fille de faire du sport, cela ne respecte pas les valeurs du Québec. »
Pour rappel, le rapport d’enquête sur l’école de Montréal Bedford faisait état de « quelques interventions » réalisées pour « permettre aux jeunes filles qui voulaient jouer au soccer » car une personne ou entité (expurgée dans le rapport) « aurait mentionné que ce sport était réservé ». pour les garçons ».
Le premier ministre Legault a déclaré espérer que son ministre de la Justice, Simon Jolin-Barrette, travaillerait rapidement sur un projet de constitution pour le Québec. « Le plus tôt sera le mieux », a-t-il souligné. Le chef caquiste souhaiterait que des valeurs telles que « la laïcité, l’égalité des sexes et l’intégration des immigrants » soient inscrites intégralement dans ce texte fondamental. En clair, la Coalition Avenir Québec a terminé l’année politique 2024 comme elle avait débuté en 2018 : en mettant en avant son nationalisme. Au solidaire Ruba Ghazal, qui l’interrogeait sur l’indépendance du Québec lors de la période des questions, François Legault a répondu en parlant de laïcité.
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Une étoile qui brille par son absence
Acteur vedette du gouvernement Legault, l’ancien ministre de l’Économie et de l’Énergie Pierre Fitzgibbon n’a pas seulement brillé par son absence, après sa démission précipitée en septembre : son départ a provoqué une redistribution des cartes à saveur nationaliste au sein du gouvernement, contre sur fond de tensions entre le « superministre » et le grand patron d’Hydro-Québec, Michael Sabia.
Envoyé à l’Immigration pour donner une couleur plus « nationaliste » à ce portefeuille, Jean-François Roberge a finalement dû gérer une crise de la francisation. Dans ce dossier, M. Legault a refusé vendredi de prendre une quelconque part de responsabilité.
-“Ce qui s’est passé cette année à cause des 600 000 immigrants temporaires, c’est qu’il y a des centres de services scolaires qui, au cours des six premiers mois, ont presque épuisé tout leur budget”, a-t-il déploré. . Si le gouvernement peut faire quelque chose à l’avenir, a-t-il ajouté, c’est peut-être de « les prendre par la main » pour leur dire que « si on veut garder les enseignants, il vaudrait peut-être mieux les embaucher pour douze mois ». plutôt que « seulement au cours des six premiers mois ».
À la même époque l’an dernier, François Legault affirmait que 2023 n’avait pas été sa meilleure année, mais qu’en revanche, 2024 serait « une des meilleures ». Mais il se retrouve désormais face à la menace, brandie par le président américain désigné, Donald Trump, d’imposer des tarifs douaniers de 25 % sur les produits canadiens et mexicains.
“Je me dis, parfois : j’ai eu le COVID, puis, là, j’ai Donald Trump…”, a-t-il déclaré. « Quand je me lève le matin, je pense à l’économie, surtout depuis l’arrivée de Donald Trump. »
« Préoccupé » par l’élection du milliardaire à la tête du pays voisin, M. Legault a affirmé vouloir « protéger » [l’]économique » du Québec face aux tarifs douaniers élevés que le président élu menace de mettre en place. « Cela ferait très mal », dit-il à propos de cette mesure.
Passion : le revenu disponible
L’économie, et surtout la posture du Québec face au Canada, constitue toujours le moteur de l’engagement politique de M. Legault, qui a tenu à plusieurs reprises un tableau démontrant que « la croissance du revenu disponible réel par habitant entre 2018 et 2023» était deux fois plus important au Québec que dans le reste de la fédération.
«Pour avoir battu la croissance économique du reste du Canada, que les portefeuilles des Québécois soient plus remplis, […] C’est une bonne année”, a-t-il déclaré. Derrière lui se trouvaient les ministres Simon Jolin-Barrette et Geneviève Guilbault, désignés dans un récent sondage comme favoris pour succéder à M. Legault, que 53 % des Québécois souhaiteraient voir démissionner d’ici les élections de 2026.
À l’aube du début d’une course à la direction au sein de son parti, le chef par intérim Marc Tanguay s’est dit déterminé à démontrer que le Parti libéral du Québec constitue «la véritable alternative à ce mauvais gouvernement de François Legault». Le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, a dit espérer que les élections à Terrebonne, rendues nécessaires par le départ de Pierre Fitzgibbon, permettront à son parti d’ajouter un membre à son caucus.
Mais qu’il perde ou qu’il gagne cette partielle, François Legault a assuré qu’il comptait mener son parti aux prochaines élections générales. Le chef du gouvernement avait affirmé auparavant qu’il serait en lice en 2026 s’il sentait « le soutien de la population » et si sa santé le permettait. Maintenant, « il y a plus de conditions ! » » a-t-il déclaré vendredi. “Je serai candidat en 2026.”
Avec Isabelle Porter