Le Premier ministre géorgien assure « gagner » contre les manifestants

Le Premier ministre géorgien assure « gagner » contre les manifestants
Le Premier ministre géorgien assure « gagner » contre les manifestants
>>>>

Keystone-SDA

Des milliers de manifestants géorgiens pro-européens se sont rassemblés vendredi pour la neuvième journée consécutive contre la décision du Premier ministre de suspendre les négociations d’adhésion à l’UE. Ils ont été dispersés à coups de canons à eau par la police.

Ce contenu a été publié sur

06 décembre 2024 – 23h06

(Keystone-ATS) La police anti-émeute est intervenue devant le Parlement, utilisant des canons à eau et procédant à des arrestations alors que la foule reculait à quelques mètres des lieux, a constaté un journaliste de l’AFP.

Des milliers de manifestants pro-européens avaient une nouvelle fois défié le Premier ministre qui prétend « gagner » son bras de fer face aux manifestants accusant le gouvernement de freiner les ambitions européennes de ce pays du Caucase.

Avec l’arrestation de plusieurs personnalités de l’opposition, Irakli Kobakhidzé s’est également félicité du fait que le ministère de l’Intérieur « ait réussi à neutraliser les manifestants ».

La Géorgie traverse une grave crise politique depuis les élections législatives du 26 octobre, remportées par le parti au pouvoir Rêve Géorgien, mais dénoncées comme truquées par ses opposants.

La décision du gouvernement d’Irakli Kobakhidze – accusé de dérive autoritaire pro-russe par ses détracteurs – de suspendre jusqu’en 2028 la question des négociations d’adhésion à l’UE n’a fait qu’aggraver les tensions.

Chaque soir

Depuis, des milliers de Géorgiens descendent chaque soir dans la rue pour des manifestations, ponctuées de violences entre manifestants, équipés de feux d’artifice, et policiers armés de canons à eau et de gaz lacrymogènes.

L’opposition accuse le gouvernement de tenter d’enterrer les ambitions d’intégration européenne, alors que cet objectif, soutenu par 80% de la population selon les sondages, est inscrit dans la Constitution.

Elle accuse également les autorités de vouloir tourner le pays vers la Russie et de tenter d’effrayer la population en invoquant un risque de guerre, comme en Ukraine, alors que 20 % de la Géorgie est de facto sous le contrôle de Moscou depuis un an. Invasion russe en 2008.

La foule était moins nombreuse vendredi que les soirs précédents, mais les manifestants insistent sur le fait que leur mouvement spontané, sans véritables figures de proue ni structure, est loin de s’essouffler.

“Nous nous battons pour notre liberté”, a déclaré Nana, une étudiante en médecine de 18 ans, enveloppée dans un drapeau géorgien. “Nous n’allons pas céder.”

D’autres manifestations ont eu lieu devant le siège de la radio publique géorgienne – accusée de servir d’outil de propagande gouvernementale, devant le ministère de l’Éducation et devant les bureaux de l’administration du tourisme.

Shalva Alaverdashvili, fondateur de la fédération hôtelière du pays, a déclaré à l’AFP que la suspension “inattendue et inacceptable” des négociations d’adhésion à l’UE avait de graves conséquences pour le secteur touristique du pays, qui représente 7% du PIB national.

Des milliers de personnes se sont également rassemblées à Batoumi, la deuxième ville du pays, sur la côte de la mer Noire.

Un tribunal de Tbilissi a placé vendredi soir en détention provisoire un jeune militant de 19 ans, Zviad Tsetskhladze, arrêté lors des manifestations pour « avoir organisé, dirigé et participé à des violences de groupe ».

-

« La démocratie en Géorgie n’existe plus. L’État de droit a été écrasé », a-t-il déclaré au juge.

« Nos actions constituent une forme de résistance visant à préserver l’État de droit, à défendre la démocratie et à protéger les droits de chaque individu. »

« Neutralise avec succès »

Cette nouvelle mobilisation intervient alors que M. Kobakhidze a affirmé vendredi avoir « gagné une bataille importante contre le fascisme libéral » en Géorgie, terme qu’il utilise pour qualifier ses opposants.

Le parti au pouvoir “n’a plus le pouvoir ni les ressources pour faire face au peuple”, a déclaré vendredi à l’AFP la chef du parti d’opposition Lelo, Mamouka Khazaradze.

Le 14 décembre, un collège électoral doit élire le nouveau président du pays, issu du camp du Premier ministre, pour remplacer la pro-occidentale et très critique à l’égard du gouvernement Salomé Zourabichvili du 29 décembre.

Si le chef de l’Etat dispose de prérogatives limitées, Mme Zourabichvili, ancienne diplomate française, s’est néanmoins imposée comme la voix des manifestants au sein des institutions.

Elle a annoncé qu’elle refusait de quitter ses fonctions tant que le gouvernement n’aurait pas organisé de nouvelles élections législatives.

Outcha, médecin de 42 ans qui manifeste depuis une semaine, ne s’inquiète pas dans ce contexte de la baisse de la mobilisation ces derniers jours.

“Bien sûr, nous sommes tous un peu fatigués”, a-t-il déclaré à l’AFP, préférant ne pas donner son nom de famille par crainte de représailles.

“Nous avons besoin d’un peu de repos et ensuite nous rentrerons”, poursuit-il.

Des dirigeants incarcérés

Quelque 300 personnes ont été arrêtées depuis le début du mouvement, selon les chiffres officiels. Le médiateur géorgien des droits de l’homme, Levan Iosseliani, a pour sa part accusé la police de « torture ».

Le chef du parti d’opposition Akhali, Nika Gvaramia, a notamment été frappé lors de son arrestation devant les caméras de télévision.

Vendredi, il a été condamné à 12 jours de prison.

Le leader du groupe d’opposition Strong Georgia, Alexander Elisashvili, a été placé en détention provisoire pendant deux mois.

Les États-Unis et l’Union européenne ont dénoncé cette répression, et Washington a menacé d’adopter de nouvelles sanctions.

Les ministres des Affaires étrangères de , d’Allemagne et de Pologne ont condamné “fermement” vendredi soir “le recours disproportionné à la force contre des manifestants pacifiques” en Géorgie et dénoncé “le ciblage de l’opposition et des représentants des médias”.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

-

NEXT Chappell Roan partage son top 10 des looks « emblématiques » de 2024