Ahmed Benamar, propriétaire de la chambre d’hôtes El Khorbate près d’Errachidia, au Maroc, déclare : «Quand on parle d’un ksar (ensemble de bâtiments fortifiés, en terre) Ô d’une oasis, on ne parle pas de choses matérielles, on parle de valeurs humaines. » Les oasis représentent également un patrimoine culturel unique et un savoir-faire ancestral.
Par une gestion concertée de la ressources naturelles, notamment l’eau, les communautés oasiennes ont cultivé des pratiques ancestrales Chi continuent d’être préservés et se transmettent encore aujourd’hui de génération en génération. “Les populations locales ont développé des moyens, des techniques et des savoir-faire qui s’adaptent aux contraintes et spécificités de leur environnement.», explique Lahcen Kabiri, enseignant-chercheur à l’Université Moulay Ismail d’Errachidia, acteur de la société civile et expert des oasis.
Citons par exemple les techniques agricoles, les systèmes d’irrigation ancestraux, l’architecture en terre comme les khettarras (tunnels de drainage), ainsi que des systèmes ingénieux pour une gestion efficace et efficiente des ressources en eau. Ces pratiques et savoirs ancestraux ont contribué à préserver la résilience des oasis au fil du -, témoignant d’une relation profonde entre l’homme et la nature : “L’oasis est ma mère, mon pays, ma terre qui nourrit. On y trouve de tout», comme le rappelle Redouane Bousshaba, un agriculteur de la région d’Errachidia.
Outre leur riche patrimoine architectural et culturel, les oasis abritent un capital naturel unique et inestimable. “Les oasis se distinguent par leur biodiversité, leur géodiversité et leur diversité culturelle, le tout soutenu par une gouvernance exemplaire», a ajouté Lahcen Kabiri.
Cependant, le Maroc est confronté depuis plusieurs années à une sécheresse persistante. Selon le Rapport National Climat et Développement (CDDR) Selon la Banque mondiale, les ressources en eau du pays ont diminué de près de 30 % au cours des 60 dernières années, exerçant une pression croissante sur les réserves en eau et plaçant le Maroc dans une situation de stress hydrique à long terme. Les oasis, qui dépendent strictement de ces ressources en eau, subissent les conséquences directes de cet appauvrissement.
Dans ce contexte, la préservation des oasis et la promotion de pratiques agricoles adaptées et durables sont essentielles pour réduire les impacts environnementaux et climatiques. Il est également essentiel d’accompagner les populations locales dans leur résilience face aux défis posés par le changement climatique.
PRÉSERVER LE PATRIMOINE DES OASES EN CRÉANT DES OPPORTUNITÉS POUR LES POPULATIONS LOCALES
Conscient de la valeur inestimable du patrimoine oasien et des menaces croissantes liées au changement climatique sur ses écosystèmes, le Maroc poursuit activement une stratégie nationale de conservation et de revitalisation de ces écosystèmes uniques, notamment à travers l’action de l’Agence nationale de développement des oasis. les zones oasiennes et l’arganier (ANDZOA).
La mission d’ANDZOA est d’élaborer, en coordination avec les autorités gouvernementales, les élus et autres parties prenantes, un programme global de développement des zones d’oasis et d’arganiers. Elle veille également à sa mise en œuvre et à son évaluation, dans le respect des principes du développement durable, sur le plan économique, social, culturel, environnemental et humain.
L’un des principaux objectifs de la stratégie nationale de conservation et de revitalisation des oasis est d’améliorer le bien-être des populations locales et d’accroître l’attractivité des territoires oasiens, à travers l’appui coordonné des initiatives locales et régionales.
Le gouvernement marocain a lancé plusieurs projets phares pour redynamiser les oasis du Royaume, comme l’unité de transformation des dattes à Ferkla, dans la région d’Errachidia, qui vient en aide aux petits agriculteurs de la région. “Avant, je devais vendre mes dattes le matin même avant qu’elles ne pourrissent, mais désormais, si je ne peux pas les vendre au souk, je les stocke dans ces réfrigérateurs, et le GIE nous aide à écouler nos produits sur le marché national et marchés internationaux. marchés», explique Mbarek Taadid, un agriculteur de la région d’Errachidia.
Ces projets visent également à soutenir les populations vulnérables, notamment les jeunes et les femmes. Mama El Harrouch est fière du travail de sa coopérative de produits de dattes : « Je suis contente de mon travail, car ce sont des produits de notre oasis, qui me permettent d’être active, de travailler, de gagner un salaire et d’aider ma famille. . » Et il ajouta : «Avant cette initiative, les femmes ne travaillaient pas dans ce douar (village), mais aujourd’hui, grâce à Dieu, elles ont la possibilité de le faire.».
Le Maroc a joué un rôle de premier plan dans la mobilisation des efforts internationaux pour préserver et revitaliser les écosystèmes des oasis. Une conférence de haut niveau sera organisée en avril 2025 pour officialiser la création de la Commission internationale pour le développement durable des oasis. Cette conférence marquera le lancement de la « Sustainable Oases Initiative », qui rassemblera des gouvernements, des universités, la société civile et des organisations régionales et mondiales, pour soutenir la gestion durable des oasis.
SOUTENIR LE MAROC DANS SES EFFORTS DE REVITALISATION DES OASIS
La Banque mondiale accompagne le Maroc dans diverses initiatives visant à renforcer la gestion durable des écosystèmes oasiens et à améliorer la résilience climatique des oasis.
La Banque mondiale a notamment soutenu le Maroc dans la distribution de 200 000 plants de palmiers in vitro en novembre 2024 (d’autres plants suivront), des variétés plus résistantes qui portent déjà leurs fruits. “Nous avons été les premiers à installer ces vitroplants, et maintenant d’autres agriculteurs nous les demandent après avoir vu les résultats : ces palmiers produisent des dattes de bonne qualité, résistent aux maladies et contribuent à la préservation de l’environnement et des ressources en eau.», spiega Redouane Bousshaba.
La Banque mondiale soutient également des programmes visant à recycler les déchets des oasis en impliquant les jeunes. Hmad Ousshat, qui a bénéficié de ce type de programme, a créé une coopérative spécialisée dans la réutilisation des dattiers comme objets de décoration. Aujourd’hui, il expose ses créations dans des foires nationales et internationales. “Grâce à ce projet j’ai pu exposer mes créations dans différents pays, ce qui n’est pas évident pour un jeune.»
La Banque mondiale place la gestion de l’eau dans les oasis au centre de ses priorités stratégiques, en se concentrant notamment sur la construction d’unités de recharge en eau. Tourné vers l’avenir, il s’engage à renforcer son partenariat avec le Maroc pour revitaliser et préserver les ressources des oasis à travers une série de projets collaboratifs dans les années à venir (Banque mondiale).