Les habitants de Homs fuient en masse après l’avancée des rebelles

Les habitants de Homs fuient en masse après l’avancée des rebelles
Les habitants de Homs fuient en masse après l’avancée des rebelles
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Keystone-SDA

Les Syriens ont fui jeudi en masse la ville de Homs après que les rebelles se sont emparés de Hama, ville stratégique voisine, lors d’une fulgurante offensive qui a porté un coup dur au pouvoir de Bachar al-Assad.

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06 décembre 2024 – 06:41

(Keystone-ATS) Située au sud d’Alep, la deuxième ville de Syrie, Hama commande la route vers Homs, à une quarantaine de kilomètres au sud, et la capitale Damas, deux grandes villes toujours aux mains du pouvoir.

L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) a fait état vendredi de frappes aériennes sur le pont routier stratégique d’Al-Rastan, sur l’axe Hama-Homs, dans un contexte d’avancée des forces rebelles.

Jeudi soir, des dizaines de milliers d’habitants de Homs, principalement des membres de la communauté alaouite dont est issu M. Assad, ont été vus fuyant vers la côte ouest, selon l’OSDH.

Les rebelles menés par les islamistes extrémistes de Hayat Tahrir al-Sham (HTS) ont lancé le 27 novembre une offensive surprise depuis leur fief d’Idlib (nord-ouest), s’emparant de dizaines de localités, dont l’essentiel d’Alep (nord) et de Hama. Les hostilités ont fait plus de 800 morts, selon une ONG.

Mesure « tactique »

Le ministre syrien de la Défense, Ali Abbas, a assuré jeudi que le retrait des troupes gouvernementales de Hama était « une mesure tactique temporaire » et qu’elles étaient « toujours proches de la ville ».

L’OSDH a ​​depuis affirmé vendredi que “des avions de combat ont mené plusieurs frappes aériennes visant le pont Al-Rastan sur l’autoroute Homs-Hama (…), tentant de couper la route entre Hama et Homs et d’assurer la sécurité de Homs”.

Par ailleurs, « les forces du régime ont transporté à Homs plus de 200 véhicules militaires transportant des armes et du matériel afin de renforcer leurs positions », ajoute cette ONG basée au Royaume-Uni et qui dispose d’un vaste réseau de sources. en Syrie.

Les habitants de Homs, la troisième ville de Syrie, ne cachent pas leur crainte de l’avancée des rebelles.

“La peur envahit la ville”, a déclaré à l’AFP Haïdar, un habitant d’un quartier alaouite joint par téléphone, qui tente de fuir au plus vite vers Tartous, fief alaouite de la côte ouest, où il a déjà évacué ses parents.

Après l’entrée des rebelles dans Hama, les habitants sont descendus dans les rues, à pied ou dans de longues files de voitures, pour les acclamer, selon des images de l’AFP. Certains ont incendié un portrait géant du président syrien accroché sur un bâtiment municipal.

Les rebelles ont tiré en l’air, d’autres se sont agenouillés pour prier, tandis qu’un cadavre gisait dans la rue.

« Échec collectif »

La coalition rebelle s’est vantée sur Telegram de la « libération totale de Hama », et notamment d’avoir libéré « des centaines de prisonniers » de la prison centrale.

Selon l’OSDH, « plus de 200 véhicules militaires » de l’armée ont quitté Hama en direction de Homs.

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Les hostilités sont les premières de cette ampleur depuis 2020 dans un pays ravagé par une guerre civile dévastatrice qui a fait un demi-million de morts depuis 2011, et l’a divisé en zones d’influence, avec des belligérants soutenus par différentes puissances étrangères. .

Depuis le 27 novembre, les combats et les bombardements ont fait 826 morts, dont 111 civils, selon l’OSDH. Sur ce total, 222 combattants sont morts depuis mardi autour de Hama, selon l’OSDH.

L’ONU a fait état de 115 000 personnes déplacées en une semaine.

Son patron, Antonio Guterres, a appelé à mettre fin au « carnage » en Syrie, résultat d’un « échec collectif chronique » à entamer un règlement politique du conflit.

« Une joie indescriptible »

Le président turc Recep Tayyip Erdogan, dont le pays est l’un des principaux soutiens des rebelles, a appelé M. Assad, soutenu par la Russie et l’Iran, à trouver « d’urgence » une « solution politique ».

Après le lancement de l’offensive rebelle, la Russie, qui dispose de bases en Syrie, a lancé des raids aériens sur les zones contrôlées par les insurgés, en soutien aux forces gouvernementales.

C’est grâce au soutien crucial de la Russie mais aussi de l’Iran et du Hezbollah libanais pro-iranien que le gouvernement syrien a inversé le cours de la guerre en 2016 en reprenant une grande partie du territoire.

Aujourd’hui affaibli par deux mois de guerre ouverte avec Israël, le Hezbollah affirme une nouvelle fois qu’il se tient aux côtés de M. Assad.

De son côté, le leader du HTS, Ahmed al-Chareh, connu sous son nom de guerre Abou Mohammed al-Jolani, a appelé l’Irak voisin à rester à l’écart du conflit.

À Alep, la grande ville du nord, les habitants revenus avec les troupes rebelles ont célébré leurs retrouvailles avec leurs proches.

“Une joie indescriptible”, a déclaré Mohammed Jomaa, 25 ans, qui a fui la ville et quitté sa famille lorsque le gouvernement a complètement pris Alep en 2016.

Les policiers et les militaires qui avaient déserté faisaient également la queue devant les bureaux pour s’inscrire auprès des forces insurgées.

“Pas de vengeance”

Le chef du HTS a déclaré qu’il n’y aurait « pas de vengeance » à Hama, dans un message vidéo, après avoir annoncé que ses combattants étaient entrés dans la ville « pour refermer la blessure ouverte il y a 40 ans ».

Hama a été le théâtre d’un massacre en 1982 sous la présidence de Hafez al-Assad, père du dirigeant actuel, lors de la répression d’une insurrection des Frères musulmans.

« La perte de Hama est un coup très dur pour le gouvernement syrien, surtout après sa défaite à Alep. C’est là que l’armée a tenté de renverser la situation (…) mais elle n’a pas réussi”, a expliqué à l’AFP Aron Lund, chercheur à Century International. « HTS va maintenant tenter d’avancer vers Homs. »

 
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