Emmanuel Macron en quête d’un nouvel « arc de gouvernement »
Paris, France | AFP | 06/12/2024 | 797 mots
Emmanuel Macron reçoit vendredi plusieurs dirigeants politiques allant du PS à LR en passant par ceux de son propre camp en vue de la formation « d’un gouvernement d’intérêt général » après la censure de Michel Barnier mercredi.
Le chef de l’Etat, qui disait chercher un “arc de gouvernement”, a tenté jeudi soir de reprendre la main lors d’une allocution télévisée, où il a promis la nomination d’un nouveau Premier ministre “dans les prochains jours”.
Il recevra en début de matinée les dirigeants du camp macroniste (Renaissance, MoDem, Horizons, Radicaux, UDI), puis à midi le chef des députés socialistes Boris Vallaud et son homologue du Sénat Patrick Kanner, ainsi que le parti le leader Olivier Faure. En début d’après-midi, ce sera au tour des dirigeants LR.
L’annonce du nom d’un nouveau chef du gouvernement n’est pas attendue avant le week-end, voire lundi, et il faudrait encore plus de - pour connaître la composition de sa nouvelle équipe.
Une pause ce week-end
En attendant, Emmanuel Macron doit faire une pause avec la grande réouverture samedi de Notre-Dame, où sont attendus plusieurs dizaines de chefs d’État ou de gouvernement, dont le président élu américain Donald Trump.
Le Rassemblement national, la France Insoumise, les écologistes et les communistes n’ont pas été invités à l’Élysée à ce stade, alimentant les spéculations sur une éventuelle tentative de creuser un fossé au sein de l’alliance de gauche Nouveau Front populaire.
“Nous irons à l’Élysée parce que nous l’avons demandé”, a assuré sur X le premier secrétaire du PS Olivier Faure. “Ceux qui pensent que le Parti socialiste est à vendre se trompent”, a-t-il immédiatement prévenu.
“Les socialistes font ce qu’ils veulent”, a déclaré sur BFMTV le coordinateur d’Insoumis, Manuel Bompard, tout en jugeant qu'”aller discuter ou négocier une forme de coalition avec les macronistes (…) est une rupture avec les engagements pris envers les électeurs”.
« Un gouvernement renforcé »
Pour M. Macron, le nouveau gouvernement doit représenter “toutes les forces politiques d’un arc de gouvernement qui peuvent y participer ou, à tout le moins, qui s’engage à ne pas le censurer”, a-t-il précisé jeudi en guise de précision, promettant en outre un « gouvernement serré ».
Première « priorité » du nouveau Premier ministre : « le budget, alors que les discussions au Parlement ont été interrompues par la motion de censure ».
Une loi spéciale sera déposée « avant la mi-décembre au Parlement », a affirmé le président de la République, décrivant une « loi provisoire » qui « permettra la continuité des services publics et de la vie du pays » en appliquant « pour 2025 la choix de 2024 ».
Qui va réaliser ce projet ? François Bayrou, premier partisan d’Emmanuel Macron, est d’autant plus cité qu’il a déjeuné jeudi avec le président à l’Élysée et s’est également entretenu avec un autre prétendant, l’ancien Premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve.
Les noms du ministre des Armées, Sébastien Lecornu, Xavier Bertrand, ou encore du maire de Troyes, François Baroin, circulent également.
« L’extrême droite et l’extrême gauche se sont unies »
Lors de son allocution télévisée, Emmanuel Macron a également attaqué « l’irresponsabilité » d’un « front anti-républicain » au sein duquel « l’extrême droite et l’extrême gauche se sont unies » contre Michel Barnier.
En réaction à la censure, le président de la République a assuré qu’il « n’assumera jamais l’irresponsabilité des autres, et notamment des parlementaires qui ont consciemment choisi de faire tomber le budget et le gouvernement de la France à quelques jours des fêtes de Noël.
Rejetant ces attaques, le patron du RN, Jordan Bardella, a déclaré sur France 2 qu’il souhaiterait être reçu “très rapidement” par le futur Premier ministre, afin “que chaque force politique représentée au Parlement puisse faire connaître ses lignes rouges”. . “Je les ai exprimés très clairement, ce sont toujours les mêmes”, a-t-il ajouté.
Alors qu’Emmanuel Macron avait critiqué ceux qui ont choisi le “désordre” et fustigeé le “sens du chaos” de ceux qui “ne pensent qu’à une chose, la présidentielle, pour la préparer, la provoquer, la précipiter”, Jean-Luc Mélenchon a répondu sur TF1 qu’il était « la cause du problème », prédisant que le président « partira par la force des événements ».
Le chef de l’Etat avait pourtant prévenu qu’il comptait remplir son mandat « jusqu’à son terme » en 2027.
Désigné comme le principal responsable de la situation politique après sa dissolution surprise de l’Assemblée au printemps, selon plusieurs études d’opinion, Emmanuel Macron a reconnu que la décision de dissoudre la chambre basse “n’a pas été comprise”. “Beaucoup m’en ont blâmé et je sais, beaucoup continuent de m’en vouloir”, a-t-il encore admis.
(AFP)