L’écrivain Rama Salla Dieng demande que son image soit supprimée – Lequotidien

L’écrivain Rama Salla Dieng demande que son image soit supprimée – Lequotidien
L’écrivain Rama Salla Dieng demande que son image soit supprimée – Lequotidien

La Biennale d’art contemporain africain de Dakar vit ses dernières heures. Mais cette 15e édition a été marquée par une situation assez inhabituelle. Un écrivain sénégalais, Rama Salla Dieng, était représenté dans l’œuvre de la Marocaine Majida Khattari. La Sénégalaise, n’ayant pas été informée, a demandé que son image soit supprimée.

La 15e Biennale d’art contemporain africain (Dak’Art 2024) vit ses dernières heures. Entre expositions, événements et conférences, Dakar a vibré au rythme de l’art pendant un mois. Les visiteurs étaient nombreux à l’ancien palais de justice du Cap Manuel qui accueille l’exposition internationale. Et ceux qui ont visité cette petite salle qui abrite l’installation de l’artiste marocaine Majida Khattari, Le Châtiment des roses, ont pu constater des changements dans l’œuvre entre le début et la fin de l’événement. L’un des visages de femmes représentés dans le temple est désormais recouvert d’une pièce rouge. Une manière de cacher aux regards le visage du personnage qu’est le chercheur et écrivain Rama Salla Dieng. Représentée dans ces travaux à son insu, la chercheuse sénégalaise a réagi à un acte qu’elle juge « pas du tout éthique ». «Mme Khattari a utilisé mon image, probablement pour me rendre hommage, estimant que je devrais en être heureuse. Je suis contre le fait d’aller sur Internet, d’utiliser l’image de quelqu’un, de l’imprimer et de l’afficher sans penser au préalable à informer la personne que son image a été utilisée », a réagi le Dr Rama Salla Dieng. « Elle n’était pas d’accord, parce que je ne lui ai pas demandé la permission. Et je lui ai expliqué que j’avais beaucoup de travail, parce que j’avais fait la Biennale de Venise. En tant qu’artiste, je peux utiliser cette image car nous sommes dans une biennale. Je ne vends pas le tableau. Et pour moi c’était une référence car c’est une écrivaine sénégalaise. J’ai été choqué qu’il me le reproche », explique l’artiste marocain. Ses explications n’ont sans doute pas convaincu la chercheuse et féministe sénégalaise. « Il m’a expliqué qu’il avait contacté un avocat qui m’a dit que si c’est utilisé à des fins artistiques c’est autorisé. Mais pour moi, franchement, peu importe qu’il ait demandé à son avocat, car pendant le - qu’il a passé à demander à son avocat, il aurait pu simplement m’envoyer un e-mail. Ce n’est pas dans le cadre du Off de la biennale, c’est dans le cadre du In, ce qui veut dire qu’il a eu le -, il a vraiment eu le - de bien préparer son exposition. Et je pense que le moins que vous auriez pu faire était de me demander la permission avant d’utiliser mon image. Je pense que c’est contraire à l’éthique du tout. Je trouve que pour un artiste cette pratique est vraiment douteuse, que s’il se considère comme un artiste, il aurait dû demander à la personne l’autorisation d’utiliser son image”, répond Mme Dieng. Finalement, l’artiste marocaine s’est fait poser un masque sur le visage de sa cariatide sénégalaise.

Da “Moi aussi” et “Swing your porc”
Dans la salle, une fois la porte franchie, vous êtes accueilli par des voiles colorées. Dans une grande partie de la pièce, de curieuses figurines sont placées sur des socles. Les visages humains sont prolongés par l’arrière-train d’un cochon. Dans la galerie des portraits, on retrouve Donald Trump, Harvey Epstein, Dominique Strauss Kahn, Roman Polanski, Woody Allen et Bill Cosby. Tous ont en commun d’avoir été impliqués dans des histoires très scandaleuses. Devant cette galerie de personnages, accrochée au mur se trouve une série de six portraits de femmes. Entre ces femmes et les « cochons », un bouclier composé d’une multitude de petits miroirs féminins. Ophrah Winfrey, Angela Davis, le Dr Rama Salla Dieng, entre autres, les cariatides Majida ne sont pas soumises. A travers leurs postures et certaines positions de tête, elles incarnent le pouvoir et la force des femmes. « Les femmes que j’ai érigées en cariatides ont toutes le même costume, le même paysage. Parce qu’elles sont toutes féministes. Il y a donc des écrivains, il y a des chanteurs, il y a des journalistes. Donc toutes les femmes qui créent des mouvements féministes dans la société et qui ont créé quelque chose à elles seules », explique Majida Khattari. « L’installation a la forme d’un temple, car j’ai relu le mythe de la Méduse, la Gorgone. Il y a eu Me Too aux Etats-Unis, il y a Balance Ton porc en , les deux se mélangent”, poursuit l’artiste marocain. Sélectionnée dans l’exposition internationale Le Châtiment des roses, l’œuvre du Marocain inverse les rôles du mythe de Persée et de Méduse.
Par Mame Woury THIOUBOU – ([email protected])

 
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