Retraités, classes moyennes, milliardaires, grandes entreprises… Qui seraient les gagnants et les perdants de la censure du gouvernement Barnier et d’un budget 2025 balayé ?

Retraités, classes moyennes, milliardaires, grandes entreprises… Qui seraient les gagnants et les perdants de la censure du gouvernement Barnier et d’un budget 2025 balayé ?
Retraités, classes moyennes, milliardaires, grandes entreprises… Qui seraient les gagnants et les perdants de la censure du gouvernement Barnier et d’un budget 2025 balayé ?

Les secousses étaient prévisibles. L’opposition avait brandi la menace bien avant la date du vote final du budget de la Sécurité sociale. Mais si les négociations ont été fortes ces dernières heures, cela n’a pas suffi au gouvernement Barnier pour faire pencher la balance.

Conséquence? Le Premier ministre a annoncé l’adoption du budget de la Sécurité sociale, sans vote des parlementaires et via l’article 49.3 de la Constitution, ce lundi 2 décembre. Deux motions de censure ont donc été déposées : l’une du côté du NFP, l’autre du RN. -Côté UDR.

S’ils devaient être adoptés, ils signifieraient la démission du gouvernement Barnier, mais pas seulement. Le budget 2025 serait tout simplement effacé des étagères. Une remise à zéro des compteurs qui crée donc des gagnants et des perdants de cette chute de l’exécutif.

Les gagnants

Pour certains Français, cette démission serait un signe de clarté. Pour redresser les finances publiques, le gouvernement de Michel Barnier a notamment proposé : l’imposition de ménages les plus riches à minimum 20% pendant trois ans (2 milliards d’euros espérés) et un “contribution exceptionnelle » sur les bénéfices des grandes entreprises (8 milliards). Le budget passé à l’as verrait donc cette imposition annulée.

Sur l’énergie, les Français verraient le prix de l’électricité baisser un peu plus que prévu dans le budget. Le plan du gouvernement prévoyait une augmentation des taxes sur l’électricité. Le Sénat s’y est opposé et a ensuite avancé l’idée d’augmenter la taxe sur le gaz naturel destiné à l’usage carburant. Lors d’une délibération, la majorité sénatoriale a accepté de le supprimer.

Concernant pensionsAux termes du Code de la sécurité sociale, celles-ci sont réévaluées chaque année début janvier, indexées sur l’inflation constatée par l’INSEE (Institut national de la statistique) pour l’année précédente. Pour économiser 3 milliards d’euros, les projets de lois de financement des sécurités sociales prévoyaient de les sous-indexer en 2025, jusqu’à la moitié de l’inflation, sauf pour les retraites inférieures au SMIC qui devaient bénéficier d’un complément en juillet. Sans ce texte, la loi prévaut et la hausse des retraites se fera automatiquement en fonction de l’inflation.

Dans le domaine de la santé, le Sénat avait approuvé, avec le soutien du gouvernement, une réduction de 200 millions d’euros du budget alloué à l’aide médicale de l’État (AME) destinée aux sans-papiers. Une décision qui a suscité l’indignation de nombreux spécialistes du secteur, qui ont mis en avant un problème de santé publique, face à cette réduction du budget. Cette réduction pourrait donc ne pas avoir lieu.

Avec le budget à bout de souffle, les grandes entreprises font partie des gagnants. En effet, plusieurs mesures les concernant devaient figurer dans le budget de l’Etat au chapitre « recettes », comme une surtaxe sur les bénéfices des grandes entreprises, une taxe exceptionnelle sur les grandes entreprises de fret maritime, ou encore une taxe sur les GAFAM, grandes entreprises du numérique. … Enfin, les sénateurs ont également prolongé le crédit d’impôt innovation pour une durée de trois ans, réduisant toutefois son taux de 30% à 20% à partir de 2025.

Les apprentis peuvent également souffler un peu. Il était prévu dans le budget 2025 qu’ils seraient soumis à deux cotisations sociales (CSG et CRDS). Mais ce ne sera pas le cas.

Comme rappelé Le point dans un article daté de ce mardi 3 décembre, le budget prévoyait une « contribution exceptionnelle aux résultats d’exploitation » ciblant les grandes compagnies maritimes, générant plus d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires. Mais cette mesure ne concernait en pratique qu’une seule entité : CMA CGM, principal armateur français, propriété de la famille Saadé. Cette contribution devait s’élever à 500 millions d’euros pour 2025, puis à 300 millions d’euros en 2026.impactant directement l’entreprise marseillaise.

Toujours selon La pointe, la suppression du budget conduit également l’abandon de la taxe de solidarité sur les billets d’avionqui devait entrer en vigueur le 1er janvier 2025 et générer 150 millions d’euros, ainsi que taxe sur le transport aérien de passagersestimé à 850 millions d’euros. Ces mesures avaient suscité une forte opposition dans le secteur aérien.

LE perdants

Parmi les perdants, Ce sont les actifs qui seront les plus ciblés à la fin du gouvernement Barnier. Habituellement, le barème de l’impôt sur le revenu est indexé sur l’inflation ou sur l’évolution des revenus des ménages observée l’année précédente. Cette indexation vise à éviter que l’augmentation des revenus n’entraîne une augmentation plus importante de la fiscalité. Une mesure que le gouvernement envisageait de reconduire cette année.

Or, sans cette mesure, des centaines de milliers de foyers tomberont sous le coup de l’impôt. Selon l’OFCE qui a publié une étude sur l’impact du gel du barème de l’impôt sur le revenu, il s’agit de “près de 380 000 ménages deviendraient redevables de l’impôt sur le revenu alors qu’ils en seraient exonérés si le barème était indexé sur l’inflation.” Toujours selon cette étude, “En cas de gel, les ménages proches du niveau de vie médian perdraient entre 50 et 100 euros par an par rapport à une situation d’indexation, soit entre 0,2% et 0,3% de leur niveau de vie annuel.”

Même si des groupes plus importants bénéficieraient un gel de certaines mesures fiscalesl’instabilité politique induite par la chute du gouvernement pourrait décourager les investissements. Les sociétés du CAC 40, particulièrement exposées à l’international, pourraient subir des pertes en Bourse, comme en témoignent les récentes fluctuations dues à l’incertitude budgétaire.

La censure du gouvernement entraînerait un blocage temporaire dans la gestion budgétairece qui aggraverait les tensions sur les marchés. Taux d’emprunt français ont déjà atteint des niveaux proches de ceux de la Grècereflétant la méfiance croissante des investisseurs. Une baisse durable de la confiance pourrait coûter des milliards à l’Étatce qui rend les efforts de réduction du déficit encore plus complexes.

Le projet de loi de finances (PLF) comprenait plusieurs mesures visant à réduire la fiscalité des agriculteurs, ainsi qu’un système modifié pour faciliter la transmission des exploitations agricoles, rappelle Info. Parmi les décisions ratifiées figurait l’abandon de la hausse de la fiscalité sur le gazole agricoleun sujet qui avait suscité une forte grogne et déclenché plusieurs manifestations dans le secteur. De plus, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) prévoyait une réforme du calcul des retraites agricolesdésormais basé sur les 25 meilleures années de revenus pour améliorer les retraites des opérateurs.

Bye bye, le retour du prêt à taux zéro… La Chambre haute avait validé le rétablissement du prêt à taux zéro (PTZ), un dispositif destiné à aider les primo-accédants dont les revenus respectaient un plafond pour financer leur premier achat immobilier, étendu à l’ensemble du territoire. Le budget 2025 visait à relancer le marché immobiliergrâce à plusieurs mesures clés. Parmi ceux-ci, les sénateurs avaient approuvé une exonération de certains droits de succession, applicable lorsque la donation était destinée à financer l’acquisition, la construction ou la rénovation d’un logement.

Pour être approuvée, la motion de censure discutée ce mercredi 4 décembre doit recueillir 288 voix.

 
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