En voyage au Mexique en septembre 2022, un homme de la région de la Capitale-Nationale a dû attendre plus de 36 heures avant de pouvoir subir une intervention chirurgicale nécessaire à son état de santé. En effet, son assureur, Beneva, a dû mener son enquête avant d’accepter de payer l’intervention. Un retard qui aurait bien pu avoir pour lui des conséquences à long terme, estime le couple.
Matthieu Gariépy et sa compagne, Catherine Ippersiel, se considéraient entre de bonnes mains lorsqu’ils ont quitté le pays le 11 septembre 2022 pour profiter pendant une semaine du soleil de la Riviera Maya au Mexique. Comme beaucoup de Québécois, ils bénéficiaient d’une assurance maladie voyage, auprès de la compagnie d’assurance Beneva en cas de problème de santé.
Deux jours après leur arrivée, Matthieu Gariépy est victime d’une crise cardiaque. Le couple s’est rapidement rendu à l’hôpital pour se faire soigner. Le personnel médical les informe que Matthieu doit être opéré en urgence, mais qu’ils doivent au préalable obtenir l’autorisation de ses compagnies d’assurance.
Il y a certains pays comme Cuba, le Mexique et la République Dominicaine, entre autres, où les frais de santé doivent être engagés avant de recevoir des services, donc le - d’attente était dû au fait de devoir attendre que l’assureur considère que nous étions assurés
explique Catherine Ipersiel.
Elle contacte rapidement leur assureur, Beneva, vers 20 heures. Elle apprend alors que la pose d’un stent vasculaire, un « stent », ne pourra être prise en charge par l’assureur qu’après avoir obtenu les antécédents médicaux de Matthieu.
Une radiographie coronarienne de Matthieu Gariépy réalisée à l’hôpital de Cancún. (Photo d’archives)
Photo : Avec l’aimable autorisation de Catherine Ippersiel
Dans la nuit du 13 au 14 septembre, vers 2 heures du matin, l’assureur demande au conjoint du patient de signer un formulaire de consentement à la divulgation de renseignements afin de lui permettre de communiquer avec le cardiologue et le médecin traitant.
En cas d’infarctus ou d’infarctus, c’est le - qui compte et détermine tout. Il [Matthieu] il fallait faire installer les piquets de cœur très rapidement, mais ce n’était pas une procédure qui pouvait être effectuée avant de payer. Cela entraîne un retard important dans la prise en charge, surtout dans un contexte où il s’agit d’une maladie qui nécessite un traitement urgent, sinon on se retrouve face à un cas de vie ou de mort.
souligne Catherine Ippersiel dans une interview.
Coût estimé : 50 000 $ US
Constatant que son compagnon attend toujours son opération 24 heures après leur arrivée à l’hôpital, Catherine demande alors au personnel s’il est possible de prendre en charge elle-même le coût de l’intervention.
C’est à ce moment-là qu’on m’a dit que pour placer les piquets et les différentes radiographies coronariennes à faire, on parle d’un [montant de] 50 000 $ US
explique-t-elle.
Catherine Ippersiel aurait préféré que l’assureur paie la facture d’avance et réclame ensuite le montant si nécessaire.
Vous retrouver dans une situation d’urgence où vous êtes pris en otage par des soins de santé urgents et nécessaires, mais que personne d’autre ne paiera alors que vous êtes assuré. Je dois dire que c’est particulièrement stressant, surtout quand on est dans un autre pays, quand personne ne parle notre langue et quand on est dans un contexte de vie ou de mort.
ajoute-t-elle.
Dans une lettre adressée à Matthieu Gariépy, dont Radio-Canada a obtenu copie, Beneva précise avoir évoqué à quelques reprises Catherine Ippersiel faire tout ce qui était médicalement nécessaire
en rapport avec l’état de Matthieu.
Vous étiez obligé d’atténuer vos dommages et de faire ce qui était médicalement nécessaire pour maintenir votre état de santé.
précise Beneva dans sa lettre.
On est d’accord sur le fait que 50 000 US$, très peu de gens ont ça à leur disposition lorsqu’ils partent en voyage
explique-t-elle, assurant qu’elle ne pourrait pas payer une telle somme.
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Catherine Ippersiel a effectué de multiples démarches depuis le Mexique. Elle contacte les délégations québécoises à l’étranger et les ambassades canadiennes notamment. (Photo d’archives)
Photo : avec l’aimable autorisation
Ce n’est que le lendemain matin, à 9 heures, le 15 septembre, que l’assureur confirme qu’il couvrira l’opération de Matthieu ; 36 heures se sont écoulées entre le premier appel de Catherine et la décision de l’assureur.
Payez d’abord
Beneva a refusé de commenter cette histoire pour des raisons de confidentialité. L’assureur nous a néanmoins indiqué par courriel qu’il fallait toujours vérifier si la situation résulte d’une maladie soudaine ou inattendue pour déterminer si les dépenses sont admissibles.
Selon le niveau d’urgence de chaque situation, il est parfois nécessaire qu’un assuré assume les frais liés à ce qui est médicalement requis par l’état d’urgence médicale en attendant la confirmation de sa couverture d’assurance.
précise Beneva par mail.
L’Autorité des marchés financiers n’a pas souhaité commenter le cas de Matthieu Gariépy.
L’Association canadienne des compagnies d’assurances de personnes précise également qu’elle ne souhaite pas commenter des cas précis, mais nous a néanmoins précisé par courriel que Lorsqu’une réclamation est soumise, un assureur doit prendre le - nécessaire pour l’évaluer avant de confirmer la couverture.
.
Comme Beneva, l’Association canadienne des compagnies d’assurance de personnes offre aux assurés la possibilité de payer eux-mêmes les soins s’ils sont jugés urgents.
Il est donc possible qu’un patient doive d’abord payer, puis demander ultérieurement un remboursement à sa compagnie d’assurance.
précise Dominique Biron-Bordeleau, directrice des affaires publiques et gouvernementales, par courriel.
Dans le cas de Matthieu et Catherine, rappelons que le montant à payer était de 50 000 $ US.
Mise en demeure
En mai 2024, le couple adresse une mise en demeure à Beneva, estimant avoir subi un préjudice en lien avec leur plainte.
Beneva a répondu dans une lettre dans laquelle il soutient que l’Assureur et l’Assistance ont respecté leurs obligations contractuelles et pour cette raison, nous estimons qu’aucune faute contractuelle n’a été commise
.
Beneva estime qu’une partie du retard est imputable au fait qu’il a fallu 15 heures à Catherine Ippersiel pour retourner le formulaire de consentement à la divulgation d’informations. Mme Ippersiel précise pour sa part que les documents ont d’abord été envoyés à son conjoint, alors qu’il était hospitalisé, ce qui explique en grande partie le retard.
Mme Ippersiel ajoute qu’elle avait également entrepris plusieurs autres démarches, notamment en contactant l’ambassade du Canada et le gouvernement du Québec.
On m’a quand même dit que j’avais de la chance car parfois, l’assureur prend plus de - que ça pour évaluer le dossier, donc probablement la pression que j’ai mise aura permis un traitement plus rapide.
dit-elle.
A savoir qu’il s’agit d’un processus d’assurance rapide, il y a lieu de s’interroger. Nous ne parlons pas d’un bras cassé, nous parlons d’une crise cardiaque.
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Deux ans après sa crise cardiaque au Mexique, Matthieu Gariépy et sa compagne espèrent désormais sensibiliser les voyageurs. (Photo d’archives)
Photo : Avec l’aimable autorisation de Catherine Ippersiel
Depuis cette mésaventure, Catherine Ippersiel tente de sensibiliser la population et le gouvernement à ce sujet.
Nous avons surmonté cette épreuve, mais aujourd’hui, mon partenaire a perdu sa capacité cardiaque. Il est sur le point de se faire poser un stimulateur cardiaque. [stimulateur cardiaque] parce que son cœur est tellement limité dans ses fonctions cardiaques qu’il a besoin d’être surveillé. Il est donc certain que cet épisode a eu un impact direct sur sa santé. D’autres personnes devraient-elles vivre ce genre de situation ? je ne crois pas
conclut-elle.
Catherine Ippersiel estime que la législation devrait être modifiée, tout comme les contrats d’assurance, afin de mieux protéger les clients.