Maisonneuve | La collecte espacée des déchets suscite le mécontentement

Les citoyens de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve réclament la démission de leur maire d’arrondissement pour avoir espacé la collecte des déchets aux deux semaines. Selon eux, les rues sont désormais « jonchées de déchets ». Mais au fait, à quoi sert la mesure ?

Ce que vous devez savoir

  • En 2022, un projet pilote visant à espacer la collecte des ordures ménagères a été implanté dans deux secteurs de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve ;
  • Depuis la mi-novembre, la mesure a été étendue à l’ensemble du quartier ;
  • Les citoyens contestent cette mesure depuis le début du projet pilote et réclament la démission du maire Pierre Lessard-Blais.

« Dans le contexte de crise climatique et de débordement accéléré de nos décharges, il est impératif de revoir la manière dont nous gérons nos déchets. Nous sommes convaincus que les résidents […] sera en mesure de relever ce défi », affirme le maire de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve (MHM), Pierre Lessard-Blais.

Ces dernières semaines, il s’est retrouvé au cœur d’une polémique locale, son quartier ayant mis en place une collecte des déchets toutes les deux semaines en novembre. La mesure fait l’objet de tests dans plusieurs secteurs depuis 2022, mais a été étendue à l’ensemble du quartier depuis mi-novembre.

L’initiative se veut une manière de « couper à la Source » pour éviter d’engorger les centres de tri, déjà surchargés, prévenait la mairesse de Montréal, Valérie Plante, en 2023. Son administration souhaite l’étendre prochainement à d’autres arrondissements.

À l’Institut national de la recherche scientifique, la professeure agrégée Louise Hénault-Ethier, spécialisée en compostage, appuie la mesure.

« Réduire la fréquence de collecte, comme cela se fait dans plusieurs autres villes du Québec et du monde, réduit le nombre de camions sur les routes, permet d’économiser de l’argent et permet de désengorger nos centres de tri », dit-elle. .

La circonscription MHM précise notamment que dans le secteur Saint-Justin, où la mesure est en place depuis environ trois ans, une réduction de 23 % du tonnage collecté a été observée. Au cours de la même période, la plupart des autres arrondissements ont enregistré une diminution de seulement 8 % à cet égard.

Des rues « jonchées de déchets »

Or, ce discours politique est très mal perçu par certains citoyens. Une dizaine d’entre eux, membres de la Ligue 33, un organisme qui lutte pour une meilleure qualité de vie dans Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, se sont rassemblés pour manifester devant l’hôtel de ville du district, lundi soir.

«C’est une question d’hygiène», explique le porte-parole de l’organisme, André-Philippe Doré. On remarque que ça pue, mais aussi que la vermine, les renards ainsi que les souris et les rats, sont plus présents qu’avant dans le quartier. »

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PHOTO PROVIDED BY ANDRÉ-PHILIPPE DORÉ

Waste accumulates on certain sidewalks in Mercier–Hochelaga-Maisonneuve.

Ces citoyens réclament le retour de la collecte hebdomadaire, en attendant que l’arrondissement mette en place un plan de réduction des déchets plus « rationnel ». De nombreux citoyens ne respectent pas les horaires de collecte et laissent leurs déchets dans la rue, ne voulant pas les garder à l’intérieur, explique M. Doré. Les déversements illégaux se multiplient même dans les poubelles publiques ou devant les camps de sans-abri.

Lorsque la collecte se fait aux deux semaines, les déchets augmentent, confirme Louise Hénault-Ethier. « Mais presque partout, l’histoire montre que les choses s’adaptent rapidement. Il y a une période de transition qui fera que ça ira mieux après », note-t-elle.

Décharge

Il n’en demeure pas moins que certains citoyens souffrent davantage de la collecte aux deux semaines que d’autres, rappelle M. Doré.

« Il y a des citoyens qui ont un enfant handicapé qui porte des couches pour adultes. Ils se plaignent que leur appartement pue. Même chose pour ceux qui ont dû subir une stomie, qui doivent changer leur pochette souillée», décrit-il.

Les propriétaires d’animaux s’adaptent également du mieux qu’ils peuvent. Une manifestante, Caroline Chagnon, se plaint de devoir garder la litière de ses deux chats à l’intérieur pendant une période plus longue. « Je ne peux pas imaginer ce que ce serait si j’avais un enfant », commente-t-elle.

Mmoi Chagnon a du mal à comprendre que son quartier ait été choisi en premier pour l’espacement des collectes, considérant qu’il connaissait déjà des enjeux sanitaires. « J’ai l’impression que le maire n’a pas du tout pris cela en considération », dénonce-t-elle. Compte tenu de la situation socio-économique du quartier, ce n’était pas un endroit idéal pour adopter une telle mesure. »

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PHOTO PROVIDED BY ANDRÉ-PHILIPPE DORÉ

Waste accumulates on certain sidewalks in Mercier–Hochelaga-Maisonneuve.

«Je trouve que les citoyens sont utilisés au service d’un agenda idéologique plutôt que d’être à leur service», commente un autre manifestant, Alexandre Giasson.

M. Giasson craint que sa propriété ait perdu de la valeur, compte tenu des enjeux sanitaires du secteur. « Mon quartier est carrément dégueulasse », dénonce-t-il. Au même prix, pourquoi rester dans une décharge ? Je n’achèterais pas ici si c’était à refaire. »

La Ligue 33 et M. Giasson réclament la démission du maire Pierre Lessard-Blais, notamment en raison de l’espacement des collectes, mais aussi parce qu’ils dénoncent son « manque de transparence ». En dehors du conseil d’arrondissement, la Ligue 33 aurait tenté d’obtenir un rendez-vous avec l’élu, sans succès.

«On a l’impression que l’administration d’arrondissement est un mur de briques», déplore M. Doré. Pierre Lessard-Blais n’est évidemment pas le pire despote, mais il ne semble littéralement pas écouter la population. »

M. Lessard-Blais se dit « conscient que l’augmentation de la fréquence de la collecte des déchets ménagers entraîne un changement dans nos habitudes et nos actions en matière de tri.

« Nous reconnaissons qu’il faut une période d’adaptation pour s’adapter à la nouvelle méthode de collecte. L’arrondissement veut soutenir la population », assure-t-il, rappelant que l’organisme Jour de la Terre et son arrondissement offrent un soutien sur le terrain et par téléphone, si nécessaire.

 
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