Il avait répété à plusieurs reprises qu’il ne le ferait pas, mais il est revenu sur sa parole : Joe Biden a gracié son fils Hunter, empêtré dans plusieurs affaires judiciaires. De quoi provoquer l’indignation des Républicains et le malaise jusque dans le camp démocrate.
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“Aucune personne raisonnable examinant les faits dans les affaires Hunter ne peut parvenir à une conclusion autre que celle-ci : Hunter a été choisi uniquement parce qu’il est mon fils”, a déclaré le 82e président. ans dans un communiqué de presse dimanche.
Le démocrate a ainsi annoncé, quelques semaines avant l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, user de son pouvoir présidentiel de grâce pour absoudre son fils Hunter, 54 ans, qui attendait sa sentence dans des affaires de détention illégale d’armes à feu et de fraude fiscale.
Selon la porte-parole de l’exécutif américain Karine Jean-Pierre, Joe Biden est convaincu que ses opposants « cherchent à faire craquer son fils pour le faire craquer ».
“Ce n’était pas une décision facile à prendre”, a-t-elle déclaré lundi à bord d’Air Force One, qui se dirigeait vers l’Angola, où le président est en visite pour quelques jours.
Joe Biden avait pourtant affirmé à plusieurs reprises qu’il n’utiliserait pas cette prérogative constitutionnelle pour son plus jeune fils. La Maison Blanche a encore démenti toute intention en ce sens le 7 novembre.
“Iceberg”
Une volte-face que les adversaires de Joe Biden n’ont pas manqué de fustiger.
“Pendant des mois, lui et ses porte-parole de la Maison Blanche ont promis au peuple américain qu’il ne gracierait pas Hunter Biden”, a rappelé lundi le sénateur républicain Tom Cotton sur Fox News.
« Nous savons désormais que sa parole ne vaut rien », a-t-il déclaré.
Pour le républicain James Comer, « les accusations auxquelles Hunter a été confronté n’étaient que la pointe de l’iceberg », et le président a menti « du début à la fin sur les activités de trafic d’influence corrompues commises par sa famille ». .
“Il est regrettable qu’au lieu de reconnaître leurs décennies d’actes répréhensibles, le président Biden et sa famille continuent de faire tout ce qu’ils peuvent pour éviter de rendre des comptes”, a déclaré l’élu influent sur X.
Le président démocrate s’est attiré des critiques même dans son propre camp.
La décision crée “un mauvais précédent dont les futurs présidents pourraient abuser et va malheureusement ternir sa réputation”, a déclaré sur X le gouverneur démocrate du Colorado, Jared Polis, disant toutefois comprendre le choix de Joe Biden “comme père”.
L’élu démocrate Glenn Ivey a déclaré pour sa part avoir des « sentiments mitigés » sur la question.
Car même si Joe Biden a voulu protéger son fils de poursuites « injustes », cette grâce « sera utilisée contre nous lorsque nous lutterons contre les abus qui viennent de l’administration Trump », a-t-il prévenu sur CNN.
“Abus”
Mais aux yeux de Nicholas Creel, professeur au Georgia College & State University, si la décision de Joe Biden de gracier son fils devait s’avérer « politiquement impopulaire », son impact devrait rester minime sur le paysage politique.
Donald Trump “n’avait pas besoin d’excuse” et a déjà dit “très clairement, depuis l’élection présidentielle, qu’il considère sa victoire comme un mandat pour faire ce qu’il veut”, estime le professeur à l’AFP.
Le républicain a déjà laissé entendre qu’à son retour à la Maison Blanche le 20 janvier, il n’hésiterait pas à user de ses prérogatives pour gracier tous les condamnés pour l’assaut du Capitole à Washington le 6 janvier 2021. Les partisans de Donald Trump avaient alors tenté de empêcher le Congrès de certifier la victoire présidentielle de Joe Biden.
Le futur président l’a d’ailleurs évoqué dans un message dimanche sur sa plateforme Truth Social : « La grâce accordée par Joe à Hunter inclut-elle les otages du 6 janvier, emprisonnés depuis des années ? Quels abus et quelle erreur judiciaire !
Lors de son premier mandat, Donald Trump a gracié Charles Kushner, père de son gendre Jared, reconnu coupable de fraude fiscale. Samedi, il a annoncé avoir choisi cet ancien magnat de l’immobilier pour devenir ambassadeur des Etats-Unis en France.
Pardonner un membre de sa famille, une décision rare pour un président américain
La grâce accordée par Joe Biden à son fils Hunter constitue l’un des très rares cas où un président américain a exercé ce pouvoir constitutionnel au profit d’un membre de sa famille.
Les présidents américains décrètent des centaines de grâces ou de commutations de peine, avec une accélération notable à la fin de leur mandat de quatre ans.
Mais la décision de Joe Biden en faveur de son fils avant le prononcé de la peine dans deux affaires distinctes n’est que la troisième dans l’histoire récente des États-Unis à bénéficier à un membre de la famille présidentielle.
Selon le président sortant, son fils, reconnu coupable de détention illégale d’arme à feu et de fraude fiscale, est victime d’une « erreur judiciaire ».
Son prédécesseur et futur successeur républicain Donald Trump a également gracié en décembre 2020 le père de son gendre et conseiller Jared Kushner, condamné en 2004 à deux ans de prison pour détournement d’impôts.
« Pourquoi le président Biden n’a-t-il pas gracié Hunter l’année dernière avant de le nommer ambassadeur à Paris ? plaisante Richard Painter, haut responsable juridique à la Maison Blanche sous George W. Bush, sur les réseaux sociaux.
Le prédécesseur démocrate de ce dernier, Bill Clinton, a gracié son demi-frère Roger Clinton, reconnu coupable de possession de cocaïne en 1985, en 2001, le dernier jour de son mandat.
Dans le cas de Roger Clinton et de Charles Kushner, les deux hommes avaient purgé leur peine de prison au moment où ils ont été graciés.