Donald Trump à la convention républicaine à Milwaukee, le 18 juillet 2024 (AFP / Patrick T. Fallon)
La volonté du président élu Donald Trump d’imposer des droits de douane sur tous les produits entrant aux Etats-Unis inquiète beaucoup les importateurs de vin et les restaurateurs, qui espèrent pouvoir profiter d’exceptions pour protéger les petites entreprises.
Pour l’heure, les professionnels du vin aux Etats-Unis préfèrent attendre pour en savoir plus sur les véritables intentions du président élu.
“Nous attendons de connaître les détails, nous espérons qu’il y aura des exceptions sur des produits particulièrement essentiels pour les petites entreprises”, souligne Ben Aneff, président de l’alliance américaine du commerce du vin.
Donald Trump a donné le ton en annonçant lundi des droits de douane de 25 % contre le Canada et le Mexique, deux des principaux partenaires commerciaux des États-Unis et théoriquement protégés par un accord de libre-échange. Il a de nouveau menacé samedi les pays des BRICS de droits de douane de « 100 % » s’ils sapaient la domination du dollar.
« Nous étions inquiets de le voir appliquer d’abord des droits de douane sur les produits européens, ce n’est pas encore le cas, mais cela pourrait venir. C’est vraiment ce qui m’inquiète : il pourrait tout faire d’un coup. », explique DeWayne Schaaf, restaurateur dans le Missouri (centre).
Vines in Saint-Emilion (France) on October 30, 2024 (AFP / Philippe LOPEZ)
En France, les professionnels attendent aussi, a reconnu mercredi devant la presse le président de la Fédération des exportateurs français de vins et spiritueux (FEVS), Gabriel Picard. “Autour de 10%, c’est abordé d’une certaine manière, à 40 ou 50%, c’est punitif et c’est la fermeture du marché”, a-t-il estimé.
A terme, une augmentation de ces droits de douane pourrait entraîner « une baisse des salaires avec moins d’heures pour mes salariés », note par exemple DeWayne Schaaf.
“Je ferai de mon mieux pour continuer à acheter du vin européen mais au final, si je veux rester ouvert, ce sont les clients qui devront payer les droits de douane”, a déclaré Noah Bush, propriétaire d’un groupe de restauration à Tulsa. Oklahoma (centre).
– Expérience douloureuse –
En 2019, alors que le différend entre les États-Unis et l’Union européenne concernant les subventions accordées aux avionneurs Airbus et Boeing se poursuivait, M. Trump avait décidé d’imposer des droits de douane de 25 % sur un ensemble de produits européens, dont les vins et spiritueux.
Une annonce qui a « choqué tout le monde », insiste Ben Aneff.
Noah Bush se souvient que, si certains de ses établissements étaient « capables d’absorber une partie du coût », « au final, nous avons dû en reverser une partie aux clients et nous avons immédiatement constaté une baisse des ventes ».
«Nous avons dû augmenter nos prix d’environ 15%», explique DeWayne Schaaf, «le reste du coût a été pris en charge par mon restaurant, afin de maintenir un prix compétitif sur nos vins haut de gamme.»
Côté français, les droits ont aussi eu un réel impact : « 25 % de droits de douane, ça fait 25 % de volume en moins, ça fait 600 millions de moins », a souligné Philippe Tapie, président de Bordeaux Négoce et de Haut Médoc Sélection, lors de la conférence de presse. présentant le salon Wine Paris 2025, mercredi.
Les cuves d’un vigneron dans la région bordelaise (France) le 26 septembre 2024 (AFP / Philippe LOPEZ)
A l’époque, les entreprises américaines avaient augmenté leurs commandes de vins européens avant l’application des droits de douane, ce qui permettait aux vignerons français d’en réduire l’impact sur leurs finances.
C’est aussi la stratégie qu’a adoptée Noah Bush : « J’ai acheté autant que je pouvais, cela nous laissait une petite marge de sécurité. Mais nous avons été touchés au bout d’un moment et nous avons dû réduire les horaires de nos employés pour essayer de suivre le rythme. »
« On a survendu pour essayer d’anticiper les choses, c’était un coût supplémentaire pour eux. Cela ne se reproduira plus, c’est très clair, nous n’avons pas d’accélération des ventes ni des prises de commandes”, a conclu M. Tapie.
Un avis que DeWayne Schaaf ne partage toutefois pas : « J’ai acheté 40 % de plus que ces deux derniers mois, je remplis au maximum la capacité de ma cave ».
“Mon distributeur a acheté dix contenants de vin”, l’équivalent de plusieurs millions de dollars, “c’est de l’argent qu’il ne pourra pas mettre sur les vins américains, ça touche déjà les entreprises”, souligne-t-il.