Le Tchad et le Sénégal sont les dernières illustrations de la perte spectaculaire de l’influence française sur le continent, où la Russie et la Chine poussent leurs pions.
L’information a été officialisée par un communiqué publié dans la nuit de jeudi à vendredi, peu avant minuit : le Tchad a décidé de mettre fin à l’accord de coopération de défense signé avec la France.
Après 66 ans d’indépendance, le Tchad souhaite affirmer sa pleine souveraineté, précise le ministère tchadien des Affaires étrangères. La fin de l’accord de coopération de défense avec Paris permettra au Tchad de redéfinir ses partenariats stratégiques, précise le communiqué.
Cette décision devrait conduire au retrait d’environ 1 000 militaires français actuellement déployés.
Mais les « relations historiques » et «liens d’amitié” Avec la France, aucun cas n’est remis en cause, assure le gouvernement tchadien.
Cette annonce, faite alors que Jean-Noël Barrot, le ministre français des Affaires étrangères, venait d’achever son déplacement dans le pays, est pourtant un nouveau camouflet pour la France, reconnaissant l’échec de la stratégie d’Emmanuel Macron sur le continent, en même temps que il a reçu vendredi le président nigérian Bola Tinubu en visite d’Etat pour en faire un partenaire privilégié sur le continent.
Un camouflet pour la France
Rien ne montre que Paris ait été informé avant cette annonce. Le président français avait d’ailleurs personnellement soutenu Mahamat Idriss Déby, lorsqu’il succédait à son père dans des circonstances troubles. Mais surtout, ce revers intervient dans un contexte sensible.
Alors qu’il avait étroitement coopéré avec les armées occidentales, le Tchad s’est rapproché de la Russie ces dernières années. Depuis deux ans, le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont fait de même et ont également cessé leur coopération militaire avec l’ancienne puissance coloniale, présente dans ces pays dans le cadre de la lutte contre les groupes jihadistes au Sahel.
Le président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, a pour sa part estimé, jeudi, dans Le Monde, que le maintien des militaires français dans son pays ne correspondait pas à ses « conception de la souveraineté et de l’indépendance » et que leur retrait était «évident”.
« Nous coopérons avec les États-Unis, la Chine et même la Turquie sans que ces pays n’aient de base sur notre sol. Nos relations restent néanmoins au beau fixe. Ce n’est pas parce que les Français sont là depuis l’époque de l’esclavage qu’il est impossible de faire autrement. »a-t-il affirmé.
L’ombre de Moscou
Le président sénégalais n’exclut pas non plus de travailler avec la Russie. Moscou qui souffle sur les braises du sentiment anti-français en Afrique, où la Chine étend par la même occasion son influence.
« Aujourd’hui, nous voulons travailler avec tous ceux qui peuvent investir et contribuer à créer de la richesse au Sénégal »specifies Bassirou Diomaye Faye.
« D’ici dix ou quinze ans, il n’y aura plus un seul soldat français en Afrique, anticipe une Source ivoirienne au Monde. Parce que la France n’y arrive plus financièrement et parce que la jeunesse africaine n’y parvient plus.»
Une présence réduite au Gabon et en Côte d’Ivoire
Jean-Marie Bockel, l’émissaire d’Emmanuel Macron sur le continent, a remis lundi un rapport détaillant des propositions sur la manière dont la France pourrait réduire sa présence également au Gabon et en Côte d’Ivoire, où devraient rester une centaine de soldats selon l’AFP citée par Le Point.
Mais il n’avait évidemment pas une vision complète de la situation.. « Nos partenaires africains ne veulent pas que nous partions » » a-t-il encore répété le 7 novembre sur RFI, citant l’exemple du Tchad.