Ces entreprises résistent au Black Friday

La créatrice de mode Marie-Lou Boucher a décidé de ne pas céder à la pression d’offrir des rabais lors du Black Friday.

Un choix qu’elle fait depuis six ans.

« Je profite de cette journée pour sensibiliser les gens à leur consommation. Je n’ai rien contre les réductions. Mais les valeurs de l’entreprise, c’est d’acheter moins et d’acheter mieux», affirme celle qui conçoit des vêtements sous la marque québécoise Marilou Design.

Il y a deux ans, Marie-Lou Boucher ouvrait une boutique à côté de son atelier sur l’avenue Godin à Québec. (Frédéric Matte/Le Soleil)

Cette dernière souhaite que les consommateurs s’interrogent davantage sur leur rapport à l’achat. « Ce n’est pas parce que c’est 20 $ qu’il faut acheter », donne-t-elle en guise d’exemple.

«Toute l’année, nous luttons contre mode rapide. Pourquoi le jour de Vendredi noirJe mettrais tout en réduction ? » demande l’entrepreneuse, qui a son atelier sur l’avenue Godin, à Québec, où travaillent trois couturières.

Toutefois, Mme Boucher se dit consciente qu’il s’agit d’une période cruciale pour ses collègues du commerce de détail. « Nous vivons actuellement la période la plus importante pour les détaillants. Cela représente un gros trimestre de chiffre d’affaires pour tout type d’entreprise », note-t-elle.

Cette position peut lui nuire. Mais elle préfère rester fidèle à ses valeurs.

« Plusieurs entreprises font beaucoup de ventes durant cette journée. Mais la raison pour laquelle je fais ce que je fais tous les jours n’est pas pour avoir le meilleur chiffre d’affaires le 29 novembre », soutient le créateur.

En cohésion

En affaires pour faire la différence, Donna Willet partage la vision de la fondatrice de Patagonia, une marque de plein air qu’elle représente désormais.

En effet, le commerçant a ouvert la première adresse de cette bannière au Québec dans une partie de l’épicerie JA Moisan en 2021. Depuis, participer au Black Friday ne fait plus partie des options.

« Nous connaissons l’impact de l’industrie textile sur l’environnement. C’est pourquoi Patagonia n’a jamais participé au Black Friday », explique Mme Willet.

La boutique Patagonia est installée dans une partie de la célèbre épicerie JA Moisan de la rue Saint-Jean.
(Jocelyn Riendeau/Archives Le Soleil)

La femme d’affaires souhaite plutôt encourager « les gens à acheter selon leurs besoins ».

Même le jour J.

D’autant que les clientes qui adoptent les vêtements de cette marque née en Californie sont d’accord avec ce camouflet, souligne-t-elle.

« Chez nous, les clients partagent nos valeurs. […] On nous demande de temps en temps si nous faisons le Black Friday. Nous expliquons pourquoi et tout le monde comprend.

Des initiatives qui tiennent la route

Boycotter le Black Friday peut être bénéfique pour les détaillants, affirme Maryse Côté-Hamel, professeure en sciences de la consommation à l’Université Laval.

« Les entreprises feraient bien d’encourager les gens à acheter. Mais elles se positionneront comme des entreprises qui ont à cœur le bien-être des consommateurs », explique-t-elle.

« Cela peut aider à développer un sentiment d’appartenance ou un lien avec l’entreprise. Contribuer à la fidélisation sur le long terme », ajoute le spécialiste.

Qu’il s’agisse du No Purchase Day, du Green Friday ou du Giving Tuesday, les initiatives pour consommer autrement à l’approche des fêtes se multiplient ces dernières années.

« Il y a plusieurs mouvements qui tournent autour du Black Friday. De plus en plus, on critique la société de consommation et le consumérisme», explique Mme Côté-Hamel.

Même s’il reste encore marginal, le message véhiculé par ces initiatives est de plus en plus entendu. (Jocelyn Riendeau/Archives Le Soleil)

C’est également le cas de la campagne Small Business Saturday lancée par la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI). La Fédération souhaite ainsi sensibiliser les consommateurs à l’importance de soutenir l’achat local au lendemain du Black Friday.

Et le message véhiculé par ces initiatives est de plus en plus entendu.

« Les consommateurs veulent trouver les produits dont ils ont besoin au juste prix. En retour, ils ont besoin de se sentir bien en tant que consommateurs et d’avoir l’impression de contribuer positivement à la société », conclut le professeur.

 
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