(Québec) Il y a un accroc dans les relations entre le gouvernement Legault et Santé Québec à la veille de l’entrée en fonction dimanche de la nouvelle société d’État. Santé Québec s’est vu refuser une place à la table de négociation avec les médecins, où sont discutés des enjeux majeurs pour le fonctionnement du réseau dont elle a la responsabilité.
Ce que vous devez savoir
- Santé Québec entrera en fonction dimanche.
- Les négociations avec les médecins seront déterminantes pour la gestion du réseau.
- Toutefois, la société d’État est exclue de la table des négociations.
Selon nos informations, des discussions ont eu lieu sur le rôle de Santé Québec dans le cadre de négociations avec la Fédération des médecins généralistes du Québec (FMOQ) et la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ).
La société d’État aurait voulu un représentant, au moins un observateur, à la table où se déroulent les négociations pour renouveler les accords de rémunération avec les médecins. Ce serait même un souhait de la présidente du conseil d’administration, Christiane Germain, une « meilleur pistolet » recruté par le ministre de la Santé, Christian Dubé. Ils se connaissent depuis plus de 30 ans.
Il n’y aurait pas eu de demande formelle auprès du gouvernement, mais des discussions sur le sujet. Et le Conseil du Trésor a indiqué que Santé Québec ne sera pas invité à la table des négociations. L’entreprise publique est donc exclue.
Les accords avec les fédérations médicales dépassent les 8 milliards de dollars par an. Ils contiennent des dispositions qui ont un impact direct sur le fonctionnement et la gestion du réseau, dont la responsabilité reviendra à Santé Québec à compter de dimanche.
L’entreprise publique deviendra alors l’unique employeur du réseau ; les médecins ont le statut de travailleurs indépendants et ont un client, l’Etat.
À la table, le gouvernement est représenté principalement par des négociateurs du Conseil du Trésor ; le ministère de la Santé dispose de deux sièges. Les négociations se concentrent au Trésor en vertu d’une décision prise par le gouvernement Legault en 2022. On se souviendra de la polémique sous le gouvernement Couillard : le ministère de la Santé, alors dirigé par Gaétan Barrette, avait été exclu des négociations avec les médecins en 2016 lorsqu’il avait le mandat de les diriger dans le passé.
“Ils sont dans le coup”
Ces négociations sont dirigées par la négociatrice en chef du gouvernement, Édith Lapointe. Elle est responsable du renouvellement des conventions collectives avec les syndicats d’employés de l’État depuis 2018, à la suite d’une nomination effectuée dans les derniers mois du gouvernement Couillard.
Christiane Germain réalisé La presse à l’équipe des communications de Santé Québec, qui n’a ni démenti ni confirmé notre information. « Nous ne commentons pas le sujet », nous contentons-nous de dire. A noter que l’organisme reconnaît tout de même l’existence d’un « dossier ».
De son côté, la présidente du Conseil du Trésor, Sonia LeBel, soutient que même si Santé Québec est absente de la table, elle n’est pas laissée dans l’ignorance.
Ce que je veux dire officiellement, c’est qu’ils participent aux négociations, qu’ils sont au courant. Ce n’est pas comme si nous ne leur parlions jamais. Ils en font partie, c’est clair, clair, clair.
Sonia LeBel, présidente du Conseil du Trésor
Le bureau de Christian Dubé a décliné une demande d’entrevue.
En coulisses, des sources soulignent l’importance pour Santé Québec de s’impliquer dans les négociations avec les médecins. Difficile de lui confier la gestion du réseau sans lui permettre de s’impliquer dans les échanges avec un groupe de professionnels aussi important. Aucun employeur, y compris dans le privé, ne pourrait fonctionner ainsi, résumons-nous.
Que le nom de Christiane Germain soit évoqué dans ce débat n’est pas surprenant, ajoutons-nous. Des sources ont souligné à quel point l’ex-dragon est impliqué dans la fondation de Santé Québec. « Christiane Germain est très, très, très impliquée. Ce n’est pas une touriste», a-t-on dit à propos du cofondateur et coprésident de l’hôtellerie Groupe Germain.
Le gouvernement répète la même formule depuis des mois : Santé Québec s’occupera des opérations et le Ministère s’occupera des orientations. La frontière ne semble pas si simple à définir en pratique.
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