Le VIH est toujours en hausse à Montréal : plus de 300 nouveaux cas ont été enregistrés cette année. Le coût des médicaments et la stigmatisation représentent encore des obstacles majeurs pour limiter la transmission de la maladie, prévient la Santé publique.
Un défi de santé publique
Le VIH reste un enjeu de santé publique important dans la métropole. Au total, 329 nouveaux cas de VIH ont été recensés en 2023, comparativement à 311 l’année précédente, selon un bilan de la Direction régionale de santé publique (DRSP) de Montréal publié ce vendredi. «C’est plus élevé que ce qu’on avait avant la pandémie, avec 190 cas en 2019», affirme le responsable médical du secteur des infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS) à la DRSP de Montréal, le Dr.r Julien Gitelman. L’augmentation s’explique en partie par le rattrapage des dépistages non effectués pendant la pandémie en raison de capacités limitées.
Traitement pour bloquer la transmission
Actuellement, trop peu de personnes diagnostiquées séropositives bénéficient d’un traitement antirétroviral (TAR), selon la Santé publique. Ces traitements, lorsqu’ils sont débutés précocement, bloquent la progression de la maladie et limitent les risques de transmission. Or, au Québec, seulement 82 % des personnes vivant avec le VIH suivent ces traitements. C’est insuffisant, selon le Dr Gitelman. L’objectif du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/SIDA est plutôt de l’ordre de 95 %.
Un outil de prévention encore sous-utilisé
Des médicaments sont également disponibles pour les personnes qui ne sont pas séropositives mais qui peuvent être exposées au virus. Le traitement, appelé prophylaxie pré-exposition ou PrEP, empêche le virus de se reproduire et de s’installer dans les cellules immunitaires. Il peut être pris en continu (un comprimé par jour) ou à la demande (avant et après les rapports sexuels). Son adoption reste cependant insuffisante, selon la Santé publique : seulement 48,5 % des hommes gais, bisexuels et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes pour lesquels un traitement est recommandé déclarent l’avoir utilisé entre 2021 et 2023. La PrEP peut être prescrite par un médecin de famille ou un professionnel de santé agréé dans des établissements comme la clinique Actuel, la clinique médicale urbaine du Quartier Latin ou la clinique Licorne.
Des groupes plus à risque
Au cours de la dernière année, les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et les nouveaux arrivants représentaient la majorité des nouveaux cas de VIH à Montréal. Sachant que la plupart des personnes souhaitant immigrer dans la métropole doivent passer un test de dépistage du VIH, “cela peut expliquer en partie le nombre de cas observés dans cette population”, estime la Dr Gitelman. Au total, 157 nouveaux arrivants ont reçu un diagnostic de VIH sur plus de 100 000 personnes ayant immigré au Québec durant cette période.
Attention à la stigmatisation
La stigmatisation des personnes vivant avec le VIH reste un défi important. “C’est en partie la stigmatisation qui empêche les gens de se faire dépister, car ils ne veulent pas dire à leur médecin qu’ils sont homosexuels et qu’ils risquent d’être infectés par le VIH”, déplore le D.r Gitelman. Le médecin encourage les personnes à risque à se renseigner auprès de leur professionnel de santé.
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