Pas de partenaire privé, pas d’argent public. Pas d’argent, pas de Lion. Le gouvernement Legault n’a pas encore trouvé d’investisseur privé prêt à l’appuyer dans un sauvetage de l’entreprise Lion Électrique à quelques heures de l’échéance.
Le constructeur de bus et camions électriques doit mettre la main sur des liquidités pour rembourser une partie de ses dettes avant le samedi 30 novembre.
Sans ajouter d’argent, Québec anticipe que Lion se protégera de ses créanciers.
Une mauvaise nouvelle est attendue bientôt
indique une Source gouvernementale.
La ministre de l’Économie, Christine Fréchette, a voulu entretenir un peu d’espoir jeudi soir en entrevue à Actualités télévisées par Patrice Roy.
Ce n’est pas [dirai] pas si je suis optimiste ou pessimiste
dit-elle. Il reste quelques heures avant la date limite. Voyons ce que ce dernier blitz peut faire.
Entrevue avec la ministre Christine Fréchette
Le gouvernement avait posé comme condition à toute aide financière complémentaire qu’un partenaire l’accompagne. Nous n’irons pas seuls
a déclaré le ministre jeudi dans une interview à l’émission Tout un matin.
Quelques organisations et entreprises ont manifesté leur intérêt. Cela leur suffira-t-il pour procéder à un investissement dans un avenir très proche ? Cela reste à voir.
C’est dans les dernières heures, parfois, que ça se termine
a ajouté le ministre.
Déjà 227 millions de dollars d’argent public dans Lion
Jusqu’à présent, Québec a injecté 177 millions de dollars dans Lion, et Ottawa, 50 millions. Les Etats feraient donc partie des créanciers dont Lion se protégerait.
Malheureusement, l’entreprise s’approche du gouffre
dit Louis Hébert, professeur titulaire au département de gestion de HEC Montréal. L’un des résultats probables est que quelqu’un vienne acheter Lion au prix de liquidation.
Toutefois, selon nos sources, aucun projet de rachat n’est sérieusement avancé pour l’instant.
Ouvrir en mode plein écran
Fondée en 2008, l’entreprise Lion s’est démarquée en construisant le premier autobus scolaire électrique en Amérique du Nord, qui circule depuis 10 ans.
Photo: Courtesy: Lion Électrique
L’action du Lion s’échangeait à 0,27 $ jeudi soir.
Selon nos informations, les sous-traitants qui fabriquent des outils et des pièces à l’intérieur de l’usine de Saint-Jérôme, dans les Laurentides, ont déjà cessé leurs activités.
La direction de Lion a refusé nos demandes d’entretien.
Dans l’espoir de réduire ses coûts, l’entreprise a déjà licencié plus de 500 travailleurs cette année, ce qui représente 40 % de ses effectifs.
Un programme pour subventionner les salaires ?
Selon nos informations, Québec n’entend prendre aucune mesure exceptionnelle, par exemple un décret, pour Lion Électrique. Cependant, l’entreprise pourrait être invitée à postuler à un programme existant du ministère de l’Emploi qui pourrait subventionner les salaires des employés pendant une courte période.
Le rapport d’Olivier Bachand
Au cours des cinq dernières années, Lion n’a été rentable que sur un seul exercice. De 2020 au troisième trimestre 2024, ses pertes cumulées ont atteint 300 millions de dollars.
Sa dette s’élève actuellement à 293 millions de dollars, tandis que la société dispose de 26 millions de dollars de liquidités.
L’entreprise a vendu 386 véhicules entre début janvier et fin septembre, contre 664 au cours de la même période l’an dernier.
Pour expliquer les difficultés de l’entreprise, son fondateur, Marc Bédard, a plusieurs fois blâmé la lenteur du déploiement d’un programme fédéral qui offre des subventions aux transporteurs pour électrifier leur flotte de véhicules.
Lion prévoyait de vendre 500 bus par an à des clients qui en auraient bénéficié.
500 véhicules par an pour Lion représentent 150 millions de dollars de ventes. Et le programme a été annoncé en 2021. Nous sommes en 2024 et les 50 premières livraisons ont été effectuées au premier trimestre 2024, il y a donc un déficit important qui s’est produit à cause de cela.
Ouvrir en mode plein écran
Marc Bédard, président et fondateur de Lion Électrique, lors de l’inauguration de l’usine de Mirabel en 2023.
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
Une croissance rapide qui n’a pas encore porté ses fruits
Des installations aux États-Unis s’ajoutent à l’usine de Saint-Jérôme, puis à une usine de batteries à Mirabel.
Le professeur Louis Hébert se demande s’il n’aurait pas été préférable que Lion se concentre sur un seul produit.
Lion se retrouve encore dans cette vallée de la mort où nous avons démarré la production, où nous avons fait tous les investissements pour produire mais où nous ne sommes pas encore au stade où nous sommes capables de vendre suffisamment pour couvrir nos investissements.
L’entreprise a également eu des problèmes avec ses camions. La Société des alcools du Québec (SAQ) a même rendu les siennes, dont elle n’est pas satisfaite.
Ouvrir en mode plein écran
The Lion Électrique company factory in Saint-Jérôme (Archive photo)
Photo : Radio-Canada / Olivier Bachand
Inquiétudes concernant l’entretien des bus
La grande majorité des 1 300 autobus scolaires électriques actuellement en circulation au Québec ont été construits par Lion. La perspective d’une éventuelle fermeture de Lion inquiète les transporteurs.
Qu’il s’agisse de l’entretien des véhicules, du respect des garanties, des pièces, etc., toutes ces questions sont soulevées par l’industrie et tout le monde est très concerné.
explique Luc Lafrance, PDG de la Fédération du transport par autobus.
La ministre Christine Fréchette a déclaré que le gouvernement est attention particulière
à cette question et a suggéré qu’un service de maintenance pourrait être maintenu pendant une période transitoire
avec le soutien de l’État, pour les véhicules déjà en circulation.
Avec la collaboration d’Aude Garachon