Marie-Christine Parent a perdu ses deux fils dans des accidents de la route la même année. À 16 ans, Noah-Leewis a été tué par son meilleur ami alors qu’il conduisait en état d’ébriété. Malgré le deuil, la mère de la victime n’a jamais gardé rancune envers le jeune conducteur. Elle implore même la clémence de la Cour, tandis que la Couronne exige une peine de prison ferme.
« [L’accusé] a déjà assez souffert, en plus de toutes les séquelles de l’accident. À son jeune âge, il a plus besoin d’aide que d’aller en prison. J’ai peur pour lui. Mon fils aurait été le premier à dire que ce n’était pas sa faute, mais une décision commune», a expliqué la mère de la victime en marge de l’audience jeudi au palais de justice de Montréal.
Julien Ségaaux, 21 ans, a plaidé coupable l’été dernier à une accusation de conduite avec facultés affaiblies ayant causé la mort. En décembre 2021, alors qu’il avait 18 ans, il tue son meilleur ami, Noah-Leewis Mercier, un jeune de 16 ans sur le point de fêter son anniversaire.
Ce soir-là, dans son sous-sol, Julien Ségaux a bu plusieurs bières avec son ami en jouant à des jeux vidéo. Vers 3 heures du matin, il prend le volant ivre avec son ami. Une grave erreur. Son taux d’alcoolémie de 0,139 était presque le double de la limite légale de 0,08.
Alors qu’il roulait « à très grande vitesse » sur le boulevard des Sources, à proximité de l’autoroute 20, dans l’ouest de l’île de Montréal, Julien Ségaux a perdu le contrôle de sa voiture. Il a percuté une barrière de béton avant de tomber quelques mètres plus bas sur le boulevard Cardinal.
Julien Ségaaux est resté dans le coma plusieurs semaines. Il souffre de séquelles cognitives importantes et permanentes qui l’empêchent encore aujourd’hui de reprendre ses études. Son permis de conduire lui a été retiré en raison de ses problèmes de santé.
« Depuis 2021, Julien vit sa douleur. Je ne le tiendrais jamais pour responsable», a insisté Marie-Christine Parent, s’adressant à la Cour. La mère de la victime, qui disait avoir « survécu » grâce à la philosophie bouddhiste, a témoigné avec confiance. Elle souhaite retourner à l’école en tant qu’éducatrice spécialisée. “Je continue, pis Je n’abandonne pas. Je travaille avec des enfants. Ça se passe bien », jure-t-elle.
Cependant, elle a vécu le pire cauchemar : la perte de deux enfants. Son autre fils est décédé dix mois seulement après Noah-Leewis dans un accident de la route.
« Vous êtes une femme avec une force extraordinaire, on se le dira. Perdre deux fois en 10 mois, c’est…», a déclaré le juge Jean-Jacques Gagné, sans terminer sa phrase. « Aidez les autres », a répondu la mère.
Marie-Christine Parent a décrit son fils Noah avec l’amour d’une mère. « Elle était la plus belle personne que je connaisse. C’était un être compatissant qui détestait voir les gens souffrir. Il avait une sagesse extraordinaire », a-t-elle témoigné.
La compagne du père de Noah-Leewis est Marilyne Picard, députée de Soulanges. C’est elle qui a lu une lettre poignante de la part de la famille paternelle. « Il n’y a pas de plus grande douleur que de perdre son fils, son frère. Noah avait une âme magnifique et une sagesse incroyable », a-t-elle déclaré. Les conséquences sur les autres frères et sœurs de Noah ont été majeures, selon M.moi Picard.
Dans un bref communiqué, Julien Ségaux a exprimé vouloir se « racheter » et « présenter ses excuses » à la famille. « Il est injuste envers Noah et sa famille qu’il ait été la plus grande victime dans cette situation étant donné qu’il ne conduisait même pas. […] La conduite sous influence peut être mortelle et a un impact très important », a déclaré l’accusé.
Procureur de la Couronne Me Sylvie Dulude réclame une peine de deux ans moins un jour de prison, tandis que l’avocat de la défense Me Robert Israel demande que le jeune homme purge sa peine à domicile. Leurs plaidoiries pour la détermination de la peine auront lieu cet après-midi.