Seulement 278 éducateurs qualifiés de plus en trois ans au Québec

Le gouvernement Legault nie ne pas avoir réussi à attirer et à retenir les éducatrices en garderie puisque, depuis trois ans, le nombre d’embauches dépasse les départs avec 7 490 éducatrices de plus dans le réseau. Mais ce chiffre cache une autre réalité : parmi ces embauches nettes, on ne compte que 278 éducateurs qualifiés.

Les données compilées par Radio-Canada proviennent du Portrait de l’effectif du réseau des services de garde éducatifs à l’enfance, publié depuis 2021 par le ministère de la Famille du Québec.

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Radio-Canada révélait la semaine dernière que plus de 10 éducateurs quittent la profession chaque jour depuis trois ans, souvent en raison de salaires et de conditions de travail.

Mardi, de nouvelles données fournies par les cégeps ont démontré que le nombre d’abandons étudiants a explosé dans la formation au métier d’éducateur, alors que les inscriptions sont en chute libre.

A chaque fois, le gouvernement s’est montré rassurant en soulignant que le nombre d’embauches dépasse largement les départs, mais sans jamais préciser qu’il s’agit principalement de recrutements d’éducateurs non qualifiés.

Cela fonctionne si bien que nous avons réussi à embaucher 7 500 nouveaux éducateurs.

Une citation de François Legault à l’Assemblée nationale le 27 novembre

Non seulement les éducatrices sont embauchées majoritairement des travailleurs non qualifiés, mais en plus, Radio-Canada a découvert que le ministère de la Famille considère une éducatrice qui n’a complété qu’une des trois années de formation à l’école DÉC dans les techniques d’éducation de l’enfance.

Cette information se retrouve dans la Directive du ministère concernant l’évaluation des qualifications du personnel en éducation de la petite enfance.

C’est une aberrationaffirme Stéphanie Vachon, représentante du secteur des centres de la petite enfance (CPE) à la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS) –CSN.

Stéphanie Vachon (Archive photo)

Photo : Radio-Canada

Le gouvernement a réduit les conditions d’embauche dans les CPE, et c’est problématique. Le message qu’il envoyait aux gens était le suivant : « Vous n’avez pas besoin d’être qualifié pour faire ce travail. »

Une citation de Stéphanie Vachon, représentante du secteur CPE à la FSSS-CSN

Les deux dernières années de formation sont perçues comme étant inutileregrette Mélanie Rousseau, trésorière de l’Association des enseignants en techniques d’éducation de l’enfance.

Nos étudiants sont vraiment courtisés par les cercles [de garde et se font] dire : “Non non, ça ne sert à rien [de faire deux ans de plus au DEC]nous vous accompagnerons, venez travailler avec nous. Cela peut être très tentant.

Le seul incitatif pour compléter votre formation est le salaire d’un éducateur qualifié, qui n’est offert que si les trois années de formation sont complétées.

Le cabinet de la ministre de la Famille, Suzanne Roy, souligne que plusieurs parcours mènent à une qualification, par exemple un certificat d’études collégiales d’un an accompagné de 5 000 heures de travail en réseau, ou encore une reconnaissance des acquis.

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En 2021, le gouvernement s’est fixé comme objectif de recruter 18 000 éducateurs d’ici 2026.

Photo : getty images/istockphoto / TRAVELARIUM

Qualité en baisse

Plus tôt cette année, la vérificatrice générale du Québec, Guylaine Leclerc, démontrait que 41 % des services de garde éducatifs à l’enfance n’offraient pas de services de qualité.

Son rapport a fait un corrélation entre les taux d’échec et le manque d’éducateurs qualifiés. La proportion de garderies ne comptant pas un ratio de deux à trois éducatrices qualifiées est passée de 32 % à 46 % entre 2018 et 2023.

Après avoir réduit les ratios pendant la pandémie de COVID-19, Québec s’est fixé comme objectif de revenir progressivement à un ratio réglementaire de deux éducateurs qualifiés sur trois d’ici avril 2027.

Cependant, ce sera pratiquement impossible pour y arriver, a prédit le vérificateur général.

Payez plus chez Costco

Mercredi, le leader parlementaire de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, a interrogé le premier ministre sur les difficultés de CPE attirer et retenir les éducateurs.

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Il est souvent plus payant de travailler chez Costco que de travailler chez CPEa déclaré M. Nadeau-Dubois. Il y a des éducateurs qui font le ménage le week-end parce que la vie coûte trop cher.

François Legault rappelle que les salaires des éducateurs ont été augmentés de 18 % il y a trois ans et que des bourses de 1 500 $ par session étaient offertes pour attirer les étudiants vers ce DÉC.

La Coalition Avenir Québec (CAQ) s’est engagée à compléter le réseau de CPE d’ici mars 2025. Selon Québec solidaire, le gouvernement n’y parviendra pas.

Cette semaine, le CAQ a rejeté une motion de l’opposition qui demandait au gouvernement améliorer les conditions de travail pour favoriser l’attractivité et la rétention.

Les négociations se poursuivent malgré les menaces de grève au CPE

Mardi, la ministre de la Famille, Suzanne Roy, a admis que dans le cadre des négociations, la rétention des éducateurs est une de nos préoccupations et qu’il y a des efforts à faire pour être plus attractifs.

En outre, elle a ajouté que tout n’est pas noir, [car] ces trois dernières années, en net, nous avons 7 500 éducateurs supplémentaires dans le réseau.

François Legault a également reconnu que 7 500 éducateurs, ce n’est pas suffisant, il nous faut plus que cela, car les besoins augmentent.

En 2021, le gouvernement s’est fixé comme objectif de recruter 18 000 éducateurs d’ici 2026. On est donc encore loin de son objectif.

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La présidente du Conseil du Trésor du Québec, Sonia LeBel, est responsable des négociations. (Photo d’archives)

Photo : Radio-Canada / Sylvain Roy Roussel

Des milliers d’éducateurs affiliés à CSQ menacer d’ouvrir le CPE à 10 heures vendredi. Quant au CSNles éducateurs qui lui sont affiliés se sont donnés un mandat de grève de cinq jours.

Aux dernières nouvelles, le gouvernement Legault a offert une augmentation de 12,7 % aux éducateurs sur cinq ans, ce qui porterait le taux horaire de départ d’un professionnel qualifié à 24,34 $ l’heure.

La présidente du Conseil du Trésor, Sonia LeBel, se dit prête à faire une offre salariale plus élevée aux éducateurs de CPEmais pas sans compensation.

La hausse de 17,4% accordée au Front commun [et aux autres organisations dont les ententes sont conclues] s’appuie sur des considérations – en termes de flexibilité dans l’organisation du travail – qui ont un réel impact sur les services. Les discussions pourraient se poursuivre dans ce sens.

Une citation de Sonia LeBel, présidente du Conseil du Trésor

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Pauline Marois réclame une meilleure rémunération des éducateurs

A l’origine de la création de CPE Alors qu’elle était ministre du Parti québécois en 1997, l’ancienne première ministre Pauline Marois a réclamé mercredi à Radio-Canada un meilleur traitement pour les éducateurs.

Je suis très triste et cela m’affecte beaucoup. Il faut mieux reconnaître leur métier, les payer mieux, leur offrir de meilleures conditions de travail.

>>Pauline Marois smiles in a corridor.>>

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Pauline Marois on November 18, 2024.

Photo : Radio-Canada / Ronald Georges

Pour moi, un enseignant, un éducateur, doit être considéré comme aussi important qu’une infirmière ou un médecin.

Une citation de Pauline Marois, former Prime Minister of Quebec

À l’Île-du-Prince-Édouard, le salaire d’entrée a été augmenté à 29 $ l’heure. Les programmes de formation sont remplis au maximum et les CPE de la province n’ont aucune difficulté à recruter des candidats.

 
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