(Ottawa) Le premier ministre Justin Trudeau rencontrera ses homologues provinciaux et territoriaux pour discuter de l’intention de Donald Trump d’imposer des tarifs douaniers de 25 % sur toutes les importations en provenance du Canada et du Mexique. Car la menace, nous en convenons à Ottawa, doit être prise au sérieux – un débat d’urgence aura lieu ce mardi soir à la Chambre des communes.
Publié à 9h28
Mis à jour à 12h12
En point de presse avec sa collègue la ministre de la Sécurité publique, la ministre des Finances, Chrystia Freeland, a également affirmé que le gouvernement Trudeau ne voit pas la menace comme un « bluff ». Résultat : le Canada imposera également des tarifs douaniers si nécessaire, comme il l’a déjà fait par le passé, si Donald Trump met sa menace à exécution.
« Nous défendrons toujours les intérêts économiques nationaux et l’intérêt national en général. C’est ce que nous avons toujours fait et nous continuerons de le faire », a déclaré M.moi Freeland, rappelant que lorsque la première administration de Donald Trump a imposé des tarifs douaniers sur les produits canadiens, « le Canada a répondu par des tarifs douaniers dollar pour dollar ».
Le ministre LeBlanc a pour sa part affirmé que le Canada partage les préoccupations du président élu concernant la sécurité des frontières et le fléau que représentent les drogues comme le fentanyl. Il a indiqué qu’Ottawa est prêt à faire les investissements nécessaires pour assurer une surveillance accrue à la frontière canado-américaine au moyen, par exemple, de drones.
Le Premier ministre canadien a eu un échange téléphonique lundi soir avec le président élu, après que ce dernier a menacé d’imposer des taxes de 25% sur tous les produits en provenance du Canada et du Mexique.
«J’ai eu un bon appel avec Donald Trump […] pour rappeler certains faits et parler des relations positives entre nos deux pays et de tout ce que nous pouvons réaliser en travaillant ensemble », a-t-il déclaré à son arrivée au Parlement mardi matin.
Cet avertissement est “à prendre au sérieux”, a déclaré le ministre de l’Industrie François-Philippe Champagne, qui s’est rendu dans plusieurs États américains en tant que membre de “l’Équipe Canada” mise en place en amont de l’élection du 5 novembre remportée par le républicain.
Ce dernier s’est tourné lundi vers son réseau Truth Social pour annoncer qu’une de ses premières actions, le jour de son investiture, le 20 janvier, serait de signer un décret présidentiel afin de mettre en œuvre ces mesures.
“Cette taxe restera en vigueur jusqu’à ce que les drogues, notamment le fentanyl, et tous les immigrés illégaux stoppent cette invasion de notre pays !” Le Canada et le Mexique ont le droit et le pouvoir absolus de résoudre facilement ce problème de longue date », a-t-il écrit.
Évitez les amalgames
Invités à commenter le départ de Donald Trump, les ministres réunis au Parlement à l’entrée du conseil des ministres ont fait preuve de prudence. Le ministre Champagne remettait encore en question les arguments brandis par le président désigné.
« Il faut éviter de confondre les frontières du Mexique et du Canada. La frontière canadienne fonctionne depuis des décennies, voire plus d’un siècle. Nous sommes très conscients que nous devons protéger cette frontière », a-t-il déclaré lors de la mêlée de presse.
Au gouvernement, on a rapidement souligné que l’année dernière, l’agence américaine des frontières avait procédé à 2 475 669 arrestations à la frontière sud avec le Mexique, contre 10 171 à la frontière canado-américaine.
«C’est l’équivalent d’un week-end chargé à la frontière mexicaine», a déclaré le ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, Marc Miller. Et « si c’est un prétexte, c’est un prétexte qu’il faut prendre au sérieux », a-t-il déclaré.
Le ministre a souligné que l’envoi de renforts à la frontière faisait « absolument » partie des plans d’Ottawa.
Depuis l’Italie, où elle a participé au Sommet des ministres des Affaires étrangères du G7, Mélanie Joly a assuré que le gouvernement défendrait les intérêts canadiens. Elle, qui a récemment rencontré de nombreux sénateurs, dont l’influente républicaine Lindsey Graham, n’a pas voulu dire si Ottawa avait été pris par surprise.
« La question de la frontière et des tarifs douaniers avait déjà été identifiée par le comité du Cabinet chargé des relations canado-américaines, donc en ce sens, nous savions qu’il s’agissait d’une priorité pour l’administration Trump », a-t-il déclaré. -a-t-elle affirmé par vidéoconférence.
Le Canada devrait imposer des tarifs « si nécessaire », déclare Poilievre
Le chef du Parti conservateur, Pierre Poilievre, a accusé le gouvernement Trudeau d’avoir mal fait ses devoirs et d’être mal équipé pour faire face au président élu Donald Trump. Et il a évoqué l’idée que le Canada devrait à son tour imposer des droits de douane sur les exportations américaines « si nécessaire ».
«L’annonce injuste et non provoquée des tarifs douaniers du président Trump est très décevante et problématique. Mais ce n’est pas une surprise. Il en a parlé pendant des années et pendant sa campagne électorale», a déclaré le chef conservateur lors d’une longue déclaration.
« Soudain, M. Trudeau et M.moi Freeland est choquée. C’est bizarre parce qu’il y a 20 jours, Mmoi Freeland a déclaré que tout irait bien pour le Canada et qu’il n’y avait aucune menace pour les Canadiens. De toute évidence, ils n’étaient pas prêts et nous avons besoin d’un plan pour donner la priorité au Canada », a-t-il ajouté.
M. Poilievre a par la suite exhorté M. Trudeau à annuler les augmentations de taxes en cours, notamment la taxe sur le carbone, à augmenter considérablement les dépenses militaires, à approuver rapidement les projets de développement des ressources naturelles et à sécuriser la frontière canado-américaine.
« Ce que je propose, c’est que Justin Trudeau mette la partisanerie de côté et, dans un esprit d’équipe canadienne, il accepte d’annuler toutes ces augmentations d’impôts. Il propose désormais des augmentations massives d’impôts sur l’investissement et l’énergie. C’était une mauvaise décision auparavant. “C’est impossible maintenant avec les tarifs douaniers de Trump”, a-t-il déclaré, affirmant que la combinaison de ces deux mesures “détruirait notre économie”.