Les médecins de famille sont indignés de l’offre faite par le gouvernement Legault de rémunération pour leurs téléconsultations. Québec leur offre un montant de 6,22 $ par bloc complet de cinq minutes, révèle un document qui La presse a obtenu. Leur salaire horaire serait de près de 75 $.
Le gouvernement du Québec et la Fédération des médecins généralistes du Québec (FMOQ) sont en négociations pour renouveler leur entente sur la télémédecine qui prendra fin le 31 décembre.
Selon le document obtenu, le gouvernement offre aux médecins de famille une rémunération par période complète de cinq minutes selon leur mode de consultation et leur lieu de travail : 9,95 $ pour la vidéo et 7,46 $ par téléphone au cabinet ; 8,29 $ par vidéo et 6,22 $ par téléphone en établissement ou à domicile.
Une compensation que la FMOQ a qualifiée d’« insignifiante » dans une note transmise à ses membres vendredi. «Il est en effet tellement bas qu’en réalité, un médecin de famille qui consacre une journée entière à la téléconsultation ne serait pas admissible à une journée travaillée selon les critères de la RAMQ», écrit la FMOQ.
Le Dconcernant Joëlle Bertrand-Bovet, directrice médicale du centre Médi-Soleil de Saint-Jean-sur-Richelieu, juge l’offre faite par Québec « extrême ». Actuellement, les médecins bénéficient du même tarif pour une visite de suivi en personne ou par téléconsultation. Ce montant oscille entre 20 et 50 dollars, estime-t-elle.
« Si je dois payer ma clinique 40 $ de l’heure [pour les frais de bureaux] et je suis payé 72 $ de l’heure [en arrondissant à 6 $ par 5 minutes]ça ne marche pas », dit-elle.
Le médecin de famille effectue 15 à 20 % de ses consultations par téléphone, principalement pour le suivi de résultats anormaux (ex : diabète non contrôlé) ou des suivis de santé mentale. Elle déplore que les patients n’auront plus accès à ce service si aucun accord n’est trouvé.
Un « psychodrame » comme pour l’accord GAP
Le Dr Sylvain Dufresne, président de l’Association des médecins généralistes du Sud-Ouest, anticipe un « psychodrame » comme ce fut le cas lors du renouvellement de l’entente du guichet d’accès de première ligne (GAP).
Québec a conclu une entente avec la FMOQ près de deux semaines après la date limite du 1est Juin. Le nombre de rendez-vous médicaux proposés au GAP avait fortement diminué.
“Fin décembre, début janvier, nous allons recommencer le même psychodrame que celui qu’on a eu avec le GAP”, estime-t-il. C’est le jour de la marmotte. »
Le Dr Dufresne fait une demi-journée de consultation par semaine. Il dit voir, par exemple, des patients souffrant de dépression pour un suivi après deux ou trois rendez-vous en personne. Elle propose également, lorsque cela est possible, des consultations téléphoniques aux personnes âgées en hiver pour éviter de « les exposer à des personnes malades ».
Réactions
Interrogé sur cette offre, le bureau du président du Conseil du Trésor a renvoyé La presse envers une déclaration faite par Sonia LeBel sur le réseau X. «Nous reconnaissons pleinement que la télésanté est une solution qui améliore l’efficacité du système et l’accès des Québécois aux soins de santé», a-t-elle écrit vendredi. « Notre proposition, faite à la table de négociation, s’appuie sur les meilleures pratiques qui existent ailleurs. » Les discussions devront se poursuivre, ajoute-t-elle, à la table des négociations.
Au moment d’écrire ces lignes, la FMOQ n’avait pas encore réagi à l’information obtenue par La presse.