Des centaines de milliers de munitions suisses de petit calibre destinées au tir de précision ont débarqué illégalement en Ukraine à l’insu de leur fabricant, a révélé ce jeudi la SRF sur la base d’un rapport du ministère de l’Economie.
Ces 645.000 cartouches destinées aux tireurs de précision – spécialité de la société Thoune Swiss P Defence – ont été livrées en juillet 2023 à une société polonaise UMO SP, qui les a ensuite exportées en Ukraine quatre jours plus tard.
Cette réexportation viole l’embargo sur les armes et le principe selon lequel la Suisse ne livre pas d’armes à un État belligérant et interdit également aux clients des entreprises d’armement de les réexporter vers un pays belligérant.
Une position qui résulte de la neutralité et qui est critiquée à l’encontre de la Suisse depuis l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie en février 2022. L’Allemagne notamment avait fait pression, en vain, pour pouvoir livrer des fournitures aux Ukrainiens. des munitions suisses en même temps que ses véhicules blindés de défense anti-aérienne Guepard.
“Nous pouvons confirmer que les exportations vers l’entreprise polonaise concernée ne seront plus autorisées jusqu’à nouvel ordre”, explique le ministère fédéral de l’Économie (SECO). On ne sait pas si ces munitions ont été utilisées en Ukraine.
Comme l’indique le rapport de test du Seco, Swiss P Defence ne savait rien du transfert avant la livraison. Elle a donc exporté les munitions en partant du principe qu’elles resteraient en Pologne. Le Seco a approuvé l’exportation en deux livraisons respectivement en novembre 2022 et mai 2023, sur présentation d’un permis d’importation de Pologne, précise SFR.
L’entreprise suisse elle-même a inclus une clause dans le contrat de vente qui précisait clairement que les munitions devaient rester en Pologne.