Oubliez la tronçonneuse, la hache ou encore les sécateurs.
L’administration de Valérie Plante a présenté son huitième et dernier budget avant les prochaines élections municipales dans un an. Les dépenses de Montréal augmenteront de 4 % l’an prochain, pour atteindre 7,3 milliards de dollars, une augmentation encore plus importante que cette année (+3,5 %).
On est loin de l’austérité, disons.
La Ville n’a pas utilisé la tronçonneuse dans ses finances, mais elle a quand même eu recours à d’autres instruments, plus chirurgicaux, pour couper une partie de son budget. Pensez à un scalpel.
Le début de quelque chose qui ressemble à un exercice de réduction des coûts.
Enfin !
L’administration Plante dépense beaucoup, c’est vrai. Mais elle a aussi lancé il y a deux ans une grande révision de tous les postes budgétaires de la Ville. L’objectif : identifier les économies à réaliser au sein de l’immense appareil municipal.
Cet examen a permis d’économiser une première tranche de 2 millions dans le budget de l’année dernière. Petit changement, à l’échelle de Montréal.
Mais en 2025, les économies atteindront 29,3 millions, a-t-on appris mercredi.
Cela reste assez marginal – à peine 0,4 % des dépenses totales de la Ville – mais ce n’est qu’une première étape, ont promis Valérie Plante et son numéro 2, Luc Rabouin.
Ce plan de rationalisation se poursuivra de manière continue et devrait générer des économies récurrentes de 200 millions de dollars d’ici trois à cinq ans, « maximum ».
(Je marque novembre 2029 sur mon calendrier.)
Comment Montréal a-t-elle réussi à trouver près de 30 millions d’économies dans son budget 2025 ?
Premièrement : en freinant les embauches. Aucun nouveau poste ne sera créé l’année prochaine dans la ville-centre, a-t-on confirmé. Si de nouvelles ressources doivent être ajoutées, un nombre équivalent de postes seront éliminés afin de maintenir l’équilibre.
Il était temps : plus de 3 500 nouveaux travailleurs se sont ajoutés à l’appareil municipal depuis le début de l’administration Plante en 2017. Ce rythme était devenu intenable.
Quarante-six postes seront encore créés l’an prochain dans les arrondissements, ce qui portera le nombre total d’employés municipaux à 25 198. Leur rémunération globale, y compris les cotisations à leur régime de retraite et autres avantages sociaux, s’élèvera à 2,79 milliards, soit 60 millions de plus que cette année.
(Moyenne par employé : 110 700 $.)
Pour atteindre son objectif de 200 millions d’économies d’ici trois à cinq ans, la Ville prévoit également d’investir dans de nouveaux outils technologiques qui pourraient, à terme, remplacer certains salariés.
Montréal a également revu ses contrats avec ses fournisseurs externes, incluant le déneigement. Certains prix ont doublé ces dernières années, ce qui a permis d’économiser des millions en interne.
Entre autres « optimisations », la Ville a revu ses politiques d’approvisionnement pour procéder à davantage d’achats groupés. Cette stratégie a déjà permis d’économiser 5 millions.
La mairesse sortante Valérie Plante et son équipe étaient visiblement très fières du budget qu’elles ont présenté mercredi. Ils ont réussi à contenir la hausse des taxes résidentielles à 2,2%, soit autour du taux d’inflation, après deux années de hausses totalisant près de 10%.
Le dernier budget Plante prévoit des investissements accrus dans le logement, avec près de 50 millions supplémentaires. Il y en a également beaucoup pour les transports publics, les projets de mobilité et de verdissement, ainsi que la réparation des infrastructures souterraines.
En revanche, la Ville s’est dotée de quelques sources de revenus supplémentaires, comme la taxe sur les terrains vacants. Il sera doublé et devrait rapporter 24 millions.
Valérie Plante estime avoir « laissé la maison en ordre » pour celui qui lui succédera à la mairie. Ses adversaires contestent vigoureusement cette affirmation. Il reste 11 mois aux Montréalais pour comprendre.