Les Montréalais verront leurs taxes municipales augmenter de 2,2 % en 2025. Une hausse moins lourde que les années précédentes, qui ajoutera tout de même 135 $ à la facture moyenne des propriétaires, alors que l’administration de Valérie Plante choisit d’investir des sommes records dans l’habitation.
Publié à 11h06
Mis à jour à 18h40
Appel à tous
Vous êtes propriétaire résidentiel ou commercial dans un quartier qui connaît une forte augmentation de taxes comme Lachine ou Saint-Laurent ? Craignez-vous l’impact de cette augmentation ?
Écrivez-nous
L’administration de Valérie Plante avait promis de limiter la hausse des taxes résidentielles à 1,8 %, mais en tenant compte des augmentations votées dans les différents districts, la croissance moyenne totalise 2,2 % pour les immeubles résidentiels et 1,9 % pour les immeubles non résidentiels.
En 2024, les hausses ont été de 4,9 % sur les immeubles résidentiels et de 4,6 % sur les immeubles commerciaux.
La machine municipale prévoit de dépenser 7,276 milliards l’année prochaine, soit 4% de plus que cette année.
Priorité au logement
Pourquoi cette augmentation supérieure à l’inflation ? Parce qu’il faut aider à la construction de logements, comme le demande la population, a répondu la mairesse Valérie Plante, mercredi en conférence de presse, après la présentation de son budget 2025 – son dernier, puisqu’elle ne briguera pas un troisième mandat. lors de l’élection municipale de novembre 2025.
Le logement est notre priorité depuis le premier jour et cela ne change pas. Depuis le début de notre mandat, notre administration aura dépensé plus d’un milliard pour la construction de logements.
Valérie Plante, mayor of Montreal
Cette fois, Montréal augmente ses dépenses de 45,7 millions ; ils atteindront 229 millions en 2025, pour encourager les projets de logement, en favorisant le logement abordable. Des investissements supplémentaires de 100 millions au cours des trois prochaines années sont prévus dans ce secteur.
La Ville devra également payer davantage pour les transports en commun, l’entretien des routes et des infrastructures ainsi que la sécurité publique. Pour compenser ces dépenses croissantes, l’administration a réussi à économiser ailleurs.
« Ce budget a été préparé dans un esprit de rigueur, mais se veut ambitieux pour répondre aux priorités urgentes auxquelles la Ville doit faire face », a souligné le maire Plante.
« Je suis fière de laisser la maison en ordre et de proposer à la prochaine administration des programmes solides pour continuer à bâtir une métropole abordable, sécuritaire, dynamique et adaptée aux défis climatiques », a-t-elle déclaré.
Organismes communautaires et itinérance
L’année prochaine, la Ville offrira une aide financière de 10,5 millions à environ 700 organismes communautaires, culturels et sportifs, qui n’auront plus à payer de compensations qui remplaçaient les taxes municipales.
«C’est une des mesures dont je suis le plus fier», a révélé le maire. Il s’agit d’une aide directe aux musées, aux théâtres, aux entreprises d’insertion sociale et à celles qui offrent une programmation culturelle aux familles, des activités sportives ou des services aux nouveaux arrivants. »
Les organismes qui proposent des services de roaming recevront 3,3 millions supplémentaires, pour un total de 10 millions versés en 2025. Une somme supplémentaire de 10 millions est également prévue pour financer des initiatives visant à accroître la circulation et le dynamisme du centre-ville.
Augmentations d’impôts
Pour financer ces initiatives, Montréal puisera davantage d’argent dans les poches des propriétaires. Les augmentations de taxes représentent une facture supplémentaire de 135 $ pour une maison unifamiliale moyenne, de 38 $ pour un condo moyen et de 132 $ pour un plex moyen.
Étant donné que la valeur des propriétés varie et que les districts imposent également des impôts locaux, l’impact sur les factures fiscales n’est pas uniforme sur toute l’île. Par exemple, les propriétaires de Pierrefonds-Roxboro verront leur facture augmenter de 4,3 % (165 $) en moyenne, comparativement à 1,2 % (84 $) au Plateau-Mont-Royal.
Valérie Plante a salué la capacité de son administration à maintenir les hausses d’impôts à un niveau raisonnable, comparant Montréal à Toronto, où les hausses atteindront 9,5 %, ainsi qu’à Vancouver, où elles seront de 7,5 %.
Pour augmenter ses revenus, Montréal va donner du mordant à certaines taxes. Premièrement, celui des terrains vacants sera doublé pour générer des revenus supplémentaires d’environ 24 millions. Les villes sont autorisées à taxer davantage les terrains vacants depuis l’adoption du projet de loi 392 en décembre 2023 à l’Assemblée nationale.
La taxe sur les parkings générera des revenus supplémentaires de plus de 8 millions de dollars, passant de 30 à 38,7 millions de dollars en 2025. La Ville taxera désormais tous les parkings de 5 000 mètres carrés et plus – un changement qui exclut cependant le centre-ville et ses environs. Ce seuil était jusqu’à présent fixé à 10 000 mètres carrés. Plus près du cœur de Montréal, les taux de taxation seront indexés de 8 %.
200 millions de réductions sur 10 ans
Les élus n’ont pas caché qu’ils réfléchissaient depuis plusieurs mois à la possibilité de « renoncer à certaines activités » dans un contexte budgétaire tendu.
L’administration a confirmé mercredi qu’elle réduirait ses dépenses de 200 millions de dollars d’ici 2030.
Les recrutements seront limités : seuls 46 postes seront ajoutés, dans différents districts, mais il n’y en a plus dans l’administration centrale.
Des postes ont été supprimés dans certains secteurs pour en ajouter d’autres ailleurs. Par exemple, 53 employés pour le service 911, 14 pour l’accélération des mesures dans les foyers et 14 pour la gestion des matières et du recyclage.
« Nous allons mettre des effectifs là où c’est nécessaire, et nous allons les réduire ailleurs. Chaque fois que nous ajouterons des ressources en assainissement ou en propreté, l’équivalent sera réduit ailleurs», a illustré le président du comité exécutif, Luc Rabouin, précisant que les salaires, qui représentaient 45% des dépenses en 2017, ne représentent plus que 38% du budget.
Montréal dépensera 60 millions de plus en 2025 pour payer ses 28 000 employés, soit une hausse de 2,2 % qui porte le total à 2,79 milliards.
Un meilleur déneigement
Un exercice de rationalisation a également permis d’économiser 29,4 millions dès l’année prochaine dans divers services.
Par exemple, pour le déneigement, la Ville dépensera 4,2 millions de moins en améliorant ses itinéraires et en accordant moins de contrats externes, confiant plutôt la tâche à ses propres cols bleus. Une nouvelle stratégie d’achats groupés permet également de libérer 5 millions.
“C’est un travail énorme qui profitera également aux futures administrations”, a souligné M. Rabouin.
À l’avenir, il souhaite rendre les processus « plus efficaces ». « Parfois, nous gaspillons de l’énergie à faire des choses qui ne sont pas faites de la manière la plus efficace possible. »
Dans l’opposition, le chef d’Ensemble Montréal, Aref Salem, estime que « la maison est loin d’être en ordre ». “Je peux comprendre pourquoi le maire a décidé de quitter le navire”, a-t-il déclaré.
L’élu accuse notamment l’administration Plante d’avoir créé « un lourd fardeau pour les générations futures » en dépensant trop lors de ses deux derniers mandats. « Il ne faut pas dépenser plus, mais dépenser mieux. Nous avons besoin d’un retour à une saine gouvernance. C’est le défi majeur», a-t-il commenté.
« Nos rues sont encore comme un dépotoir, le déneigement ne s’améliore pas. Et il n’y a plus aucun moyen de laisser nos enfants jouer dehors ou prendre le métro en toute sécurité », a insisté M. Salem.
Du côté des ressources humaines, « nous avons des cadres comme jamais dans la Ville de Montréal, et des graisses sans fin », a-t-il déploré, ajoutant que « les services ne suivent pas ».
Où est la dette ?
À court terme, Montréal consacrera 16 % de son budget 2025 au remboursement de sa dette qui, au 31 décembre 2023, s’élevait à 6,7 milliards. De 2025 à 2027, la Ville prévoit payer 1,7 milliard pour rembourser sa dette : 475 millions en 2025, 582 millions en 2026 et 689 millions en 2027. En 2025 seulement, Montréal paiera 1,1 milliard d’intérêts sur ses emprunts, soit un montant ce qui représente 107% de ses revenus. Pour limiter le taux d’endettement dans les années à venir, la Ville s’engage à stabiliser le programme de dépenses en capital à des dépenses de 2 milliards par an.