Des parents d’élèves d’une école secondaire de l’Abitibi-Témiscamingue réclament le retrait des nouvelles toilettes mixtes et des caméras de surveillance qui y sont installées, car elles mettraient mal à l’aise plusieurs élèves.
Lundi, une pétition dénonçant ces nouvelles dispositions apparues à la rentrée scolaire au pavillon La Calypso de l’école secondaire Amos a été mise en ligne. Deux blocs sanitaires, auparavant non mixtes, ont en effet été rénovés et transformés en toilettes mixtes durant l’été.
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L’auteure de la pétition, Michèle Beaudoin, soutient que celles-ci créent un malaise, particulièrement chez les jeunes filles fréquentant l’établissement qui regroupe les élèves de 1re et 2e secondaire.
« Les jeunes filles commencent à avoir leurs règles. Enlever leurs serviettes hygiéniques, les déballer, ça fait du bruit. On entend entre les toilettes. A l’adolescence, on a beaucoup de mal-être, on est modeste”, explique-t-elle.
M.moi Beaudoin affirme que les parents et les élèves n’ont jamais été consultés au sujet de ces changements. Plusieurs parents se plaignent de la situation depuis le début de l’année.
Le symbole accueillant désormais les étudiants à l’entrée des toilettes.
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Mais l’installation la semaine dernière de caméras de surveillance, filmant notamment les espaces communs à l’intérieur des blocs sanitaires, a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase pour M.moi Beaudoin.
«Je n’ai jamais été [au courant] d’une autre école qui a été obligée d’installer des caméras dans les toilettes. Je trouve ça vraiment intrusif», déplore-t-elle.
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Le CSS se défend
Mardi, le Harricana School Service Centre (CSS) a publié un communiqué de presse pour démentir les informations véhiculées dans la pétition.
« Les blocs sanitaires sont constitués de toilettes individuelles fermées et non de cloisons ouvertes. Ces installations ont été conçues pour assurer l’intimité et la sécurité de tous les étudiants », a indiqué le CSS.
Ce dernier affirme également que ces rénovations avaient été amorcées avant la directive interdisant toute nouvelle toilette mixte dans les écoles publiques émise en mai dernier par le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville. Les travaux ont dépassé le seuil de conception de 30 %, « ce qui les place parmi les exceptions à cette directive ».
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Le ministre avait tranché sur cette question après un débat lancé par un projet similaire lancé par l’école d’Iberville, également située en Abitibi-Témiscamingue, en août 2023. « L’école secondaire d’Amos aurait dû s’appuyer sur ce qui s’est passé à l’école d’Iberville, et probablement de ne pas avancer”, estime M.moi Beaudoin.
« Ils ont persisté malgré le mécontentement », déplore un autre parent signataire de la pétition, qui n’a pas souhaité être identifié.
Cela pose des questions »
Quant aux caméras, elles ont été placées “dans les parties communes” du bloc sanitaire, car elles “contribuent à assurer la sécurité des lieux”, a justifié le CSS.
L’utilisation de caméras dans les blocs sanitaires fait sourciller au cabinet du ministre Drainville.
« On comprend très bien que cela pose des questions. […] C’est au CSS d’expliquer sa décision et de l’ajuster si nécessaire», a écrit son directeur de la communication, Antoine de la Durantaye.
Le ministère de l’Éducation n’a pas été en mesure de préciser mardi s’il disposait de lignes directrices concernant l’utilisation de caméras dans les toilettes.