De nombreux signes avant-coureurs le laissaient penser : les confidences livrées jeudi par Lindsey Vonn au « New York Times » ne laissent désormais aucun doute. A 40 ans, l’Américaine met tout en œuvre pour faire son retour au plus haut niveau, après cinq hivers loin des pistes.
La reine de la vitesse, 82 succès en Coupe du monde, rejoindra ce vendredi l’équipe des Etats-Unis dans l’espoir de revenir au portillon de départ. Son objectif serait de participer aux épreuves de Saint-Moritz les 21 et 22 décembre (deux super-G sont au programme).
Le retour probable de la légende vivante du ski alpin (vingt globes de cristal, trois médailles olympiques et huit breloques mondiales) a suscité de nombreuses réactions au sein du Cirque Blanc et parmi ses adeptes. Contactés, Didier Cuche, Charlotte Chable et Hugues Ansermoz ont fait part de leur ressenti.
Didier Cuche : “Son retour m’a beaucoup surpris”
« L’annonce de son retour m’a beaucoup surpris, surtout après cinq ans d’absence et après 40 ans passés. D’autant plus sachant que les femmes arrêtent généralement leur carrière quelques années avant les hommes. Lindsey compte bien faire son retour à la compétition rapidement. Alors je m’interroge sur la prise de risques. Car après cinq ans d’arrêt, nous sommes certainement plus lents dans notre capacité à agir et à réagir. En descente, on se met quand même plus en danger que dans les disciplines techniques.
Son parcours et le niveau qu’elle a eu tout au long de sa carrière l’aideront certainement à réaliser de très bonnes performances. Cependant, je n’ose pas faire trop de pronostics car la priorité, à mes yeux, c’est de ne rien faire de mal pour ne pas aller au tapis. Mais son retour est évidemment sérieux. Ce n’est pas seulement une question de marketing, d’après ce que j’ai compris. J’imagine que Lindsey a l’ambition d’aller le plus loin possible.
Charlotte Chable : “Je la vois bien dans les points”
« On sentait que ça allait venir car elle avait laissé quelques petits indices sur ses réseaux sociaux. Avant cela, je n’avais jamais pensé à un éventuel retour de sa part. Elle a encore 40 ans et a dû se faire réparer le genou. Médicalement, je ne sais pas quels sont les risques. J’imagine cependant qu’elle a reçu le feu vert des médecins. Sportivement, je ne pense pas qu’elle ait perdu les bases techniques, la gestion des courbes, etc. Elle a tout gagné dans sa vie : à mon avis, c’est toujours là !
Par contre, je me demande dans quelle mesure, à son âge, elle est préparée mentalement à se mettre dans certaines situations. Parce qu’en vieillissant, nous devenons plus craintifs et respectueux. Et il manque globalement ce petit grain de folie en plus qu’on avait durant notre jeunesse. Malgré tout, je la vois bien finir dans les points. Jouer jusqu’au bout, c’est autre chose. Cela dépendra des pistes et des conditions. Personnellement, je ne me voyais pas du tout revenir comme elle est sur le point de le faire. D’autant plus que je n’ai pas pu bénéficier d’une wild card (rires).»
Hugues Ansermoz : « Je suis assez sceptique »
«Je côtoie Lindsey depuis qu’elle a 15 ans. Je l’ai vue grandir, tout comme Julia Mancuso. Ils sont arrivés au même moment, avec le même programme. Mancuso était talentueux, Vonn celui qui travaillait dur. Elle devait vraiment travailler dur pour tout. Alors avec la discipline qu’elle a su maintenir même après sa retraite sportive, son retour est bien plus réaliste que celui d’un Mancuso par exemple. Lindsey est probablement au top physiquement. Il faut qu’elle se dise que, sur deux ou trois pistes qu’elle connaît bien, elle pourra y aller les yeux fermés.
Avec 30 ou 40 filles au départ des descentes, dont une vingtaine seulement concourent à un bon niveau, il est tout à fait possible qu’elle entre dans les points. Je pense qu’elle a aussi les JO de Milan-Cortina en tête. Depuis cinq ans, elle fait cependant beaucoup de ski libre, mais elle n’a pas pu s’entraîner en descente. Contrairement à Marcel Hirscher, Lindsey est restée plus éloignée du ski de compétition. Je suis donc assez sceptique et j’imagine que ce sera limité sur certaines pistes. Cela reste un gros coup publicitaire pour le ski et un grand défi pour elle.