La résidence Ressource de Lanaudière, où Thérèse Brassard-Lévesque vivait à Terrebonne, étranglée par son mari qui disait avoir agi « par compassion », a fait l’objet de vives critiques de la part du Protecteur du citoyen quelques mois avant son décès.
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Une altercation physique entre un employé et un résident. Un aîné qui passe la nuit au sol après une chute. Employés qui dorment pendant leur quart de travail. Le rapport du Protecteur du citoyen, publié en janvier 2023, faisait état de nombreux problèmes entourant la sécurité des soins offerts aux résidents de la Ressource de Lanaudière et de la Maison l’Espagne.
La Ressource de Lanaudière est une ressource intermédiaire (RI) adaptée aux besoins des aînés semi-autonomes ou en perte d’autonomie, tandis que la Maison l’Espagne est une résidence privée pour aînés (RPA). Ces deux établissements, ayant ouvert leurs portes en 2021, sont exploités par le même propriétaire et occupent le même immeuble de cinq étages. Ils accueillent 144 personnes, dont la majorité présente des déficits cognitifs.
À l’été 2022, le Protecteur du citoyen a ouvert une enquête après avoir reçu un signalement alléguant la présence de déficiences dans la sécurité des citoyens. Le rapport note un « certain nombre d’événements inquiétants », dont certains ont porté préjudice aux habitants.
On rapporte notamment qu’une chute survenue une nuit aurait entraîné la mort d’un aîné. Un préposé aux bénéficiaires serait venu chercher le résident sans tenir compte du protocole post-chute. Lorsque son état a été constaté le lendemain, il a été immédiatement transféré à l’hôpital, où il est décédé quelques jours plus tard. Le coroner a conclu qu’il était décédé à la suite d’une détérioration de son état général consécutive à la fracture subie lors de la chute.
Le Protecteur du citoyen a également souligné que les résidents atteints de troubles neurocognitifs peuvent se voir remettre une carte magnétique pour quitter leur unité sans accompagnement.
Lacunes dans la formation du personnel
Certaines lacunes dans les soins et services sont « attribuables au manque de formation des préposés aux bénéficiaires », note le rapport.
En particulier, nous soulignons les approches inappropriées ou inefficaces du personnel face à des clients souffrant de troubles neurocognitifs majeurs. Les préposés aux bénéficiaires ne savent pas non plus où trouver les informations essentielles sur les médicaments en cas de besoin.
Certains préposés aux bénéficiaires refusent d’utiliser les tablettes électroniques mises à leur disposition. Cet outil permet, entre autres, d’assurer une surveillance la nuit en visualisant les caméras des chambres. Chacune des salles dispose d’une caméra qui permet au personnel de surveiller les lieux et les personnes.
L’établissement doit gérer un turnover de personnel important, où 80 % des préposées aux bénéficiaires présentes à l’ouverture des résidences en 2021 ont quitté leur emploi d’ici un an et demi.
À la suite de ces constats, le Protecteur du citoyen a formulé 15 recommandations aux deux ressources d’hébergement ainsi qu’au CISSS de Lanaudière. Nous demandons notamment d’augmenter l’encadrement des résidents lors des quarts de nuit et de s’assurer de l’application des procédures post-chute par le personnel.
Les recommandations ont toutes été acceptées et mises en œuvre, nous a confirmé mercredi la responsable des relations avec les médias du Protecteur du citoyen, Carole-Anne Huot. « Il n’y a plus d’enjeu avec le CISSS de Lanaudière et avec nos résidents. Il n’y a aucune plainte. Les gens sont bien formés et il y a moins de roulement de personnel», affirme le propriétaire de Ressource de Lanaudière et de la Maison l’Espagne, Sébastien Barrette.