Alors que l’engouement autour du magasinage des Fêtes se fait déjà sentir et que les rabais entourant le Black Friday se multiplient, les consommateurs qui font leurs achats de Noël en ligne pourraient avoir à payer davantage si les facteurs de Postes Canada ou leurs employeurs mettaient leur plan à exécution vendredi.
Ce que vous devez savoir
- Le Syndicat des postiers a déposé mardi matin un préavis de grève de 72 heures. L’employeur a répondu par un avis de lock-out.
- Les détaillants qui font affaire avec Postes Canada devront trouver d’autres options de transport pour livrer leurs commandes en ligne. Celles-ci pourraient être plus coûteuses pour les commerçants, qui répercuteront une partie de la facture sur les clients.
- L’arrêt de travail pourrait coûter plus cher aux consommateurs, dont beaucoup ont déjà commencé à faire leurs achats de Noël en ligne.
Les détaillants qui utilisent les services de la société d’État pour livrer leurs colis risquent de se retrouver avec un casse-tête d’échéancier… et des coûts supplémentaires à absorber.
«Ce n’est pas du tout une bonne nouvelle», déclare Michel Rochette, président pour le Québec du Conseil canadien du commerce de détail (CCCD).
Pour Jessika Roussy, copropriétaire de Mode Choc, qui compte 11 magasins de vêtements, l’éventuel conflit ne pourrait pas tomber à un pire moment. « Il est certain qu’une grève de Postes Canada en période du Black Friday est le moment qui fait le plus mal aux commerçants, surtout [pour les acteurs] Des Québécois qui considèrent désormais novembre comme le mois de l’année le plus achalandé pour la vente en ligne. »
Selon NETendances, « en 2023, 74 % des adultes québécois ont personnellement effectué au moins un achat en ligne ». Et près de 87 % des consommateurs préfèrent la livraison à domicile plutôt que le ramassage en magasin, rapportait récemment le Conseil québécois du commerce de détail (CQCD).
Ainsi, après le lock-out des deux principales compagnies ferroviaires en août et les récents conflits dans les ports de Montréal et de Colombie-Britannique, où un retour au travail a été annoncé mardi, voilà que les menaces de grève et de lock-out qui pèsent sur Postes Canada ne laissent guère de répit. aux détaillants qui entrent dans leur période la plus lucrative de l’année, souligne M. Rochette. Après un an de négociations, le Syndicat des postiers a déposé mardi matin un préavis de grève de 72 heures. Huit heures plus tard, l’employeur a envoyé ses propres avis de lock-out.
Si le conflit de travail éclate, les détaillants et les consommateurs pourraient avoir à en payer le prix, craint Michel Rochette. En effet, le commerçant qui fait affaire avec la société d’État pour livrer une console de jeux, un casque audio ou même un pyjama de Noël, par exemple, devra se tourner vers d’autres options de transport qui pourraient être plus coûteuses et moins bien organisées.
«Malheureusement, c’est un énorme problème dans un contexte où le Black Friday approche», rappelle M. Rochette. Beaucoup de gens achèteront en ligne, nous avons besoin d’une livraison en temps réel. Quand on aura moins de capacité, on cherchera des solutions forcément toujours plus chères. Il y a une partie que les détaillants devront absorber et une partie qui devra être supportée par les clients. »
« Notre équipe analyse les impacts et met en place des solutions de transport alternatives afin que les clients aient le moins d’impact possible », explique Jessika Roussy. Pour rester compétitifs, nous devrons absorber des coûts ; comme c’est souvent le cas, je m’attends à ce que la plupart des détaillants québécois assument la facture. »
Commandes en ligne [pour le temps des Fêtes] ont déjà commencé. Sur cette période, cela représente des centaines et des centaines de commandes.
Paul-André Goulet, propriétaire de 10 magasins Sports Experts
M. Goulet ne risque toutefois pas d’être affecté si le conflit survient, puisqu’il n’utilise pas Postes Canada pour ses livraisons.
Face aux menaces de perturbations, le groupe Renaud-Bray (librairies Renaud-Bray, DeSerres, magasins Archambault, magasins Griffon) a revu ses façon de travailler en trouvant d’autres solutions de transport afin de pouvoir livrer à temps et sans frais supplémentaires les commandes de livres, de matériel d’art ou de jeux de société, en forte hausse à partir du mois de novembre, confirme la directrice des communications de l’entreprise, Floriane Claveau.
Dissuader les consommateurs
En outre, de telles perturbations risquent de créer une insécurité chez les consommateurs qui pourraient décider de ne pas faire leurs achats sur leur ordinateur ou leur téléphone. «Le risque existe», reconnaît Michel Rochette. Si le coût est impacté et qu’il y a des retards, pour les gens, cela peut faire la différence. Le coût de livraison fait partie de l’équation et le délai de livraison en fait également partie. »
À cela, Paul-André Goulet répond que les magasins physiques seront toujours là. Souvent, une semaine avant Noël, il constate que les consommateurs commandent beaucoup moins en ligne et se rendent directement en magasin pour être sûrs d’avoir un cadeau à déposer sous le sapin. « Tout ce que le client veut en ligne, je l’ai en magasin. Et ce sera plus rapide. »
J’espère un accord
À Ottawa, le ministre fédéral du Travail, Steven MacKinnon, a déclaré qu’à l’heure où de nombreux consommateurs commençaient leurs achats des Fêtes, « les défis des négociations avec Postes Canada [étaient] important”.
S’il a tenu une conférence de presse mardi pour annoncer qu’il recherchait un arbitrage exécutoire pour permettre un retour au travail dans les ports de la Colombie-Britannique et celui de Montréal, M. MacKinnon a soutenu qu’il veut donner de la chance à une négociation dans le cas de Postes Canada. .
“Nous espérons parvenir à un accord à la table des négociations”, a-t-il déclaré. Je sais que les parties négocient [mardi]et nous ferons tout notre possible pour les maintenir à la table et continuer à discuter. »
En 2018, Ottawa a adopté une loi spéciale pour mettre fin aux grèves tournantes déclenchées par les membres du syndicat de Postes Canada. Cette fois, « nous espérons parvenir à un accord négocié », a réitéré le ministre.
Les augmentations salariales, le régime de retraite, l’expansion des services offerts par Postes Canada et les questions de santé et sécurité au travail sont parmi les principaux points sur lesquels les parties ne s’entendent pas.